65 : la Terre d’avant ne fait rien de son pitch de départ et tourne même au survival familial dont on se contrefiche très rapidement. Circulez, y a rien à voir !
Synopsis : Après un terrible crash sur une planète inconnue, le pilote Mills découvre rapidement qu’il a en réalité échoué sur Terre… il y a 65 millions d’années. Pour réussir leur unique chance de sauvetage, Mills et Koa l’unique autre survivante du crash, doivent se frayer un chemin à travers des terres inconnues peuplées de dangereuses créatures préhistoriques dans un combat épique pour leur survie.
Retour à l’époque des dinosaures
Critique : Repérés depuis qu’ils ont signé le script malin de Sans un bruit (John Krasinski, 2018) et de sa suite, Scott Beck et Bryan Woods forment depuis le début des années 2000 un duo de cinéastes et de producteurs indépendants spécialisés dans le film d’horreur un peu cheap. Toutefois, ils ont bénéficié de l’intérêt des grands studios grâce à l’ingéniosité de leurs scripts, souvent basés sur des concepts intéressants et frappants.
Avec 65 : la Terre d’avant, le duo, soutenu par Sam Raimi à la production, continue à défricher certaines idées inédites et propose ici de propulser un extraterrestre aux caractéristiques humaines, mais issu d’une civilisation très avancée, sur la Terre d’il y a 65 millions d’années (entendez par-là tout juste au moment de la disparition des dinosaures). Le scénario est plutôt malin puisqu’il s’appuie sur les données scientifiques actuelles pour évoquer notre planète à une époque encore dominée par la présence des grands prédateurs, mais aussi lors du grand cataclysme supposé qui aurait mené à leur disparition. Scott Beck et Bryan Woods s’appuient ici sur la théorie d’une météorite qui se serait écrasée sur notre planète, provoquant l’extermination d’une grande partie des animaux les moins adaptés.
65 est avant tout un film familial
Si le point de départ est donc plutôt intrigant, rappelant au passage celui de La planète des singes (Franklin J. Schaffner, 1968) par son envie de confronter le public à une Terre vue sous un angle différent, 65 : la Terre d’avant n’est pas prêt de devenir un grand classique de la SF. Effectivement, les deux auteurs se sont consciencieusement tirés une balle dans le pied en écrivant ce scénario totalement aberrant dont on peine à saisir l’intérêt véritable. Au lieu de nous livrer une bonne petite série B où Adam Driver serait plongé dans un univers hostile fourmillant de bestioles agressives, les auteurs ont opté pour la pire des décisions : faire de 65 un film familial où le héros doit sans cesse protéger une gamine des assauts des dinos.
Non seulement le métrage ne possède aucune tension dramatique, mais il se noie également dans des bons sentiments qui semblent plaqués pour plaire au plus grand nombre. Pire, les producteurs ont une fois de plus fait confiance à la jeune actrice Ariana Greenblatt qui a déjà prouvé l’extrême fadeur de son jeu dans des outrages sur pellicule comme Love and Monsters (Michael Matthews, 2020) et plus récemment l’horripilante Barbie (Greta Gerwig, 2023). Incapable de susciter l’empathie, la jeune actrice en recherche vaine de charisme fait bien pâle figure face à un Adam Driver qui se demande ce qu’il est venu faire dans cette galère. Certes, il ne provoque pas non plus d’étincelles, mais reste plutôt digne au cœur d’un film qui ne possède finalement aucun enjeu fort si ce n’est de plonger deux êtres fragiles dans un milieu hostile.
65 réussit l’exploit d’être ennuyeux malgré sa courte durée
Le script enchaîne alors quelques agressions copiées sur celles de la saga Jurassic Park, et de longs passages où les deux acteurs tentent de combler le vide. Ainsi, Scott Beck et Bryan Woods réussissent l’exploit de nous ennuyer alors que le métrage ne dure qu’une heure et vingt minutes si l’on retire le long générique final. 65 : la Terre d’avant ne fait tout simplement rien de son pitch de départ et nous laisse donc orphelin d’une œuvre aux ramifications qui pouvaient être passionnantes sur le papier.
Dépourvu du moindre intérêt, le métrage confirme décidément la mauvaise santé actuelle du cinéma hollywoodien, incapable de développer un scénario digne de ce nom. Plusieurs fois retardée par une post-production compliquée, la sortie américaine de 65 a finalement eu lieu en mars 2023 pour un résultat décevant dépassant à peine les 12 millions de dollars lors de son démarrage. Après 9 semaines d’exploitation, le film de SF a tout juste franchi les 32 millions de dollars en Amérique du Nord, loin de permettre un remboursement du budget sur le seul territoire local.
Un échec commercial également en France
Largué en France en même temps, 65 : la Terre d’avant a débarqué dans 330 cinémas pour ne séduire que 187 043 spectateurs et ceci malgré une programmation en plein Printemps du cinéma. Alors que Sony espérait une déferlante, le métrage n’entre qu’en huitième position du box-office français lors de sa semaine d’investiture. Pire, la septaine suivante est catastrophique avec une chute de 57 % de ses entrées et un résultat piteux de 59 243 retardataires.
Visiblement, le bouche à oreille a été sanglant pour le film dont l’exploitation s’est soldée par moins de 300 000 entrées sur toute la France en cinq semaines. La France n’a rapporté qu’un petit million de dollars à son distributeur, se plaçant à peu près au même niveau que l’Espagne. Sur le continent européen, seul le Royaume-Uni a répondu présent, mais avec des résultats également peu engageants de presque 4 millions de dollars de recettes.
Critique de Virgile Dumez
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Bryan Woods, Scott Beck, Adam Driver, Ariana Greenblatt, Chloe Coleman
Mots clés
Les films de SF des années 2020, Les dinosaures au cinéma, Les grottes au cinéma, La forêt au cinéma