Dracula : la critique du film de John Badham (1979)

Epouvante-horreur, Gothique | 1h49min
Note de la rédaction :
7/10
7
Dracula, l'affiche du John Badham

  • Réalisateur : John Badham
  • Acteurs : Frank Langella, Laurence Olivier, Donald Pleasence, Kate Nelligan, Trevor Eve
  • Date de sortie: 21 Nov 1979
  • Nationalité : Américain, Britannique
  • Titre original : Dracula
  • Titres alternatifs : Dracula 80 (Québec) / Dracula '79 (Allemagne) / Drácula (Espagne, Portugal, Mexique) / Dracula - Eine Love Story (Autriche)
  • Année de production : 1979
  • Scénariste(s) : W. D. Richter, d'après la pièce de Hamilton Deane et John L. Balderston, elle-même inspirée du roman Dracula de Bram Stoker
  • Directeur de la photographie : Gilbert Taylor
  • Compositeur : John Williams
  • Société(s) de production : Universal Pictures, The Mirisch Corporation
  • Distributeur : CIC
  • Éditeur(s) vidéo : CIC Vidéo (VHS, 1993) / Universal Pictures France (blu-ray, 2014) / ESC Editions (DVD et blu-ray, 2021)
  • Date de sortie vidéo : 1993 (VHS) / 2 septembre 2014 (blu-ray) / 3 mars 2021 (DVD et blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 332 834 entrées / 75 322 entrées
  • Box-office nord-américain : 20,1 M$ (soit 82 M$ au cours du dollar de 2022)
  • Budget : 12,1 M$ (soit 49,3 M$ au cours du dollar de 2022)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux mineurs -12 ans
  • Formats : 2.39: 1 / Couleurs et nouvelle version avec couleurs désaturées / Son : Dolby Stéréo
  • Festivals et récompenses : Saturn Awards 1980 : Prix du meilleur film / Festival international du film fantastique et de science-fiction de Paris : Licorne d'or
  • Illustrateur / Création graphique : ronan-garlantezec.com (jaquette blu-ray)
  • Crédits : Universal Studios.
Note des spectateurs :

Esthétiquement superbe, le Dracula de John Badham est une belle adaptation du personnage, plus axée sur le romantisme que sur l’horreur. Les images magnifiques, les décors grandioses et les acteurs inspirés font du film une réussite.

Synopsis : À Whitby (Angleterre) en 1913, un navire fait naufrage. Le seul survivant est le comte Dracula, venu de Transylvanie avec pour seuls bagages des caisses emplies de sa terre natale. À Carfax Abbey où il réside, il fait la connaissance du directeur de l’asile le Dr Seward et de sa fille Lucy.

A l’origine, un succès de Broadway avec Frank Langella

Critique : En 1977, Broadway accueille une nouvelle version volontairement kitsch de la pièce de théâtre Dracula écrite par Hamilton Deane et John L. Balderston en 1924, elle-même largement inspirée par le roman épistolaire de Bram Stoker. Portée par l’interprétation magnétique du grand Frank Langella, la nouvelle mouture de la pièce rencontre un succès fou et tient l’affiche pendant de très nombreuses semaines. A la même époque, le producteur Walter Mirisch envisage de l’adapter au cinéma avec le comédien en vedette. Or, la firme Universal pour laquelle il travaille possède justement les droits d’adaptation. Il n’en faut pas plus pour que le producteur contacte le scénariste W.D. Richter et le réalisateur John Badham pour collaborer sur ce projet.

Le scénariste sort tout juste de L’invasion des profanateurs (Kaufman, 1978), tandis que John Badham vient de connaître un succès planétaire avec La fièvre du samedi soir (1977) qui en fait aussitôt un réalisateur bankable. Les deux hommes s’inspirent finalement davantage du roman de Bram Stoker que de la pièce, mais ils procèdent aussi à des aménagements qui permettent de donner une certaine originalité au long-métrage. Ainsi, ils n’hésitent pas à redéfinir les relations entre les différents personnages, faisant notamment de Mina, la première victime du comte, la fille de Van Helsing. Les auteurs ont multiplié les entorses au récit d’origine, sans pour autant le trahir. Il s’agissait surtout de resserrer l’intrigue et de rendre le personnage de Dracula plus romantique et moins bestial que dans les autres adaptations.

Dracula concentre des talents exceptionnels

Frank Langella a d’ailleurs largement contribué à cet adoucissement du personnage, lui qui a refusé de porter des canines proéminentes et qui ne voulait pas non plus de profusion de sang. Même si cela aurait pu affadir le long-métrage, force est d’admettre qu’il n’en est rien et que ce Dracula (1979) tient plutôt bien la route. Certes, les scènes purement horrifiques sont assez rares – même si très efficaces – mais John Badham est parvenu à compenser cela par d’autres éléments qui laissent parfois franchement admiratif. Il s’est notamment appuyé sur le talent de collaborateurs qui ont su magnifier une intrigue maintes fois vue.

