Magnifié par la réalisation virtuose de Joseph Kosinski, F1 le film ressemble beaucoup à Top Gun Maverick dans son script, ses images impressionnantes et sa volonté de valoriser sa star, ici un Brad Pitt égal à lui-même.
Synopsis : Sonny Hayes était le prodige de la F1 des années 90 jusqu’à son terrible accident. Trente ans plus tard, devenu un pilote indépendant, il est contacté par Ruben Cervantes, patron d’une écurie en faillite qui le convainc de revenir pour sauver l’équipe et prouver qu’il est toujours le meilleur. Aux côtés de Joshua Pearce, diamant brut prêt à devenir le numéro 1, Sonny réalise vite qu’en F1, son coéquipier est aussi son plus grand rival, que le danger est partout et qu’il risque de tout perdre.
Après les avions de Top Gun Maverick, les bolides de F1
Critique : Si le projet de réaliser un film autour de la Formule 1 remonte bien à 2021, le triomphe obtenu par Top Gun Maverick (2022) soit 1,4 milliard de dollars de recettes mondiales a convaincu le producteur Jerry Bruckheimer qu’il était encore possible de baser un film sur l’aura d’une star, pour peu que le spectacle propose de l’inédit sur le plan visuel.
© Warner Bros Pictures. All Rights Reserved
D’abord envisagé comme une suite à Jours de tonnerre (Tony Scott, 1990), le projet évolue fortement lorsque Brad Pitt entre dans la danse à la place de Tom Cruise. Passionné depuis toujours par la course automobile, le sexagénaire encore séduisant tient à réunir la même équipe gagnante pour son propre film un temps intitulé Apex, avant qu’il ne finisse par devenir F1 le film. Il s’agissait donc de transposer l’efficacité de Top Gun Maverick dans l’univers de la course automobile, comme autrefois Jours de tonnerre, pendant routier de Top Gun.
Une équipe identique à celle de Top Gun Maverick
Pour réussir à créer un film qui permette au spectateur une immersion totale dans la course, la même équipe est engagée. Ainsi, Ehren Kruger se charge du scénario, Claudio Miranda est reconduit à la direction photo, Hans Zimmer revient pour un habillage sonore parfait et le tout est coordonné par le cinéaste capable de relever tous les défis techniques, Joseph Kosinski, à qui l’on doit déjà les superbes Tron, l’héritage (2010) et Oblivion (2013).
Pour plus de réalisme, le tournage a réellement eu lieu lors de véritables grands prix et le stand de l’équipe fictive dirigée par Javier Bardem a été intercalé au milieu des autres vrais garages, afin de conserver le plus d’authenticité possible. Cette façon inédite de tourner a été rendue possible par le scénario très malin qui, contrairement aux films sportifs habituels, n’oppose pas deux équipes l’une contre l’autre, mais préfère sonder les dissensions au sein d’une même team en perte de vitesse dans le championnat.
F1 le film, une histoire de revanche sur l’existence
Dès lors, F1 le film n’est plus tant l’histoire d’une compétition entre équipes différentes qu’une question de survie pour une seule et même écurie qui est sur le point d’être liquidée par des financiers sans scrupule (très bon Tobias Menzies). Le gérant de l’équipe, toujours charismatique Javier Bardem, fait donc appel à un vieux de la vieille qui pourrait renverser la donne, à savoir l’ancien champion Sonny Hayes, interprété par un Brad Pitt qui roule à fond les mécaniques. Pour sa défense, cette attitude macho correspond parfaitement à son personnage de vieux mâle blanc à l’égo surdimensionné, mais qui va devoir apprendre à travailler en équipe pour se remettre en selle et retrouver sa dignité.
Dans sa mission, il doit aussi transmettre ce qu’il sait à un jeune loup lui-même très sûr de lui (très bon Damson Idris). Autant dire que la passation de pouvoir ne va pas se passer comme prévu et que les deux paons vont devoir apprendre à se supporter pour espérer sauver l’écurie de la faillite. Finalement, les courses n’interviennent pas comme des duels entre équipes adverses, mais bien comme un défi pour l’équipe outsider afin de retrouver sa place sur le podium des gagnants.
Quand l’ancien monde rencontre la jeune génération
Très proche dans l’esprit de l’intrigue de Top Gun Maverick, il s’agit ici de confronter deux générations de pilotes qui s’opposent avant de trouver un terrain d’entente pour gagner. Le vieux Brad Pitt – ce n’est pas un manque de respect de notre part puisqu’ils insistent lourdement sur ce fait dans le long métrage – s’entraîne à l’ancienne, tandis que son poulain dispose de toutes les technologies les plus évoluées. Mais finalement, c’est leur complémentarité qui les fera triompher, puisqu’il ne fait aucun doute qu’ils sauveront leur honneur en toute fin.
© Warner Bros Pictures. All Rights Reserved
Construit sur le modèle de tous les films sportifs depuis Rocky (John G. Avildsen, 1976), F1 le film nous présente donc des personnages d’outsiders qui ont tout à prouver : Brad Pitt doit effacer son échec à une compétition trente ans auparavant, son poulain doit montrer qu’il n’est pas un loser, Javier Bardem compte réaliser son rêve de décrocher un jour une coupe, et enfin le personnage féminin joué avec conviction par Kerry Condon tient à prouver qu’elle est une ingénieure automobile capable du meilleur au milieu d’un univers très masculin.
Embarquez tous à bord !
Bien entendu, tout ceci n’aurait pas forcément un grand intérêt sans la réalisation toujours aussi virtuose de Joseph Kosinski. En fait, le véritable star du film, c’est assurément sa caméra, embarquée à l’intérieur et à l’extérieur des voitures (en fait des Formule 2 travesties en F1 et qui comportaient des dizaines de petites caméras embarquées). Le spectateur se retrouve ainsi propulsé au cœur de la course, avec des séquences impressionnantes, notamment lors des accidents.
Capable de nous faire ressentir les accélérations des bolides, mais aussi les dangers que représentent les virages ou le simple fait de doubler un concurrent, F1 le film marque assurément des points lors de ces séquences qui ponctuent la projection environ tous les quarts d’heure. Enfin, les férus de la discipline seront ravis de retrouver un certain nombre de champions dans leur propre rôle.
F1 le film, un modèle d’efficacité
Rendu encore plus dynamique par les inévitables boucles synthétiques d’Hans Zimmer, le métrage est donc un modèle d’efficacité qui font passer ses 2h35min de projection comme une lettre à la poste. Certes, tout ceci demeure plutôt superficiel, mais on y retrouve le charme des productions Bruckheimer des années 80-90. Blockbuster à l’ancienne qui ne cesse de clamer son appartenance à un autre temps, tout en proposant des images inédites en matière de course automobile, F1 le film est donc tout à fait recommandable.
Acheté par Apple + pour une diffusion rapide sur sa plateforme, le métrage a toutefois fait l’objet d’une sortie en salles par le biais de Warner Bros. On lui souhaite de performer au box-office afin de démontrer que certains longs métrages nécessitent le grand écran pour être pleinement appréciés, au lieu d’être confinés sur des surfaces miniatures.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 25 juin 2025
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Biographies +
Joseph Kosinski, Brad Pitt, Javier Bardem, Tobias Menzies, Damson Idris, Kerry Condon, Shea Whigham, Kim Bodnia
Mots clés
Cinéma américain, Film de courses de voitures, Les voitures au cinéma, Films sur le sport