Avec plus de cent films depuis 1971, Miou-Miou est l’une des grandes vedettes du cinéma français. Révélée dans Les Valseuses de Bertrand Blier, en 1974, elle obtient le César de la meilleure actrice en 1980, pour son rôle dans La Dérobade de Daniel Duval.
Du Café de la Gare aux dix nominations aux César
Née Sylvette Herry, Miou-Miou débute au Café de la Gare en 1969, et au cinéma deux ans plus tard. Elle joue d’abord des petits rôles, comme la fille de Louis de Funès dans Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury.
Elle triomphe en 1974 dans Les Valseuses de Bertrand Blier, le film culte d’une génération, où elle forme un réjouissant trio avec Gérard Depardieu et Patrick Dewaere. Les trois acteurs sont du jour au lendemain propulsés valeurs sûres du cinéma français.
Dès lors, Miou-Miou alterne comédies et drames, dans le cinéma d’auteur ou des films grand public. Elle est aussi à l’aise en caissière aliénée dans Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976) d’Alain Tanner, que dans le vaudeville On aura tout vu (1976) de Georges Lautner, où elle est la partenaire de Pierre Richard.
Elle est nommée au César de la meilleure actrice pour ses compositions sombres dans F… comme Fairbanks (1976) de Maurice Dugowson et Dites-lui que je l’aime (1977) de Claude Miller, et obtient le trophée pour son rôle de prostituée dans La Dérobade (1979) de Daniel Duval. Elle ne vient pas chercher sa récompense, ce qui vaudra un commentaire assez sec formulé en direct par Romy Schneider, elle-même nommée au César de la meilleure actrice cette année-là…
Miou-Miou n’aime pas les honneurs et les récompenses, ce qui ne l’empêche pas d’accumuler les nominations pendant près de vingt ans. Elle alterne les succès et les échecs, commerciaux ou critiques. Elle se moule avec aisance dans le film policier avec La Femme flic (1980) d’Yves Boisset, et incarne une comédienne ratée dans Josépha (1982) de Christopher Frank. Le premier film cartonne, quand le second se ramasse, mais elle est nommée aux César. Elle l’est également pour la charmante comédie Attention, une femme peut en cacher une autre ! (1983) de Georges Lautner.
Son duo avec Isabelle Huppert dans Coup de foudre (1983) de Diane Kurys séduit les foules et les votants des César, mais celui avec Sandrine Bonnaire dans le méconnu Blanche et Marie (1985) échoue au box-office.
Elle ne tourne que trois longs métrages dans la seconde moitié des années 80, mais est à nouveau nommée aux César pour ses retrouvailles avec Blier dans Tenue de soirée (1986), où elle partage l’affiche avec Depardieu et Michel Blanc ; et pour La Lectrice (1988) de Michel Deville.
Miou-Miou, de Blier à Duras
C’est aussi à cette période que Miou-Miou renoue avec le théâtre, jouant La Musica de Duras (1985) et Andromaque de Racine (1989), mis en scène par Roger Planchon au TNP Villeurbanne ; deux rôles éloignés de ses compositions au grand écran.
Dans les années 90, Miou-Miou reste une vedette du cinéma français, et est nommée aux César de la meilleure actrice pour ses rôles de bourgeoise réac (un comble pour elle !) dans Milou en mai (1990) de Louis Malle, de Maheude pleureuse dans Germinal (1993) de Claude Berri, et de commerçante prise au piège de la séduction toxique dans Nettoyage à sec (1997), d’Anne Fontaine, qui marque une sorte d’apogée dans sa carrière.
On préfère par contre oublier ses rôles pour Deray, Zidi, Hervé Palud, Didier Kaminka et Jaco Van Dormael, qui marquent une régression artistique dans ses choix.
La tendance se confirme dans les années 2000 et 2010, où elle tourne une trentaine de films, souvent mineurs, qu’ils soient signés Claude Mouriéras, Dominique Cabrera, Claude Berri, Thierry Klifa, Pascal Bonitzer, Jean Becker, Jean-Paul Lilienfeld ou Anne Le Ny.
Mais elle obtient quelques beaux seconds rôles, mère de Gael García Bernal dans La Science des rêves (2006) de Michel Gondry, agent artistique dans Le Concert (2009) de Radu Mihaileanu, ou responsable du conseil de famille pour l’adoption dans Pupille (2018) de Jeanne Herry. Cette dernière est la fille de Miou-Miou et du chanteur Julien Clerc.
Miou-Miou poursuit également sa carrière sur les planches, brillant notamment dans Des gens biens de David Lindsay-Abaire, mis en scène par Anne Bourgeois au Théâtre Hébertot (2015).