On admirera notamment la très belle photographie de Gilbert Taylor, les impressionnants décors gothiques de Peter Murton ou encore la superbe et psychédélique scène d’amour entre Dracula et Lucy réalisée par Maurice Binder (l’auteur de tous les génériques de James Bond jusque dans les années 80). Si certains critiques de l’époque ont décrié ce recours à une esthétisation extrême, il faut saluer l’investissement d’artistes tous plus talentueux les uns que les autres, réussissant à sublimer une histoire trop connue. Et que dire de la partition symphonique magnifique due à John Williams, si ce n’est qu’elle habille avec majesté les images et déploie un lyrisme qui sied parfaitement au style du métrage.

Des acteurs de premier ordre pour une œuvre soignée

Enfin, les choix narratifs de W.D. Richter s’avèrent plutôt audacieux puisque le film s’achève sur une incertitude malicieuse. Loin du happy end attendu, le dernier plan suggère que le prince des ténèbres n’est pas mort, tandis que le visage souriant de Lucy indique que le Mal est décidément plus séduisant que le Bien. Une morale bien étonnante pour une grosse production destinée au public américain.

Doté d’un budget conséquent (12,1 M$, soit 49,3 M$ au cours du dollar de 2022), Dracula transpire l’argent et s’impose donc comme une œuvre prestigieuse dans laquelle on peut également saluer l’interprétation nuancée de Frank Langella, ainsi que les belles performances d’acteurs habitués à jouer au théâtre comme Laurence Olivier ou Kate Nelligan (cette dernière affirme un caractère fort qui rend son personnage très moderne). On est un peu plus réservé quant au charisme de Trevor Eve. Finalement, Dracula n’est réellement desservi que par le fait qu’il s’agit d’une énième itération d’une histoire que l’on finit par connaître par cœur.

Dracula ne correspondait plus aux attentes du public de la fin des années 70

Sorti aux Etats-Unis en grande pompe par la Universal qui y croyait, Dracula n’a pas déclenché l’engouement tant attendu par le studio. En réalité, il s’agissait d’un mauvais calcul car l’horreur venait les années précédentes de se débarrasser de tout le bestiaire classique des monstres fantastiques pour plonger le spectateur dans des peurs plus contemporaines avec L’exorciste (Friedkin, 1973), Les dents de la mer (Spielberg, 1975) ou encore Halloween, la nuit des masques (Carpenter, 1978). En 1979, il était donc trop tôt pour ressusciter un personnage dont on pensait à juste titre avoir fait le tour. Le studio a été déçu par ses chiffres nord-américains de 20,1 M$ (soit 82 M$ au cours du dollar de 2022) qui a placé le métrage à la 21ème place annuelle, alors qu’un film comme Amityville, la maison du diable (Rosenberg) arrivait en deuxième place avec des recettes montant à 86,4 M$ de l’époque.

En France, le résultat est globalement décevant, avec des semaines qui dépassent rarement les 30 000 entrées sur tout le territoire pour un total final de 332 834 entrées. C’est notamment nettement inférieur au Nosferatu, fantôme de la nuit (Herzog, 1979) sorti la même année et qui a mobilisé 933 533 spectateurs pour une œuvre bien plus difficile d’accès.

A voir désormais en couleurs ou en version désaturée

Désormais considérée comme une version très estimable, ce Dracula de 1979 est ressorti en vidéo, notamment dans une version différente où John Badham a désaturé les images pour se rapprocher de ce qu’il souhaitait initialement, à savoir un film en noir et blanc. Cela ne change finalement pas grand-chose puisque cela rend cette adaptation encore plus esthétique qu’elle ne l’est déjà. On est preneurs des deux versions dont le montage est par ailleurs rigoureusement identique.

Critique de Virgile Dumez

Box-office France :

Très gros échec au box-office français, Dracula de John Badham n’a connu qu’une brève carrière de série B sur Paris-Périphérie, avec une première semaine catastrophique qui le positionne en 8e place dans 22 salles, avec 30 106 entrées. La guerre des polices demeurait numéro 1 en deuxième semaine (100 000), Les Bronzés font du ski entrait en 2e place, avec 94 000 entrées, Le grand embouteillage s’insérait en 3e place avec 61 000 entrées. Tess de Polanski avec Nastassia Kinski épousait la 4e place en 4e semaine.

Dracula de John Badham était diffusé sur le circuit Paramount, avec 11 salles en intra-muros et 11 en banlieue. Les Parisiens pouvaient découvrir le film aux Paramount City/Marivaux/Montparnasse/Orléans/Gobelins/Maillot/Montmartre et Opéra où le film rassemblait son plus grand nombre de spectateurs (4 445). Il figurait également au Boul Mich, au Passy et au Convention St-Charles. Un mois plus tard, le vampire n’est présent que sur un écran au seul Capri où il grappille 1 000 spectateurs.

Il finira sa carrière à 75 000 spectateurs.

Les sorties de la semaine du 21 novembre 1979

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Dracula, l'affiche du John Badham

© 1979 The Mirisch Corporation – Universal Pictures. Tous droits réservés.

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