Heretic : la critique du film (2024)

Thriller, Horreur | 1h51min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Heretic, l'affiche

  • Réalisateur : Bryan Woods Scott Beck
  • Acteurs : Hugh Grant, Topher Grace, Sophie Thatcher, Chloe East
  • Date de sortie: 27 Nov 2024
  • Année de production : 2024
  • Nationalité : Américain, Canadien
  • Titre original : Heretic
  • Titres alternatifs : Hérésie (Québec) / Hereje (Espagne, Mexique) / Eretic: Labirintul morții (Roumanie) / Herege (Portugal, Brésil) / Eretikas (Lituanie) / Eretnek (Hongrie) / Heretic - Epäuskoinen (Finlande)
  • Autres acteurs : Elle Young
  • Scénaristes : Scott Beck, Bryan Woods
  • Monteur : Justin Li
  • Directeur de la photographie : Chung Chung-hoon
  • Compositeur : Chris Bacon
  • Chef Maquilleur : Felix Fox
  • Chef décorateur : Philip Messina
  • Directeur artistique : Justin Ludwig
  • Producteurs : Scott Beck, Julia Glausi, Stacey Sher, Jeanette Volturno, Bryan Woods
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : A24, Beck/Woods, Catchlight Studios, Shiny Penny
  • Distributeur : Le Pacte
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Budget : 9 000 000 $
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification : Interdiction aux -12 ans : « Film qui met en scène des situations angoissantes et violentes dans un univers clos et chargé de discours religieux volontairement troublants.»
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals :
  • Nominations :
  • Récompenses :
  • Illustrateur/Création graphique : © BOND (affiche). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © A24, Beck/Woods, Catchlight Studios, Shiny Penny. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Etienne Lerbret, Stéphane Ribola
  • Tagline : -
  • Franchise : -
Note des spectateurs :

Après une brillante première partie théorique qui disserte sur le fait religieux, Heretic déçoit quelque peu dans sa dimension horrifique, plus banale. Toutefois, le spectacle n’en demeure pas moins plus intelligent que la moyenne.

Synopsis : Deux jeunes missionnaires de l’église mormone d’une petite ville du Colorado font du porte à porte dans l’espoir de convertir les habitants. Le soir venu, après une journée infructueuse, elles décident de frapper à la porte d’une maison isolée. C’est le charmant Mr Reed qui les y accueille. Mais très vite, les jeunes femmes réalisent qu’elles sont tombées dans un piège. La maison est un véritable labyrinthe où elles ne pourront compter que sur leur ingéniosité et leur intelligence pour rester en vie…

Le nouveau thriller malin estampillé A24

Critique : S’ils sont à l’origine du script malin de Sans un bruit (John Krasinski, 2018), les duettistes Scott Beck et Bryan Woods ne nous ont guère convaincus en tant que cinéastes. Ainsi, ils furent aux manettes du médiocre film de SF 65 : La Terre d’avant (2023) avec Adam Driver, dont on peut dire qu’il nous a laissé un goût de navet dans la bouche. Toutefois, leur nouveau film intitulé Heretic a su éveiller notre curiosité par une bande-annonce intrigante, un pitch accrocheur et la perspective de découvrir Hugh Grant dans un contre-emploi total. De plus, le métrage est proposé par la firme A24 qui a su s’imposer ces dernières années comme une pourvoyeuse d’émotions fortes avec les films exigeants d’Ari Aster (Hérédité ou encore Midsommar), de Robert Eggers (The Lighthouse) ou de Jonathan Glazer (La zone d’intérêt).

Heretic, photo 1

© 2024 A24 – Beck Woods – Shiny Penny. Tous droits réservés.

Tourné en studio au Canada afin de profiter de conditions budgétaires favorables – le film n’a coûté que la modique somme de 9 millions de dollars – Heretic se sert de manière intéressante de son décor principal pour piéger à la fois les personnages, mais aussi les spectateurs dans un huis-clos infernal. Le point de départ est particulièrement malin puisque nous suivons deux missionnaires mormones qui accomplissent leur devoir de conversion en pénétrant dans la maison d’un inconnu apparemment fort aimable. Il était évidemment très important de choisir un comédien comme Hugh Grant pour incarner le prédateur, puisque celui-ci apparaît dans un premier temps comme éminemment sympathique. Sans vouloir faire trop de jeu d’esprit, on lui donnerait le bon dieu sans confession.

