Michel Auclair a mené un brillant parcours au théâtre et au cinéma, tournant avec Cocteau, Duvivier, Téchiné…
Du Conservatoire à Stanley Donen
Né Vladimir Vujović, Michel Auclair est formé au Conservatoire et mène un parcours théâtral de 1941 à 1979, jouant Claudel, Shakespeare, Pasolini ou Ibsen, avec des metteurs en scène de la trempe de Marcel Camus, Marguerite Jamois, Visconti, Roger Planchon, Patrice Chéreau…
Jeune premier du cinéma français de l’après-guerre, il incarne Ludovic dans La Belle et la Bête (1946) de Jean Cocteau, avant d’être dirigé par Jacqueline Audry (Les Malheurs de Sophie, 1946) et René Clément (Les Maudits, 1947). Fils de famille amoureux de Cécile Aubry dans Manon (1948) de Henri-Georges Clouzot, il est partenaire d’Annabella dans Éternel conflit (1947) de Georges Lampin et de Viveca Lindfors dans Singoalla (1949) de Christian-Jaque, deux métrages vite oubliés.
Les années 50 en font une vedette éclectique et appréciée. Il est du casting choral de Justice est faite (1950) d’André Cayatte et incarne un double rôle dans La Fête à Henriette (1952) de Julien Duvivier, aux côtés de Dany Robin. Les coproductions font aussi appel à lui, et Michel Auclair est l’une des Chemises rouges (1952) pour Goffredo Alessandrini et Francesco Rosi, avant de camper un intellectuel dont s’entiche Audrey Hepburn dans Drôle de frimousse (1956) de Stanley Donen.
Toutefois, l’acteur porte rarement un film sur ses seules épaules, et les producteurs lui adjoignent des stars confirmées, comme Danielle Darrieux dans Bonnes à tuer (1954) de Henri Decoin, Pierre Fresnay dans Les Fanatiques (1957) d’Alex Joffé, ou Jean Gabin dans Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (1959) de Jean Delannoy.
De la Nouvelle vague aux seconds rôles marquants
L’arrivée de la Nouvelle Vague n’emporte pas Michel Auclair qui trouve sa place dans Les Rendez-vous de minuit (1961) de Roger Leenhardt, L’Éducation sentimentale (1962) d’Alexandre Astruc et Vacances portugaises (1963) de Pierre Kast. Toutefois, il prend ses distances avec le cinéma.
Dans les années 70 et 80, il interprète avec talent de nombreux seconds rôles : prince dans Les Mariés de l’an II (1971) de Jean-Paul Rappeneau, colonel dans Chacal (1973) de Fred Zinnemann, psychiatre dans Sept morts sur ordonnance (1975) de Jacques Rouffio, père de famille dans Souvenirs d’en France (1975) d’André Téchiné, financier dans Le Coup de sirocco (1979) d’Alexandre Arcady, médecin-chef dans Le Toubib (1979) de Pierre Granier-Deferre, consul anachronique dans Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982) de Jean-Yanne, ou père de Bernard Giraudeau dans Rue barbare (1984) de Gilles Béhat.
Michel Auclair a également été dirigé par Raffaello Matarazzo, Yves Boisset, Henri Verneuil, Francis Girod… Il a fait beaucoup de télévision.
