Remake assez éloigné d’un film israélien déjà moyen, Maestro(s) vaut surtout le détour pour le duo efficace formé par Yvan Attal et Pierre Arditi. Le reste demeure assez anecdotique.
Synopsis : Chez les Dumar, on est chef d’orchestre de père en fils : François, le patriarche, achève une longue et brillante carrière internationale, tandis que Denis, le fils, vient de remporter une énième Victoire de la Musique Classique. Quand François apprend qu’il a été choisi pour diriger la Scala, son rêve ultime, son Graal, il est fou de joie. Heureux pour son père, et en même temps envieux, Denis déchante vite lorsqu’il découvre qu’il y a méprise et que c’est en réalité lui qui est attendu à Milan…
Le remake très lointain d’un film israélien
Critique : Le projet Maestro(s) a été proposé au réalisateur Bruno Chiche par son ami, le producteur Philippe Rousselet qui possédait à ce moment-là les droits d’adaptation du film israélien Footnote (Joseph Cedar, 2011). Il était bien évidemment impossible de réaliser un pur remake de cette comédie dramatique puisqu’elle évoquait la rivalité d’un père et de son fils dans leurs études talmudiques. Un sujet trop connoté qui ne pouvait pas passer en France, mais que Bruno Chiche a choisi de transposer dans le milieu très sélect de la musique classique.
En réalité, Bruno Chiche a conservé le pitch principal autour d’un quiproquo qui vient renforcer un peu plus la rivalité entre un père chef d’orchestre et son fils qui est en train de prendre sa relève. Au lieu d’être fier de sa progéniture, le personnage de chef odieux incarné avec gourmandise par Pierre Arditi est jaloux du succès rencontré par son fils qui vient juste de recevoir une Victoire de la Musique. Lorsqu’on appelle le père par erreur pour lui proposer de diriger pendant un an l’orchestre de la Scala de Milan, celui-ci pense réaliser enfin son rêve de prestige. Pourtant, cela ne fera que précipiter un peu plus la rivalité entre le père et le fils, risquant de faire s’écrouler le frêle édifice familial.
La musique n’adoucit pas toujours les mœurs
Le contexte du film situé dans la haute bourgeoisie risque d’éconduire plus d’un spectateur, d’autant que le chef joué par Arditi est vraiment fort peu sympathique. Toutefois, il faut compter sur les autres personnages pour rendre un peu plus attachante cette histoire de filiation compliquée. On saluera notamment l’interprétation très juste du jeune Nils Othenin-Girard en fiston d’Yvan Attal, dont la prestation est également maîtrisée. Face à eux, les personnages féminins font un peu trop tapisserie et l’on peut reprocher un certain manque de développement de leurs personnages, ainsi qu’une réelle faiblesse d’incarnation du casting féminin.
© 2022 Vendôme Films – Orange Studio – Apollo Films – Belga Productions / Photographie : Julien Panié. Tous droits réservés.
En réalité, Maestro(s) repose essentiellement sur l’affrontement entre Pierre Arditi et Yvan Attal qui semblent se régaler à se pourrir la vie mutuellement. L’intrigue, quoique improbable, est plutôt bien menée et l’on ne s’ennuie pas durant la projection, d’autant que la durée resserrée du film permet de se concentrer sur l’essentiel. On peut également saluer la prise de risque de Bruno Chiche en matière de réalisation en décidant de tourner l’ensemble du film caméra à l’épaule, afin de donner à sa mise en scène une réelle fluidité et une certaine urgence, tout en ne lâchant pas une seconde ses comédiens.
Une fin en forme de feel good movie qui ne convainc pas pleinement
On peut donc regretter que la résolution de l’intrigue soit aussi facile, alors que l’on imagine le contentieux entre les deux hommes vieux de plusieurs décennies. Avec sa fin en forme de feel good movie, Maestro(s) évite donc le drame et préfère finalement chanter l’amour entre père et fils, et ceci à travers les générations. Cela offre aux spectateurs une fin plutôt émouvante, mais sans aucun doute un peu trop artificielle. En tout cas, l’ensemble est soutenu par des choix musicaux plutôt éclairés (Beethoven en tête) et par la beauté des décors des différentes salles de spectacle.
Sorti le 7 décembre 2022 dans une large combinaison de 446 salles, Maestro(s) n’a guère impressionné lors de sa première semaine d’exploitation. Le drame musical n’intéresse qu’un public âgé qui ne se rend plus beaucoup en salles depuis la Covid-19. Ils ne furent que 102 000 mélomanes à faire le déplacement en sept jours. La même semaine, les spectateurs préféraient aller voir Black Panther : Wakanda Forever ou encore Le Chat Potté 2.
Maestro(s) n’a pas convaincu son public cible de venir en salles
La semaine suivante, le métrage a affronté la déferlante Avatar 2, la voie de l’eau (James Cameron) et a perdu jusqu’à 48 % de son public, se situant seulement à 142 000 entrées en douze jours. Maestro(s) a continué à être exploité jusqu’à la fin du mois de février 2023, perdant environ 50 % de ses entrées de semaine en semaine, au point de terminer sa carrière à 268 705 tickets vendus. Désormais, le film est proposé en DVD et blu-ray depuis le mois d’avril 2023.
Comme souvent avec le cinéma de Bruno Chiche, Maestro(s) n’est jamais mauvais ou désagréable, mais le film demeure tout à fait dispensable, s’apparentant davantage à un téléfilm qu’à une œuvre destinée au grand écran.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 7 décembre 2022
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© 2022 Vendôme Films – Orange Studio – Apollo Films – Belga Productions / Affiche : Alamo. Photographie : Julien Panié. Tous droits réservés.
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Bruno Chiche, Pascale Arbillot, Miou-Miou, Pierre Arditi, Yvan Attal, Caroline Anglade, André Marcon, Nils Othenin-Girard
Mots clés
Les relations père-fils au cinéma, La musique au cinéma, Les films distribués par Apollo Films