Demon Wind (le souffle maudit) : la critique du film (1991)

Epouvante, Horreur | 1h38min
Note de la rédaction :
5/10
5
Demon Wind, le souffle maudit, jaquette française (1991)

  • Réalisateur : Charles Philip Moore
  • Acteurs : Eric Larson, Francine Lapensée, Lynn Clark
  • Date de sortie: 10 Sep 1991
  • Année de production : 1990
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Demon Wind
  • Titres alternatifs : Demon Wind (Le souffle maudit, titre français original VHS), Viento del infierno (Espagne), Viento maldito (Mexique), Il soffio del diavolo (Italie), Démoni szél (Hongrie), Η Εξουσία του δαίμονα (Grèce), Tanz der Zombies 1/Tanz der Dämonen (Allemagne), O Sopro do Demónio (Portugal),, Hurle Vent (Québec), Demoniczny wiatr (Pologne)
  • Scénariste : Charles Philip Moore
  • Maquilleurs : Lance Anderson, Jeffrey S. Farley
  • Directeur de la photographie : Thomas L. Callaway
  • Monteur : Christopher Roth
  • Compositeur : Bruce Wallenstein
  • Producteurs : Michael Bennett , Paul Hunt
  • Sociétés de production : United Filmmakers
  • Editeur vidéo : GCR (Gaumont Columbia Films - RCA, VHS), Inked Pictures (Bluray, Médiabook limité, 2017), Le Chat qui fume (Blu-ray, France), Vinegar Syndrome (Blu-ray, USA, 2017)
  • Date de sortie vidéo : Septembre 1991 (VHS) Avril 2022 (Blu-ray France)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : Inédit en salle
  • Box-office nord américain : Inconnu
  • Budget : 500 000$
  • Classification : Aucune classification du CNC
  • Formats : 1.85:1 / Couleur (35 mm) / 4-Track Stereo
  • Illustrateur / Création graphique : Jaquette et design original : © 1990 RCA - Columbia Pictures / Frédéric Domont (Jaquette blu-ray France). Etui collector blu-ray : Grégory Lê. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Demon Wind Productions Ltd. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Demon Wind (le souffle maudit) est une série B horrifique de l’ère VHS qui a marqué de ses failles les fans d’entrailles diaboliques post Evil Dead.

Synopsis : Californie, 1991. Après le suicide de son père, Cory, désireux d’éclaircir son passé, retourne  dans la ferme familiale où vivaient autrefois ses grands-parents, mystérieusement disparus soixante ans plus tôt. Dans cette expédition, le jeune homme s’entoure de sa copine Elaine et de quelques amis. Une fois sur place, Cory et ses camarades sont bientôt assaillis par une horde de démons.

1991 : le vidéo-club des démons

Critique : Demon Queen de Donald Farmer, Demon Rock de Don Edmunds, Demon Spirit de John Eyres, Démoniaque présence de Martin Newline, Night of the Demons de Kevin S. Tenney, Video Dead de Robert Scott, Hell Night de Tom DeSimone et évidemment toujours les deux Démons de Lamberto Bava… Au début des années 90, les rayons horrifiques des vidéo-clubs, sont toujours orientés vers des titres malins qui vendent plus que les films eux-mêmes ne peuvent offrir. Les cinémas ne diffusent quasiment plus de série B d’horreur et ce sont donc en direct-to-video que les nouveautés débarquent. Au mieux, ils profitent d’un petit encart dans L’Ecran Fantastique ou Mad Movies qui ne sont jamais emballés par ces produits, au pire, ils se contentent de la sempiternelle promotion payante sur l’hebdo  Actua Vidéo distribué gratuitement au vidéophile dans leur temple de la location. A cette époque d’un grand vide généralisé, Demon Wind se distingue par un contenu généreux, avec du sang, du latex et une ambiance morbide qui s’essoufflait considérablement dans le paysage horrifique, puisque c’était la mort artistique de tous les grands maîtres italiens du bis qui handicapait aussi le cinéma horrifique.

