9 mois ferme est une comédie corrosive, irrévérencieuse et trash qui confirme le talent d’Albert Dupontel dont le duo avec Sandrine Kiberlain est savoureux. Rires garantis.
Synopsis : Ariane Felder est enceinte ! C’est d’autant plus surprenant que c’est une jeune juge aux mœurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est que d’après les tests de paternité, le père de l’enfant n’est autre que Bob, un criminel poursuivi pour une atroce agression ! Ariane, qui ne se souvient de rien, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l’attend.
Dupontel accouche d’un beau bébé
Critique : Toujours travaillé par la question des origines depuis son cultissime Bernie, Albert Dupontel n’a de cesse d’arpenter les terres d’un cinéma comique qui s’empare de thèmes sérieux pour les traiter sur le mode de l’humour noir. Si le point de départ est finalement assez proche de celui de Bernie, la suite du scénario semble condenser la plupart des thèmes déjà abordés par l’auteur dans Le créateur, Enfermés dehors ou encore Le vilain, tout en évitant l’impression de répétition.
Visiblement soucieux de la mécanique comique de son dernier né, Dupontel a resserré son montage au maximum afin de décupler l’impact des dialogues et des situations. Ainsi, 9 mois ferme peut apparaître comme la quintessence du savoir-faire comique d’un trublion aimant toujours l’humour trash et déviant.
De l’outrance, encore et toujours…
Débutant par un plan-séquence vertigineux, le long-métrage impose immédiatement la signature d’un réalisateur toujours aussi préoccupé par l’image. En multipliant les cadrages biscornus et les déformations optiques à la manière d’un Terry Gilliam, Dupontel cherche à rendre encore plus prégnante la folie des différents personnages.
Jamais avare de débordements sanguinolents, le cinéaste ose injecter une bonne dose de gore dans des séquences vouées à devenir culte (l’excellent passage de l’autopsie ou encore l’évocation de l’assassinat du vieux monsieur). Foncièrement mal élevé, le résultat final n’évite pas toujours la grosse caricature (le personnage d’avocat incarné avec gourmandise par Nicolas Marié), ni même la franche vulgarité (l’épisode de la fellation), mais les fans d’un certain cinéma bis seront bien évidemment aux anges devant ces excès si éloignés des recettes habituelles des comédies françaises estampillées terroir.
Sandrine Kiberlain au sommet, et détentrice d’un César pour ce rôle délirant
L’autre atout de ce délire sur pellicule vient de la présence de Sandrine Kiberlain qui apporte à son personnage toute sa fraîcheur de jeu. Elle se love avec aisance dans un univers comique a priori aux antipodes du sien et déclenche à de nombreuses reprises l’hilarité. Jouant sans cesse de son air mutin, elle parvient aisément à séduire le spectateur alors même que son personnage n’est pas toujours sympathique. Le duo qu’elle forme avec Dupontel est tout bonnement explosif, faisant de 9 mois ferme la comédie la plus drôle de son auteur depuis Bernie et l’une des meilleures comédies de l’année 2013, tout simplement.
Sorti avec succès au mois d’octobre 2013, la comédie est parvenue à attirer plus de 2 millions de spectateurs dans les salles, ce qui en fait, à ce jour, le plus gros succès commercial d’Albert Dupontel cinéaste. Ce beau parcours en salles a permis au film de concourir pour les César en 2014 et de remporter la statuette de la Meilleure Actrice pour Sandrine Kiberlain et celle du Meilleur scénario original pour Dupontel. Cette avalanche de bonnes nouvelles a ouvert la voie pour que Dupontel puisse monter un projet encore plus ambitieux, à savoir l’adaptation du roman Au revoir là-haut, finalement réalisé en 2017 avec le succès que l’on sait.
Le saviez-vous?
- Depuis la création du distributeur Wild Bunch,9 mois ferme est, jusqu’en 2019, le 6e plus gros film de notre W.B. national, en terme d’entrées. Le Petit Nicolas arrive en tête avec 5 608 000 entrées, suivi d’Astérix et Obélix au pays de Sa Majesté (3 795 000), Le discours d’un roi (3 107 000), Les vacances du petit Nicolas (2 457 000), Les trois frères le retour (2 289 000). Puis, le classique trash de Dupontel.
- Fort d’un démarrage puissant de 546 000 entrées dans 360 cinémas, le distributeur l’a imposé dans 406 salles en 2e semaine. 5 semaines après sa sortie, son succès fédérateur le portera à une couverture inattendue de 623 cinémas.
- C’est le deuxième titre de Dupontel selon le critère des entrées France après Au-revoir là-haut (2 114 000), qui avait toutefois coûté bien plus cher (près de 20 millions d’euros contre 7.1 pour 9 mois ferme). On peut donc considérer 9 mois ferme, avec Bernie, son premier long, comme la meilleure affaire de l’acteur-cinéaste.
Critique du film : Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 16 octobre 2013
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