Affaire de famille est un un premier long métrage savoureux qui mélange les genres sur un scénario basé sur différents points de vue, à la manière de Lucas Belvaux pour sa trilogie.
Critique : L’excellente trilogie de Lucas Belvaux et le premier film de Claus Drexel ont quelques points communs. Outre le cadre grenoblois – des classes moyennes – plutôt cinégénique, on retrouve la même construction autour de points de vue différents qui apportent à chaque fois un éclairage nouveau sur l’intrigue. Toutefois Drexel s’est contenté d’un seul métrage dans lequel il mélange les genres (la comédie, le film policier, le thriller, et même le fantastique avec des clins d’œil appuyés à Shining) alors que Belvaux avait décliné les genres sur trois métrages avec à chaque fois une charge sociale en plus. Dans cet exercice de style qui, certes, aujourd’hui manque d’originalité (aux USA des films comme le récent Angles d’attaque ou Collision étaient construits similairement), Drexel n’a pas à pâlir face à la comparaison. Son premier film est un savoureux moment de comédie noire, suffisamment intrigant pour capter l’attention du spectateur jusqu’au bout.
Partant du vol des recettes d’un important match de foot et d’un mystérieux incendie concomitant dans un jardin pavillonnaire à côté du stade, le cinéaste place une famille sans histoire face à l’opportunité inespérée de changer de vie en s’emparant du butin déposé dans le cabanon du jardin avant que le feu ne prenne. Les pistes se multiplient quant aux instigateurs du délit, n’épargnant pas les membres de la famille dont les espérances virent au cauchemar éveillé. Chacun des personnages évalue les indices à sa manière, se laissant tenter par la paranoïa (tout acte prend différentes interprétations), dans un quotidien défini pour le coup de manière décalée. Le réalisateur ose l’humeur horrifique de Shining et l’humour absurde de Alex de la Iglesia, notamment lors d’une scène d’armurerie anthologique.
Animé par un casting conquis (et le plaisir de retrouver Miou-Miou), le film est un ravissement dans sa tentative inespérée de mélange de genres, et le puzzle se résout progressivement dans une cohérence d’écriture satisfaisante. L’auteur ne sacrifie jamais pour autant la qualité de sa réalisation. Celle-ci, toujours juste et précise, est embellie par une musique érudite qui bâtit une sacrée ambiance.
Cette Affaire de famille est donc une petite réussite et donne envie de suivre Claus Drexel au-delà de ce premier long très prometteur. Fait rare dans le cinéma de genre français.
Sorties de la semaine du 4 juin 2008
Le DVD :
Une édition classique d’un film fort sympathique.
Compléments : 2 / 5
Ce programme d’environ une heure est moyennement intéressant. Si le making of permet de se plonger dans la bonne ambiance du tournage et si le module sur la conception de la musique se révèle très instructif, on ne peut pas en dire autant des nombreuses interviews avec les différents acteurs et le cinéaste qui sentent trop l’auto-congratulation. Tout le monde semble très satisfait d’avoir participé à cette aventure, mais la plupart répètent la même chose.
Image : 2.5 / 5
Malgré quelques arrière-plans granuleux, l’ensemble est très satisfaisant, notamment grâce à une belle colorimétrie.
Son : 3 / 5
Le spectateur peut choisir entre une piste stéréo efficace ou un 5.1 essentiellement frontal. Malgré tout, la seconde permet une immersion plus complète dans l’ambiance d’une comédie policière plutôt sage.