Balayé par une tornade de DTV médiocres

Demon Wind, accompagné d’un sous-titre en français que nous n’oublierons pas de mentionner, Le souffle maudit (et non Le souffle du démon qui allait accompagner la sortie française de Dust Devil de Richard Stanley en 1993), est édité en France en septembre 1991 dans des rayons qui ne parviennent plus à retrouver l’audace et les grands titres d’antan. Les productions Full Moon, d’une médiocrité totale et les DTV que sort à la chaîne l’éditeur Delta Vidéo, sont légion et contribuent à tuer l’intérêt des jeunes spectateurs pour le genre. Les inédits cinéma de cette époque s’apparentent à du télévisuel, au filmage vidéo, et pâtissent de doublages approximatifs, d’effets spéciaux lissés à coup d’effets électroniques, d’un gore sec et de bandes vidéo délavées, fatiguées par les locations multiples. La transition entre les années 80 et 90 est particulièrement pénible pour les yeux. Aussi, Demon Wind a du mal à montrer ses qualités dans ce contexte, puisque pour ceux qui le découvrent en son temps, la déception notable est le fruit de l’accumulation de tous ces facteurs.

Demon Wind en blu-ray et VHS, aux USA

Artwork & Design. A gauche, le blu-ray de Demon Wind (2017, Vinegar Syndrome). A droite, la VHS Prism Entertainment Corporation, Paramount Pictures. © 1990 Demon Wind Productions Ltd. All Rights Reserved.

Tourné en Californie en 1989, Demon Wind est un véritable produit issu de producteurs peu regardants sur la qualité. Ils ont mis sur la table à peine 500 000 dollars pour couvrir le produit destiné à faire le tour des cinémas en plein air américains et de la cambrousse redneck et à être vendu en package avec d’autres titres nanardesques de leur catalogue.

Histoire de visuels et monstres graphiques

C’est Gaumont Columbia Pictures RCA qui récupère les droits pour la France. Le souffle maudit est accompagné d’une jaquette VHS soignée qui se distingue d’un visuel alternatif chez Paramount, aux USA, représentant une créature moins méphistophélique que loufoque au dessin assez grossier. Celle-ci est une référence à la jaquette dessinée VHS d’Evil Dead qui avait aussi un caractère très approximatif en VHS, mais le film de Sam Raimi avait été un hit conséquent en 1982 et 1983. La référence à Evil Dead n’est pas anodine. Le film écrit et réalisé par Charles Philip Moore s’applique entièrement à piller le script de Sam Raimi au-delà de l’hommage. L’une des différences notables est la multiplication des personnages dans le film de 1990, mieux, de créatures démoniaques dans un souci de générosité qui sera totale. Dans les deux films, des versets sataniques réveillent les forces maléfiques dans l’effroi et l’horreur dans une cabane abandonnée où de jeunes gens viennent pour des raisons drastiquement différentes.

Chez Sam Raimi, l’innovation formelle et le brio technique imposaient Evil Dead comme le film d’une décennie ; dans Demon Wind, nous ne retrouverons jamais cette force de passionné, mais plutôt toutes les limites qu’impose un budget pingre, notamment dans le casting des acteurs ou la photographie. Les producteurs aux commandes (Paul Hunt et Sandy Horowitz) sont là pour vendre du Ed Wood et non pour redorer le blason d’un genre à l’agonie. L’armada de figurants pour jouer les démons voraces – dont la star de La Bamba, Lou Diamonds Phillips, alors en couple avec une assistante réalisatrice du film -, implique de nombreux maquilleurs dont beaucoup ont fait carrière par la suite comme Jeffrey S. Farley ou Brian Penikas, qui ont grimé le genre jusqu’à devenir des références dans le blockbuster contemporain dans leurs collaborations avec Marvel. Cela ne signifie pas pour autant que les créatures soient réussies. Leur design, à l’instar de son contemporain Night of the Demons, est parfois grotesque. Mais à vrai dire gratifiant pour les amateurs de programmes improbables qui prendront un plaisir non dissimulé face à cette déambulation dantesque.

