Midsommar : la critique du film (2019)

Epouvante, horreur, Trash, Culte | 2h24min
Note de la rédaction :
10/10
10
Midsommar, l'affiche française

  • Réalisateur : Ari Aster
  • Acteurs : Florence Pugh, Jack Reynor, Will Poulter, William Jackson Harper, Vilhelm Blomgren, Archie Madekwe, Ellora Torchia
  • Date de sortie: 31 Juil 2019
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Midsommar
  • Scénariste : Ari Aster
  • Directeur de la photographie : Pawel Pogorzelski
  • Compositeur : Andrea Flesch
  • Distributeur : Metropolitan FilmExport
  • Editeur vidéo : Metropolitan FilmExport
  • Date de sortie vidéo :
  • Box-office USA :
  • Box-office France / Paris-Périphérie
  • Classification : Interdit aux - de 12 ans avec avertissement (motivation du CNC : "La commission propose une interdiction aux mineurs de moins de douze ans en raison du climat particulièrement dérangeant de ce film qui traite du sujet des sectes avec des images de violence collective et gratuite, assortie de l'avertissement suivant : "Le climat particulièrement dérangeant et certaines scènes impressionnantes sont de nature à perturber un public sensible.")
Note des spectateurs :

Midsommar est une expérience cinématographique totale, au script fascinant d’ingéniosité, aux images systématiquement monumentales, qui réinvente le genre horrifique et redéfinit la peur au cinéma. Après le formidable Hérédité, Ari Aster va encore plus loin, se rapprochant toujours plus de son maître, Stanley Kubrick, référence inévitable de ce chef d’oeuvre d’originalité.

Synopsis : Dani et Christian sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival estival qui n’a lieu qu’une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois isolé.
Mais ce qui commence comme des vacances insouciantes dans un pays où le soleil ne se couche pas va vite prendre une tournure beaucoup plus sinistre et inquiétante.

 

Midsommar, une oeuvre hors temps et hors normes

Critique : Midsommar sortira donc en France au milieu de l’été, un 31 juillet. Une date choisie non sans ironie, puisque, l’année cinématographique pourrait s’arrêter ce même jour que cela ne nous choquerait pas plus que cela : l’on tient là effectivement, probablement le film de l’année 2019, l’expérience de cinéma ultime qui va redéfinir notre vision du genre horrifique, avec ses canons hors normes et son goût emphatique pour des émotions extatiques et cauchemardesques qui relèvent d’un bain de folie collectif, de l’exploration d’un univers sous psychotropes. C’est le pouvoir des grands génies du 7e art, et ils sont peu nombreux, à pouvoir porter le spectateur aussi loin dans la démence généralisée, et à impacter autant une projection de leurs images. Coppola, avec Apocalypse Now, y était parvenu. Midsommar, c’est l’apocalypse, effectivement, qui se déploie en temps réel pour les spectateurs.

Ari Aster, pour son deuxième long, après l’impressionnant Hérédité, dont on retrouvait déjà, dans son ultime séquence, un goût pour l’expérience hallucinogène et un amour des grandes envolées à la Terrence Malick, impose une démarche personnelle totale, jouant avec la durée de son long (de 2h24min), sans chercher, de façon didactique, à surligner ses intentions, ou à multiplier les rebondissements artificiels, comme Jordan Peele l’avait fait sur Get Out. Ce dernier, considéré de façon excessive comme un génie du film d’épouvante, répondait surtout aux canons de la série B, en transformant le personnage féminin le plus innocent en harpie psychopathe, se pliant ainsi aux formules attendues, à savoir toujours transformer le plus improbable des personnages en monstre de haine.

Florence Pugh et Jack Reynor

Florence Pugh et Jack Reynor. 2019 Copyrights 1 24, Metropolitan FilmExport

Des ténèbres de lumières

Ari Aster, en auteur absolu (il est également scénariste), choisit de prendre son temps. Il appose une très longue séquence dans une Amérique de dépression et d’obscurité, où le suicide frappe une famille, à la lumière crue et magnifiquement travaillée d’une Suède hors de toute réalité urbaine et contemporaine. Le cadre européen quasi irréel de Midsommar baigne dans les lumières permanentes du cercle polaire, loin de l’action battue par le rythme diurne et nocturne auquel nous sommes habitués. Le temps se fige dans une redéfinition des ténèbres. Le Vieux Monde, ici décrit par l’Américain comme païen, débarrassé du joug du christianisme, est aux antipodes des clichés fondateurs que portait l’Amérique sur l’Europe. Cette apposition riche en enseignements sur les intentions du cinéaste, et qui mérite un second visionnage pour en approfondir la signification, en prenant en compte les acquis du premier visionnage, démontre que rien n’est jamais laissé au hasard chez Aster qui use du temps à tous les niveaux de la narration, non pas pour mettre en place les éléments, mais pour partager une expérience. Dans sa manière de filmer le décor -chaque plan, que d’aucuns qualifieraient de nombriliste et précieux, dans son obsession de la construction parfaite-, Aster marie le brio de la plume à celui de la caméra, sans pour autant diminuer l’impact du divertissement. Drôle (dans les deux sens du terme, d’ailleurs) dans ses outrances gore ; hypnotique dans ses chorégraphies séculaires ; envoûtant dans sa bande-son irréelle, Midsommar redonne au temps à l’écran sa raison d’être.

Le maître des horloges

Une fois en Suède, le film devient célébration ancestrale, une cérémonie qu’on a l’impression de suivre en tant réel, tant Ari Aster, maître des horloges, procède savoureusement à nous amener vers un climax monstrueux, mais non sans nous y avoir préparés. Un film aussi extrême (par moment même hystérique), cela se construit en jalonnant le parcours de cette initiation à une philosophie bio, de séquences hallucinantes qui atteignent systématique la transcendance et l’apogée. Le final apocalyptique d’Hérédité intervient ici très vite, non dans sa thématique, mais dans son emballement pour la transe collective et la démence. A côté du cauchemar Midsommar, Hérédité n’était qu’un mauvais rêve, pas plus.

Florence Pugh et Jack Reynor

Florence Pugh et Jack Reynor. 2019 Copyrights A 24, Metropolitan FilmExport

Une sensation de cinéma pur dont on ne se remettra jamais

Alors que l’auteur interpelle ses protagonistes américains, de jeunes étudiants en anthropologie et sociologie, quant à l’étrangeté des us et coutumes de cette communauté folk, dans un décor aussi curieux que singulier, il convie parallèlement le spectateur à découvrir les mosaïques de symboles, la géométrie du délire, et la chorégraphie des rites, avec le même emballement, le même ahurissement que vivent les personnages.

De l’acmé bâti par l’auteur, l’on ne redescend jamais. Virtuose, Ari Aster enivre. Son équilibre des plans et leur progressivité renvoient à la rigueur de Kubrick, l’infernal crescendo qui ne veut jamais s’arrêter évoque Zulawski, l’impression époustouflante de se dire que l’on assiste à une redéfinition d’un genre, à une page d’histoire cinématographique, comme chez Lynch en son temps, précipite Ari Aster dans la cour de très grands, de ceux qui ont forgé notre amour du cinéma dans l’audace des extrêmes, sans se soucier des problématiques à la mode (cinéma v télévision/Netflix…), car ces derniers savaient où leur place se situait.

Enthousiasmant, renversant, choquant, Midsommar est une sensation de cinéma pur dont on ne se remettra jamais.

 

Critique : Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 31 juillet

Midsommar, l'affiche française

Copyrights 2019 A 24 – Metropolitan FilmExport

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Midsommar, l'affiche française

Bande annonce de Midsommar

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