Démons 2 : la critique du film (1987)

Epouvante-horreur, Action, Gore | 1h32min
Note de la rédaction :
7/10
7
Affiche de Démons 2, restaurée

  • Réalisateur : Lamberto Bava
  • Acteurs : Antonio Cantafora, Lamberto Bava, Bobby Rhodes, Lino Salemme, David Edwin Knight, Nancy Brilli, Coralina Cataldi-Tassoni, Asia Argento, Lara Lamberti
  • Date de sortie: 25 Mar 1987
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Dèmoni 2... l'incubo ritorna
  • Titres alternatifs : Dämonen (Allemagne) / Demons 2 (USA) / Os Demónios 2 - Um Novo Pesadelo (Portugal) / Demony 2 (Pologne) / La profecía satánica (Mexique) / Démonok 2. (Hongrie) / Demonios 2: El terror continúa (Colombie) / Demons 2 - Eles Voltaram (Brésil)
  • Année de production : 1986
  • Scénariste(s) : Dardano Sacchetti, Dario Argento, Lamberto Bava et Franco Ferrini
  • Directeur de la photographie : Gianlorenzo Battaglia
  • Compositeur : Simon Boswell
  • Société(s) de production : DACFILM Rome
  • Distributeur : Actium Films
  • Éditeur(s) vidéo : UGC Vidéo (VHS, 1987) / Opening (DVD, 2008) / Carlotta (DVD, blu-ray, 4K UHD, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 1987 (VHS) / 6 mars 2008 (DVD) / 5 avril 2022 (DVD, blu-ray, 4K UHD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 53 124 entrées / 9 483
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : 1 500 000$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux moins de 13 ans à sa sortie, Interdit aux moins de 12 ans aujourd'hui
  • Formats : 1.66: 1 / Couleurs / Son : Dolby Stéréo
  • Festivals et récompenses : Festival d'Avoriaz 1987 : Section Peur
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Dac Film
  • Franchise : 2ème volet du diptyque Démons
Note des spectateurs :

Démons 2 poursuit la saga de manière efficace, malgré une tendance à exploiter les mêmes ressorts narratifs que le précédent. On peut également y voir une métaphore sur le déclin du cinéma de genre italien dans les années 80.

Synopsis : Une adolescente fête son anniversaire avec des amis tandis que la télévision diffuse un film d’horreur avec des démons. Ceux-ci finissent par sortir de l’écran et par contaminer tous les invités. Ils commencent alors à dévorer tous les habitants de l’immeuble…

Une suite mise en chantier en urgence

Critique : Afin de profiter du succès de Démons (1985), Dario Argento et Lamberto Bava se lancent à corps perdu dans la conception de cette suite qui reprend le même procédé que dans l’original, à savoir une invasion de démons assoiffés de sang dans un lieu clos. Ils se sont mis au travail à peine une semaine après la sortie triomphale du premier volet. Remplaçant le cinéma par la télévision comme vecteur de la contagion, les auteurs ne prennent une fois de plus pas la peine d’expliquer le pourquoi du comment.

Edition simple de Démons 2 en DVD chez Carlotta (2022)

DVD de Démons 2 chez Carlotta (2022) – Design : L’Etoile Graphique. © 1986 DAC Films, Titanus. All Rights Reserved.

Cependant, ils n’hésitent pas à lâcher leurs démons à l’assaut d’innocentes victimes au bout d’une vingtaine de minutes, retrouvant par-là l’efficacité redoutable du premier opus. Sans aucune arrière-pensée, les auteurs signent un script qui reprend un à un les éléments du précédent volet et ne s’embarrassent pas de vraisemblance. Ainsi, des protagonistes disparaissent en cours de film, les téléphones fonctionnent alors que l’électricité est coupée et deux acteurs du premier (Bobby Rhodes et Lino Salemme) reviennent pour incarner d’autres personnages.

Démons 2, l’efficacité avant tout

Malgré ces évidentes bévues, Lamberto Bava arrive souvent à instaurer un climat d’angoisse et ne lésine pas sur le sang et les effets spéciaux pour rendre son film excitant. Pourtant, il choisit ici de privilégier l’action pure et dure au gore, bien moins présent que dans le premier. Les amateurs se contenteront donc de quelques métamorphoses démoniaques particulièrement réussies signées Sergio Stivaletti.

