Don’t Look Up est une satire écolo efficace, mais qui aurait gagné à être plus féroce dans sa verve contre les politiques et les médias.
Synopsis : Deux piètres astronomes s’embarquent dans une gigantesque tournée médiatique pour prévenir l’humanité qu’une comète se dirige vers la Terre et s’apprête à la détruire.
Le casting de stars de l’année 2021, seulement sur Netflix
Critique : Don’t Look up ! a été vendu comme le cadeau de Noël de Netflix au peuple de la Terre. Avec sa réalisation, son format visuel en Cinémascope et sonore, son casting de stars quatre étoiles, et ses beaux effets spéciaux, effectivement, la plateforme offrait sur un plateau d’argent du vrai cinéma, à l’image de The Power of the Dog de Jane Campion ou La main de Dieu de Paolo Sorrentino quelques semaines auparavant.
Le film a été exploité sur grand écran en Italie, sur 11 cinémas, aux Pays Bas, sur 74 écrans, au Portugal, sur 58 écrans, et en Corée du Sud, sur 656 cinémas. La satire est apparue la semaine du 9 décembre dans trois de ces pays dont la chronologie des médias est différente des nôtres, en raison des enjeux au niveau de l’exploitation et de la production nationale, étant plus faible que dans l’Hexagone.
Des critiques mitigées aux USA
Reçu de façon très mitigée par les critiques américaines, Don’t Look up : Déni Cosmique est pourtant une œuvre singulière sur la plateforme, par sa liberté de ton, sa volonté politique de gauche, de s’approprier les thématiques à la Armageddon, sans le patriotisme qui va avec.
Un film catastrophe sur l’aveuglement généralisé face à l’évidence
La métaphore de la comète qui fonce droit sur la terre pour anéantir toutes formes de vie terrestre, est évidemment une réflexion sur le réchauffement climatique que les politiques de droites, les populistes, et les médias qui les accompagnent, refusent de prendre au sérieux.
L’évidence d’une destruction imminente de la vie humaine prouvée par deux scientifiques (DiCaprio et Jennifer Lawrence), met en scène la défiance du public diverti par l’information, envers la science, préférant des sujets qui font le buzz (scandales sexuels en période électorale, et autre non sujet…).
Le monde est aveugle et refuse de regarder dans le ciel l’évidence écrite en directe dans les constellations. Et pour cause, c’est bien toute la crise de la Covid-19, qui est également égratignée, avec le déni du président Trump au début de la crise, qu’incarne jouissivement Meryl Streep, dans l’une de ses meilleures compositions récentes, en cheffe de l’Exécutif, décadente, dont l’obsession est la tactique politicienne.
Don’t Look Up ! : Déni Cosmique n’a pas à baisser la tête
Long de 2h18, avec deux scènes incrustées au milieu et en toute fin du générique (donc pour une fois, Netflix ne coupe pas le générique, ordre du réalisateur), Don’t Look Up : Déni cosmique offre un spectacle riche, dense, avec quelques errances (les deux apparitions d’Ariana Grande, un mal inutile pour nos oreilles).
L’on adhère aux évidences compilées par cette œuvre de son époque qui pointe la superficialité d’hommes politiques vains, de médias récréatifs où l’information essentielle est tue ou tournée en fake news et en dérision, notamment par les internautes, avec la méchanceté qu’on leur connaît.
Adam McKay réussit son coup, mais n’a pas la verve des grands satiristes
Don’t Look Up ! est politiquement incorrect, cynique et satirique, jusque dans sa toute fin que l’on refusera de gâcher en vous racontant ses rebondissements ahurissants, mais on pourrait reprocher au cinéaste Adam McKay, pourtant très habile dans cette production chorale sur fond de chaos et de fin du monde, de ne pas être suffisamment incisif. Limité par les traits grossiers de la satire, ses archétypes bien huilés, auraient, via un cinéaste plus engagé, auraient pu nous faire rire plus jaune que de bon cœur, face à la crétinerie généralisée qui nous est présentée.
Dans tous les cas, Don’t Look Up ! : Déni cosmique est l’une des meilleures exclusivités Netflix qui, pour une fois, s’apparente à du cinéma total, comme on en voyait jadis, dans nos salles, rappellez-vous, c’était avant la covida.
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