Un vent nouveau en blu-ray

Edité finalement en blu-ray par Vinegar Syndrome, avec une restauration 2K, en 2017, Demon Wind (le souffle maudit) trouve quelques éditeurs bienveillants à l’étranger (Allemagne, France) pour raviver la flamme autour de cette série B inconnue des jeunes amateurs de fantastique ou oubliée des autres s’ils n’ont pas rippé leur VHS ou succombé aux mauvaises copies en streaming sur YouTube, où ce genre de DTV pullule. C’est Le Chat qui Fume qui a choisi d’exploiter la copie et les bonus de Vinegar Syndrome en France. Le film est traité, comme il l’a toujours été puisqu’il n’a jamais vraiment été édité en DVD, sans trop d’égards pour son aspect rare et unique qui mérite le choix de la collection. Exit le digipack propre à l’éditeur, le blu-ray est proposé dans un amaray transparent pas à la hauteur des attentes. L’éditeur américain de son côté avait tristement remis au goût du jour l’affiche dessinée mentionnée plus haut. La jaquette de Demon Wind en France, si l’on passe sur l’étui gadget au graphisme de bande dessinée réalisé par l’artiste Grégory Lê, fera l’impasse sur une vraie recherche picturale également, démontrant la difficulté de vendre un film basé sur du vent, du brouillard et une vieille masure démolie de l’extérieur, mais dont la porte toujours érigée dans le vide, conduit à une dimension de terreur.

Demon Wind (le souffle maudit), jaquette vidéo édition blu-ray

© 2022 Le chat qui fume. Création graphique : Frédéric Domont. Tous droits réservés.

Par pitié, n’entrez pas dans la maison, par pitié, foutez le camp !

Les décors californiens de plaines vallonées sont plutôt convaincants donnant un caractère de distanciation avec le réel, à peine représenté par une station service isolée au milieu de nulle part avec son redneck taiseux en guise de pompiste. Des décors assumés comme étant parfaitement appropriés aux aspirations d’un fantastique hors du monde civilisé, celui de l’épouvante pure, sur lequel le réalisateur-scénariste va greffer des personnages de jeunes adultes plutôt idiots et au jeu très limité, qui renvoient aux innombrables groupes de jeunes qui prospectent des lieux interdits, d’Evil Dead à Spookies, en passant par Waxwork ou Hell Night, la jeunesse curieuse était à décimer en priorité.

Parmi les acteurs, outre un casting de série B prononcé (on retrouve Sherry Leigh, vu précédemment dans L’abattoir édité chez Unicorn, en VHS), l’une des vedettes de Santa Barbara vient essayer de relancer sa carrière. Lynn Clark ne deviendra jamais Robin Wright, qui avait aussi joué dans le célèbre soap des années 80, mais au moins s’offre une virée dans le nawak isolée dans une filmographie que l’on ne peut que chérir avec nostalgie.

Malgré sa texture visuelle de produit du début des années 90 qui pique les yeux, Demon Wind (le souffle maudit) fonctionne dans sa générosité pour un surnaturel vivace, sanglant et monstrueux comme on en voyait dix ans auparavant lorsque le cinéma de genre basculait dans les années 80. Avec la belle copie proposée par le Chat qui Fume, on revoie sa note à la hausse. Au royaume des petits navets d’antan, Le souffle maudit appartient aux bons moments de visionnage et a toute sa légitimé sur support physique.

Le blu-ray de Demon Wind :

Edition standard d’un film rare à collectionner absolument.

  • Compléments & packaging : 3 / 5
  • L’image : 3.5 / 5
  • Le son : 3 / 5

Frédéric Mignard

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Demon Wind, design américain

Artwork design © 1990 RCA – Columbia Pictures © Demon Wind Productions Ltd. Tous droits réservés / All rights reserved

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Demon Wind, le souffle maudit, jaquette française (1991)

Bande-annonce de Demon Wind

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