La mise en scène de Lamberto Bava est moins inspirée et présente de nombreuses faiblesses, même si le cinéaste parvient encore à créer quelques plans mémorables comme cette arrivée des démons sur la musique mystique du groupe Dead Can Dance. La photographie est toujours aussi colorée, rendant une fois de plus hommage au talentueux Mario Bava, tandis que la musique est typique de la production horrifique transalpine des années 80, oscillant sans cesse entre kitsch et envolées macabres donnant la chair de poule.

Affiche américaine de Démons 2

© 1986 DAC Films – Titanus. Tous droits réservés. All Righs Reserved.

L’invasion de la tour des nantis

La bande originale est signée du Britannique Simon Boswell qui donne une allure plus rock au thème principal du film. En ce qui concerne les musiques additionnelles, celui-ci évite le recours au hard-rock du premier volet et privilégie les groupes dark indépendants qui fleurissaient à l’époque comme The Cult, The Smiths, The Art of Noise ou encore Dead Can Dance et son superbe De Profundis.

Si cette suite est moins cohérente sur le plan strictement narratif, on notera tout de même la présence d’une métaphore sociale intéressante. Ainsi, la fameuse tour abrite essentiellement une population aisée qui représente à elle seule les fameux yuppies des années 80. A l’intérieur, la plupart des personnages sont volontairement superficiels et uniquement inquiets de leur apparence. A un étage, la présence d’une salle de gymnastique rappelle la mode du gym tonic et l’obsession des années 80 pour la forme physique. D’ailleurs, les auteurs se moquent des gars bodybuildés qui, malgré leur force physique, ne parviennent pas à échapper à la vindicte des démons. En témoigne le personnage joué par Bobby Rhodes, une fois de plus sacrifié par le réalisateur.

Quand la télévision menaçait l’hégémonie du cinéma

Mieux, on peut aujourd’hui lire Démons 2 comme un témoignage poignant de la fin d’une époque. Alors que le premier film situait son intrigue dans une salle de cinéma, le deuxième prend acte de la victoire de la télévision. Désormais, la société est individualiste et la contamination ne peut être que personnelle par le biais du tube cathodique. Les auteurs utilisent d’ailleurs un effet spécial repris du Videodrome de David Cronenberg pour faire sortir ses démons de l’écran. Lamberto Bava constate donc la mort programmée du cinéma au profit de la télévision. Lui-même a d’ailleurs commencé à accepter des contrats pour tourner des séries et téléfilms pour le petit écran, signe d’une crise très grave touchant le cinéma populaire italien. En cela, Démons 2 est bien représentatif du déclin d’un genre.

Affiche italienne de Démons 2

© 1986 DAC Films – Titanus. Tous droits réservés.

Ce deuxième film, moins bon que le précédent, réserve quand même de bons moments aux amateurs du genre. Il fut présenté au Festival d’Avoriaz dans la section Peur, sans toutefois décrocher la moindre récompense puisque le Prix de cette section est allé au Bloody Bird de Michele Soavi. Ayant moins fonctionnée que Démons, cette suite a tout de même rapporté suffisamment pour que l’on envisage une suite. Toutefois, Lamberto Bava était engagé pour des travaux télévisuels et le script a échoué dans les mains de Michele Soavi qui l’a transformé pour donner naissance à Sanctuaire (1989). A noter qu’il faut se méfier des imitations puisqu’existe sur le marché un Black Demons intitulé parfois Démons 3 (Umberto Lenzi, 1991) qui n’entretient aucun rapport avec la série produite par Argento.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 25 mars 1987

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Affiche de Démons 2, restaurée

© 1986 DAC Films – Titanus. Tous droits réservés. All Righs Reserved.