Filmographie de Michel Auclair
(Acteur, longs métrages)
- 1946 : Les Malheurs de Sophie de Jacqueline Audry
- 1946 : La Belle et la Bête de Jean Cocteau
- 1946 : Ouvert pour cause d’inventaire – documentaire d’Alain Resnais
- 1947 : Les Maudits de René Clément
- 1948 : Éternel Conflit de Georges Lampin
- 1949 : Manon d’Henri-Georges Clouzot
- 1949 : Le Paradis des pilotes perdus de Georges Lampin
- 1949 : Singoalla de Christian-Jaque
- 1950 : Pas de pitié pour les femmes de Christian Stengel
- 1950 : Justice est faite d’André Cayatte
- 1951 : L’Aiguille rouge de Emil-Edwin Reinert
- 1951 : Les Deux Vérités (Le due verità) d’Antonio Leonviola
- 1952 : Valse dans la nuit (Unter den tausend Laternen) d’Erich Engel
- 1952 : Les Chemises rouges (Camicie rosse) de Goffredo Alessandrini et Francesco Rosi
- 1952 : La Fête à Henriette de Julien Duvivier
- 1953 : La Fille du régiment (La figlia del reggimento) de Géza von Bolváry et Tullio Covaz
- 1954 : Si Versailles m’était conté… de Sacha Guitry
- 1954 : Zoé de Charles Brabant
- 1954 : Quai des blondes de Paul Cadéac
- 1954 : La Patrouille des sables de René Chanas
- 1954 : Double Destin de Victor Vicas
- 1954 : Bonnes à tuer d’Henri Decoin
- 1954 : Tres hombres van a morir de Feliciano Catalán
- 1955 : Le Souffle de la liberté (Andrea Chénier) de Clemente Fracassi
- 1956 : La Fille de la rizière (La risaia) de Raffaello Matarazzo
- 1957 : Reproduction interdite de Gilles Grangier
- 1957 : Drôle de frimousse (Funny Face) de Stanley Donen
- 1957 : L’Irrésistible Catherine d’André Pergament
- 1957 : Les Fanatiques d’Alex Joffé
- 1957 : Le Renard de Paris (Der Fuchs von Paris) de Paul May
- 1959 : Les Amants de demain de Marcel Blistène
- 1959 : Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre de Jean Delannoy
- 1960 : Une fille pour l’été d’Édouard Molinaro
- 1960 : Meurtre en 45 tours d’Étienne Périer
- 1961 : Le Rendez-vous de minuit de Roger Leenhardt
- 1962 : L’Éducation sentimentale d’Alexandre Astruc
- 1963 : Symphonie pour un massacre de Jacques Deray
- 1963 : Vacances portugaises de Pierre Kast
- 1964 : La Chance et l’Amour (« Une chance explosive ») de Bertrand Tavernier
- 1964 : Mort, où est ta victoire ? d’Hervé Bromberger
- 1964 : Trafics dans l’ombre de Antoine d’Ormesson
- 1965 : Le dernier matin de Percy Shelley de Jean Chapot (court métrage) : le récitant
- 1966 : Le Voyage du père de Denys de La Patellière
- 1968 : Sous le signe de Monte-Cristo d’André Hunebelle
- 1969 : Sous le signe du taureau de Gilles Grangier
- 1970 : Le Cœur fou de Jean-Gabriel Albicocco
- 1971 : Les Mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau
- 1972 : Décembre de Mohammed Lakhdar-Hamina
- 1972 : Paulina 1880 de Jean-Louis Bertuccelli
- 1973 : Chacal (The Day of the Jackal) de Fred Zinnemann
- 1973 : L’Impossible Objet (Story of a Love Story) de John Frankenheimer
- 1974 : Les Guichets du Louvre de Michel Mitrani
- 1975 : Sept Morts sur ordonnance de Jacques Rouffio
- 1975 : Souvenirs d’en France d’André Téchiné
- 1977 : Le Juge Fayard dit Le Shériff d’Yves Boisset
- 1978 : L’Amour en question d’André Cayatte
- 1979 : Le Coup de sirocco d’Alexandre Arcady
- 1979 : Le Toubib de Pierre Granier-Deferre
- 1980 : Trois hommes à abattre de Jacques Deray
- 1981 : Pour la peau d’un flic d’Alain Delon
- 1982 : Mille milliards de dollars d’Henri Verneuil
- 1982 : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ de Jean Yanne
- 1982 : Enigma de Jeannot Szwarc
- 1983 : La Belle Captive d’Alain Robbe-Grillet
- 1983 : El señor presidente de Manuel Octavio Gómez
- 1984 : Le Bon Plaisir de Francis Girod
- 1984 : Rue barbare de Gilles Béhat
- 1988 : Preuve d’amour de Miguel Courtois
- 1989 : Torquemada de Stanislav Barabas