La main de Dieu : la critique du film Netflix (2021)

Comédie dramatique | 2h10min
Note de la rédaction :
9/10
9
La main de dieu, affiche du film de Paolo Sorrentino

  • Réalisateur : Paolo Sorrentino
  • Acteurs : Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo, Luisa Ranieri
  • Date de sortie: 15 Déc 2021
  • Date de diffusion sur Netflix : A partir du 15 décembre 2021
  • Année de production : 2021
  • Nationalité : Italien
  • Réalisateur : Paolo Sorrentino
  • Acteurs : Renato Carpentieri, Massimiliano Gallo, Betti Pedrazzi, Enzo Decaro, Sofya Gershevich, Lino Musella, Biagio Manna
  • Titre original : È stata la mano di Dio
  • Titres alternatifs : The Hand of God
  • Scénariste : Paolo Sorrentino
  • Compositeur : Lele Marchitelli
  • Directeur de la photographie : Daria D'Antonio
  • Société de production : The Apartment en collaboration avec Netflix, avec le soutien de Regione Campania, Film Commission Regione Company
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Classification : 13+ (auto-classification par Netflix, non soumise au CNC)
Note des spectateurs :

A la fois drôle et émouvant, La main de Dieu est un magnifique récit d’apprentissage qui touche par sa sincérité et son intimité avec de beaux personnages. Ou comment Paolo Sorrentino arrive à un équilibre presque parfait.

Synopsis : Dans le Naples des années 80, le jeune Fabietto fan de football est frappé par une tragédie familiale qui détermine son avenir incertain mais prometteur de cinéaste.

Paolo Sorrentino s’autobiographie

Critique : Après avoir consacré plusieurs années à son excellente série sur la papauté (The Young Pope et The New Pope) et tourné un délirant  biopic fantasmé sur Silvio Berlusconi (Silvio et les autres), le maestro Paolo Sorrentino a souhaité se pencher sur son passé pour livrer un bouleversant récit initiatique qui s’intitule La main de Dieu. Ce titre fait bien évidemment référence au célèbre but marqué de la main par le joueur Diego Maradona lors du quart de finale de la Coupe du monde 1986 dans le stade Azteca de Mexico, et qui fut validé à tort. Depuis, la star du ballon rond a été qualifiée de main de Dieu par les supporters du monde entier.

Bien évidemment, ce titre est à prendre également au sens métaphorique puisque nous suivons ici l’adolescence du jeune Fabietto (alter ego de Paolo Sorrentino qui jure que 90 % de ce qu’il montre dans le film est vrai) au sein d’une famille aimante, mais quelque peu délurée. Pour croquer cette famille sinoque, Sorrentino choisit le ton de la comédie durant une première grosse demi-heure. Il signe au départ une œuvre chorale où l’on distingue toutefois cet adolescent légèrement en retrait interprété magistralement par Filippo Scotti et qui deviendra peu à peu le centre du film.

La main de dieu ou la comédie avant le drame

La présentation des différents membres de la famille occasionne de nombreux fous rires tant l’ensemble tire sur la farce. Entouré de femmes à l’embonpoint généreux et au verbe haut – on adore la grand-mère qui insulte tout le monde – le jeune homme tombe également amoureux de sa tante que tout le monde décrit comme folle. Celle-ci est interprétée par la magnifique Luisa Ranieri qui déploie des trésors d’émotion contenue lors des passages où elle se trouve à l’asile.

Dora Romano dans La main de dieu

Dora Romano dans de La main de dieu (“The hand of God) diffusé sur Netflix (2021) – Photo par Gianni Fiorito. Tous droits réservés. All Rights Reserved.

Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes

Largement inspirée par le cinéma quelque peu outrancier de Fellini – qui est nommément cité – cette première partie très drôle permet de s’attacher aux membres de cette petite famille, dont le père (Toni Servillo, impeccable) est communiste et la mère (excellente Teresa Saponangelo) une blagueuse hors pair. Et que dire des séquences qui mettent en scène la baronne, un personnage haut en couleur qui s’invite régulièrement dans l’appartement familial et déverse sa bile contre les mortels qui ne sont pas de sa condition ?

Après cette partie marquée par de nombreux éléments comiques, Paolo Sorrentino opère un virage radical en précipitant la famille dans un terrible drame. Comme le spectateur a eu le temps d’aimer les différents protagonistes, le choc n’en est que plus grand. A partir de ce moment, La main de Dieu devient un véritable drame sensible, mais jamais plombant malgré la douleur qui s’empare des personnages. Capable de faire basculer une même scène de la comédie au drame, puis à la poésie pure et simple, Sorrentino est clairement devenu un maître du récit. Certes, son sujet a déjà été maintes fois traité au cinéma, mais il nous donne l’impression de le découvrir pour la toute première fois grâce à des notations personnelles très originales et des éléments décalés.

Une maîtrise technique époustouflante

Il utilise même des métaphores usées (l’enfant qui dit au revoir au héros sur le quai de la gare pour signifier l’entrée du jeune homme dans l’âge adulte) avec un certain bonheur, et arrive ainsi à bouleverser le spectateur par petites touches successives. Pour servir son propos, Sorrentino fait appel à sa maestria habituelle sur le plan formel. Entre plan-séquence complexe, mouvements de caméras virtuoses et découpage savant, La main de Dieu porte assurément la marque d’un cinéaste visionnaire – pour une fois le mot n’est pas galvaudé. Chaque plan respire le cinéma, même si l’ensemble a été coproduit par Netflix qui le diffusera exclusivement sur sa plateforme en France.

Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo et Marlon Joubert dans La main de dieu

Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo et Marlon Joubert dans La main de dieu (“The hand of God) diffusé sur Netflix (2021) – Photo par Gianni Fiorito. Tous droits réservés. All Rights Reserved.

Finalement, Paolo Sorrentino confirme ici sa place majeure au cœur du cinéma italien tant il parvient à retrouver le charme des productions ambitieuses des années 60-70. D’ailleurs, le jury du Festival de Venise ne s’est pas trompé en décernant plusieurs récompenses au long-métrage dont le Grand Prix du Jury, le prix de la meilleure actrice pour Teresa Saponangelo et celui du meilleur jeune acteur pour Filippo Scotti. On notera également que le film a été sélectionné dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère aux Golden Globes 2022. Une porte d’entrée pour les Oscars ?

La main de Dieu est un jalon au sein des programmes Netflix qui ont rarement eu une telle portée artistique. Un bijou que les amoureux de cinéma italien se doivent de vivre, contempler et admirer.

Critique de Virgile Dumez

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La main de dieu, affiche du film de Paolo Sorrentino

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