Le lendemain du crime : la critique du film (1987)

Policier, Drame, Romance | 1h43min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Le lendemain du crime, l'affiche

  • Réalisateur : Sidney Lumet
  • Acteurs : Jane Fonda, Jeff Bridges, Kathy Bates, Raul Julia
  • Date de sortie: 25 Mar 1987
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Morning After
  • Scénario : James Cresson (sous le nom James Hicks)
  • Directeur de la photographie : Andrzej Bartkowiak
  • Musique : Paul Chihara
  • Distributeur : UGC Distribution
  • Editeur vidéo : CBS Fox Vidéo (VHS)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 85 292 entrées / 47 415 entrées
  • Box-office USA : 25,1 M$
  • Crédits affiche : © 1986 American Filmworks - Lorimar Productions / Affiche : Clermont Jolicoeur - Benjamin Baltimore. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Moins un thriller trépidant qu’un beau portrait de femme, Le lendemain du crime a certes des défauts, mais il s’appuie sur des interprètes de premier ordre et un réalisateur qui parvient à transcender un script moyen.

Synopsis : Une ancienne actrice devenue alcoolique se réveille un matin et découvre dans son lit un cadavre lardé de coups de couteaux. Elle décide de fuir vers San Francisco, où elle rencontre un ex-flic qui sait l’écouter. Mais le cadavre réapparaît…

Sidney Lumet se lance dans le thriller hitchcockien

Critique : Au milieu des années 80, le polar hitchcockien est à nouveau en vogue, avec une tendance à accentuer la violence afin de mieux coller à l’époque contemporaine. Nombreux sont les cinéastes à se lancer dans le genre et Sidney Lumet lui-même a déjà donné de sa personne avec le très sophistiqué Piège mortel (1982) qui se plaisait à enchaîner les retournements de situation savoureux.

Avec Le lendemain du crime (1986), le réalisateur pose pour l’unique fois de sa longue carrière sa caméra sur la côte ouest des Etats-Unis, et notamment à Los Angeles. Lui qui était new-yorkais jusqu’au bout des ongles se retrouve donc loin de son milieu habituel et filme des grands espaces qui ne lui correspondent pas vraiment. Dans le film, on le sent bien plus à l’aise lors des nombreuses scènes d’intérieur dans de grands appartements. Dès qu’il s’agit de sublimer la capitale californienne, il ne parvient pas à lui donner du charme.

Jane Fonda, magnifique en femme brisée et alcoolique

Par contre, on le sent particulièrement heureux de filmer la star Jane Fonda à qui il octroie un rôle de premier choix. Dans un registre très proche de ce qu’elle avait fait pour Klute (Pakula, 1971), Jane Fonda se donne à fond pour donner chair à ce beau personnage d’actrice aux rêves brisés qui s’est réfugiée dans l’alcool. Quasiment de tous les plans, l’actrice irradie l’écran de sa formidable présence et prouve une fois de plus qu’elle est une très grande actrice. Tour à tour charmante, drôle (elle joue l’ivresse avec conviction), pathétique ou carrément touchante, elle ne peut laisser le spectateur indifférent tant sa prestation est remarquable.

Face à elle, Jeff Bridges incarne à merveille un ancien flic au racisme non assumé qui cache également des fêlures intimes. Enfin, Raul Julia vient compléter avec prestance un casting aux petits oignons. Les cinéphiles pourront aussi se régaler de l’apparition dans un tout petit rôle de Kathy Bates qui allait ensuite tant nous effrayer dans Misery (Reiner, 1990).

Une intrigue tout juste passable, sauvée par des personnages attachants

Beau portrait d’un couple de personnages déchus, Le lendemain du crime souffre sans aucun doute d’une intrigue policière un peu vaine, minée par quelques grosses invraisemblances, mais il faut voir le film davantage comme une étude psychologique que comme un thriller pur. Ainsi, le point de départ intriguant n’est jamais pleinement exploité et le peu de protagonistes présentés nous met assez rapidement sur la piste du coupable. Toutefois, il est impossible de deviner le mobile, plutôt bien dissimulé.