Biographies +

Antonio Cantafora, Lamberto Bava, Bobby Rhodes, Lino Salemme, David Edwin Knight, Nancy Brilli, Coralina Cataldi-Tassoni, Asia Argento

Box-office : une carrière décevante en France

Démons, c’est tout d’abord un article box-office dossier que vous retrouverez ici. La suite sort chez Actium Films à peine 6 mois après la distribution parisienne originale qui marquait un beau parcours dans les cinémas de quartier, après une très longue carrière en province et dans les stations balnéaires durant l’été 1986. On vous invite vraiment à relire le papier.

A contrario, Démons 2 connaîtra une carrière que l’on peut qualifier de décevante par rapport au film d’origine. La faute revient à une crise du cinéma persistante en 1987. A un cinéma de genre omniprésent. Un manque d’écrans disponibles en raison de sorties trop nombreuses. Et, in fine, la précipitation de la sortie de cette suite quand la cassette VHS (éditeur UGC) du premier volet n’aura pas eu le temps de transformer la série B italienne en authentique film culte. On comprend néanmoins la nécessité pour Actium Films d’aller vite, c’était une question de survie pour cette petite société qui n’était pas là pour durer.

Démons 2, distribué sans vrai publicité, si ce n’est des affiches 60X80 sur la capitale, mais avec au moins un petit buzz à Avoriaz en Section Peur, va donc se fourvoyer.

Première semaine.

Actium films agrège 8 cinémas sur la capitale pour le lancement, soit un écran de plus que l’œuvre initiale. Cela se résume, pour le premier jour francilien, par 746 spectateurs impatients et par la 5e place des nouveautés, derrière Platoon (23 395), Le grand chemin de Jean-Loup Hubert (7 902), deux succès, Le lendemain du crime de Sidney Lumet qui contre-performait (3 452) , et le superbe Le thème de Gleb Panfilov (790).

La première semaine sera plus ou moins  identique à celle du premier long déjà réalisé par Lamberto Bava, à savoir ici 7 051 spectateurs. L’UGC Normandie lui octroie 1 200 spectateurs, l’UGC Montparnasse 1 323 et le Rex pas moins de 2 352. Ces trois cinémas clés sont accompagnés par l’UGC Lyon Bastille et, à Jaurès, par les 3 Secrétan où le sequel fait de la figuration. On notera également sa présence dans trois cinémas de banlieue, à moins de 1 000 spectateurs chacun.

Démons 2 ne trouve plus d’écrans pour le programmer

En deuxième semaine, la suite sanglante, mais désormais uniquement interdite aux moins de 13 ans contre une interdiction aux moins de 18 ans pour le premier numéro, perd tous ses écrans pour ne survivre qu’à l’UGC Normandie (848) et au Rex (1 042). Avec donc 1 890 retardataires, le film ne dépasse pas les 10 000 spectateurs pour un total de 9 483. Le premier Démons, malgré sa lourde interdiction, effrayait encore 3 599 insomniaques.

Cela fera de Démons 2 une vraie déception sur la capitale dans son incapacité à trouver le moindre écran pour sa 3e semaine ; il achèvera donc sa carrière parisienne sous la jauge symbolique des 10 000 franciliens.

Les copies sont peu nombreuses et circuleront avec difficulté en France. Le 8 avril, il passe par l’UGC de Nancy et sort à Lille. Il célèbre alors une deuxième semaine à Marseille au Capitole qui en a eu l’exclusivité provinciale. Il y séduit un total de 1 809 amateurs de bis italien. In fine, ce sont quelques 43 641 provinciaux qui parviendront à soutenir les efforts granguignolesques de Lamberto Bava.

UGC Vidéo en proposera une copie à la location et à la vente dans la foulée, avec un nouveau visuel pour la jaquette, un nouveau design pour sa collection vidéo et un nouveau logo. C’est dans ce format que le gros des amateurs de cinéma horrifique le découvrira.

Un article box-office exclusif par Frédéric Mignard

Démons 2 en VHS en France

Jaquette VHS France (UGC Vidéo) © 1986 DAC Films – Titanus. Tous droits réservés. All Righs Reserved.

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Affiche de Démons 2, restaurée

Bande-annonce de Démons 2 (VO)

Epouvante-horreur, Action, Gore

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