La religion, plus grande supercherie de l’histoire de l’humanité ?

Les deux jeunes filles se laissent donc amadouer dans un premier temps, avant que les propos de leur hôte et ses attitudes ne deviennent franchement inquiétants. Cette première partie de Heretic est assurément la meilleure du long métrage. Ainsi, le glissement progressif d’une situation banale vers une inquiétante étrangeté est particulièrement bien géré. D’abord intriguées par le discours de plus en plus offensif de celui qui s’est initialement présenté comme un croyant, les deux jeunes filles sentent obscurément qu’elles ont affaire à un malade mental à l’intelligence retorse.

Outre une tension extrême qui s’installe petit à petit, le discours du protagoniste principal se fait de plus en plus critique envers toute forme de religion. Bien entendu, les faits qu’il énonce sont particulièrement troublants et n’étonneront guère les sceptiques qui ont toujours considéré la religion comme une vaste supercherie, mais en ces temps réactionnaires où la moindre critique envers les cultes semble interdite, on peut dire que Scott Beck et Bryan Woods font preuve d’un certain courage. Certes, leur discours anticlérical est débité par un intellectuel qui se révèle être un grand malade, mais on notera à quel point ses arguments tiennent bien la route, notamment sur le plan historique.

Croire ou ne pas croire, telle est la question

Certes, le but des auteurs n’est pas de choquer les croyants, mais ils énoncent toutefois un certain nombre de faits qui tendent à prouver l’instrumentalisation du fait religieux par des hommes avides de contrôler les masses par la superstition. D’ailleurs, on saluera également le courage des deux jeunes actrices Chloe East et Sophie Thatcher, puisqu’elles ont été élevées elles-mêmes au sein de l’Eglise mormone qui en prend sacrément pour son grade dans le film. Parfaitement passionnante malgré un nombre considérable de dialogues aux implications philosophiques profondes, cette première partie laisse augurer du meilleur pour la suite.

Heretic, photo 2

© 2024 A24 – Beck Woods – Shiny Penny. Tous droits réservés.

Après un tel démarrage, il était sans aucun doute difficile de transformer totalement l’essai. Effectivement, les auteurs sont contraints de sacrifier au genre horrifique dans une deuxième partie où le sentiment de malaise se dilue quelque peu à cause de rebondissements plus attendus. Certes, les cinéastes n’oublient pas leur thématique principale et continuent à livrer une démonstration implacable où la religion apparaît bien comme un moyen d’asservir la masse au service d’une minorité d’initiés, mais la démonstration par l’horreur n’est pas forcément toujours pertinente.

Une deuxième partie moins enthousiasmante

Durant cette partie, on apprécie encore l’habile gestion du décor d’une maison qui a été construite sur le modèle du Cercle des Enfers de Dante, mais la tension est moins bien gérée par des cinéastes qui reviennent sur des rails plus classiques, jusqu’à un final assez banal. Toutefois, on demeurera relativement indulgents vis-à-vis d’une œuvre qui propose une alternative enthousiasmante aux spectacles horrifiques récents, tous abreuvés aux délires satanistes d’une Amérique décidément très conservatrice.

Plus intelligent que la moyenne des œuvres américaines récentes, Heretic poussera assurément chaque spectateur à se poser des questions sur son propre rapport à la religion. Et une telle ambition est déjà à saluer à l’heure où chaque individu reste coincé dans sa bulle idéologique, avec pour œillères les algorithmes.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 27 novembre 2024

Heretic, l'affiche

© 2024 A24 – Beck Woods – Shiny Penny / Affiche : BOND. Tous droits réservés.

Biographies +

Bryan Woods, Scott Beck, Hugh Grant, Topher Grace, Sophie Thatcher, Chloe East

Mots clés

Cinéma américain, La religion au cinéma, Films d’horreur religieux, Les huis-clos au cinéma, Survival, Les films A24 

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Heretic, l'affiche

Bande-annonce d'Heretic (VOstf)

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