Finalement, ce qui séduit encore de nos jours, c’est bien plus cette touchante histoire d’amour entre deux individus bousillés par l’existence et qui vont apprendre à se connaître, à s’apprivoiser et finalement à s’aimer. La dernière séquence à l’hôpital est ainsi très émouvante grâce à l’interprétation magistrale des deux acteurs.

Un film méconnu en France, où il est passé inaperçu

Inégal certes, Le lendemain du crime demeure un film correct porté par la réalisation classieuse du grand Sidney Lumet, la jolie photographie d’Andrzej Bartkowiak et la musique très 80’s de Paul Chihara. Nommée dans la catégorie meilleure actrice aux Oscars 1987, Jane Fonda n’a pas obtenu la statuette (qui a été attribuée à Marlee Matlin pour Les enfants du silence).

Si le long-métrage a eu un petit écho aux Etats-Unis, il est par contre totalement passé inaperçu en France en se hissant seulement à la neuvième place du box-office parisien pour sa première semaine d’exploitation dans la capitale. Les sorties cette semaine-là de Platoon (Stone) et Le grand chemin (Hubert) ne lui ont guère laissé de chance, d’autant que les critiques étaient plutôt mitigées.

Box-office

Le 25 mars 1987, les nouveautés de la semaine disposaient de peu d’écrans pour laisser les succès en continuation vivre leur vie (Crocodile Dundee, Les enfants du silence, La couleur de l’argent, et Le solitaire avec Belmondo, certes, un flop, mais qui en était à sa seconde semaine).

Le Lendemain du crime, avec 22 cinémas sur Paris Périphérie, était la 3e plus grosse sortie, après Le grand chemin (25 salles) et surtout Platoon (40 écrans). Jane Fonda, nommée à l’Oscar, démarrait à 3 452 spectateurs loin du phénoménal Platoon qui plastronnait à 23 305 spectateurs en un jour.

Les autres nouveautés, Démons 2 (8 salles), Le thème (7 écrans) ou Shaolin, mission sanglante (1 salle) faisaient de la figuration.

Distribué par UGC-Europe 1, le thriller de Sidney Lumet bénéficiait forcément du circuit d’UGC-exploitant pour déployer ses copies : l’UGC Biarritz, Rotonde, Montparnasse, Danton, Convention, Boulevard, Lyon Bastille, Gobelins. Les autres cinémas intra-muros étaient le Rex, le 14 Juillet Beaugrenelle, le Ciné Beaubourg, le Mistral et les Images. Avec 25 890 entrées en première semaine, le film est une déception, seul le Biarritz fait le job avec un beau remplissage à 4 979 tickets vendus. Le polar américain ouvre en 9e place très loin des 183 000 entrées de la tragédie de guerre d’Oliver Stone.

En 2e semaine, Le lendemain du crime perd 10 écrans sur P.P. et dégringole de 10 000 entrées pour un total dérisoire de 12 727 curieux.

En semaine 3, la banlieue ne diffuse plus du tout cette sortie qui appartient déjà à l’histoire ancienne : 5 410 Parisiens le voient dans les 5 derniers cinémas le diffusant. Jane Fonda n’a plus que ses larmes pour pleurer en 4e semaine (1 791 entrées dans 2 cinémas). 1 215 entrées au Lucernaire et à l’UGC Normandie en semaine 5… Au final, sur Paris, le film achève sa carrière en 7e semaine dans le 16e arrondissement, au Ranelagh. Il n’aura suscité l’adhésion que de 47 415 spectateurs.

Voir le film en VOD

Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 25 mars 1987

Le lendemain du crime, l'affiche

© 1986 American Filmworks – Lorimar Productions / Affiche : Clermont Jolicoeur – Benjamin Baltimore. Tous droits réservés.

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