Milou en mai : la critique du film (1990)

Comédie dramatique | 1h48min
Note de la rédaction :
7/10
7
Milou en mai, l'affiche

Note des spectateurs :

Comédie grinçante, Milou en mai pose un regard oblique sur les événements de mai 68 et décrit à l’aide d’un humour vachard une famille de la bourgeoisie provinciale. Une réussite, malgré quelques flottements par moments.

Synopsis : Une vieille dame s’éteint dans une grande demeure du Sud-Ouest. Son fils, Milou, qui a soixante ans et qui s’occupe de la propriété, convoque pour l’enterrement son frère Georges et sa belle-soeur Lily, sa nièce Claire, sa propre fille, Camille et le reste de la famille. Mais nous sommes en mai 1968. Depuis deux semaines Paris est à feu et à sang…

La bourgeoisie provinciale à l’épreuve de mai 68

Critique : Alors qu’il vient de connaître un formidable succès avec Au revoir les enfants (1987) qui a recueilli à la fois les suffrages de la critique et du grand public, le réalisateur Louis Malle décide de prendre le contre-pied de son œuvre plébiscitée et d’écrire une comédie. Initialement, le cinéaste souhaitait surtout décrire le délitement d’une grande famille bourgeoise, payant ainsi son tribut au théâtre de Tchekhov. Puis, ses propres souvenirs de mai 68 ont commencé à émerger et à prendre de plus en plus d’importance dans la conception de l’histoire.

Aidé par Jean-Claude Carrière afin d’affermir la structure du scénario, Louis Malle se lance donc dans une comédie grinçante qui a pour but d’égratigner cette bourgeoisie provinciale qu’il connaît si bien. Suite au décès de la grand-mère, incarnée par Paulette Dubost, toute la famille se réunit pour réfléchir au partage des biens. Mais cela intervient en plein mois de mai 68 qui entraîne des blocages dans toute la France.

Des rôles en or pour une bande d’acteurs impeccables

L’occasion pour le cinéaste de décrire par le menu une famille comme il en existe tant, pleine d’individualités fortes. Alors que Milou est un personnage un peu lunaire – rôle en or pour Michel Piccoli – son frère journaliste est au contraire totalement en prise avec l’actualité. Le personnage interprété par Miou-Miou symbolise à lui seul une certaine bourgeoisie uniquement intéressée par l’appât du gain. Un vrai contre-emploi pour l’actrice dont les accointances avec les mouvements sociaux de 68 sont de notoriété publique. Ici, elle incarne une réactionnaire en mal de reconnaissance au sein de cette famille. Enfin, Dominique Blanc est parfaite en lesbienne opportuniste, mais qui souffre également de sa secrète condition.

A la périphérie de cette famille dysfonctionnelle, Louis Malle fait intervenir plusieurs personnages qui tiennent davantage de la caricature. Toutefois, cela est toujours fait avec un certain goût. On apprécie notamment Valérie Lemercier en noble exécrable et maniérée, de même que le curé qui est favorable à la révolution, ou encore ce camionneur obsédé sexuel joué avec gourmandise par Bruno Carette (ancien des Nuls dont ce fut malheureusement le dernier rôle avant son tragique décès à l’âge de 33 ans).

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© 1989 Nef – Ellepi Film SARL Rome / Photo affiche : Jeanne-Louise Bulliard. Tous droits réservés.

Une comédie sautillante qui se perd un peu en chemin

Alternant sans cesse scènes comiques, moments plus intimes et aussi quelques délires surréalistes, Milou en mai fonctionne parfaitement bien jusqu’au départ de la petite troupe dans la forêt de crainte de l’arrivée des communistes. A partir de là, on sent un certain flottement dans le scénario et on a l’impression que les auteurs eux-mêmes ne savaient pas vraiment où ils voulaient en venir. Cela est dommageable à l’ensemble, même si cela ne gâche pas l’intégralité du long-métrage. Disons que le fragile équilibre qui régnait jusqu’alors est rompu par cette péripétie hautement improbable et finalement redondante.

Cela n’a pas empêché cette comédie de rencontrer son public, surtout en province. Certes, Milou en mai est loin d’égaler les presque 4 millions d’entrées d’Au revoir les enfants, mais ses 1,2 million d’entrées sont tout de même satisfaisantes étant donné la période de crise que traverse alors le cinéma français. Le film restera comme la dernière œuvre importante d’un cinéaste qui allait décéder cinq ans plus tard.

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Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 24 janvier 1990

Milou en mai, l'affiche

© 1989 Nef – Ellepi Film SARL Rome / Photo affiche : Jeanne-Louise Bulliard. Tous droits réservés.

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