Maigret et l’affaire Saint-Fiacre : la critique du film (1959)

Policier | 1h41min
Note de la rédaction :
7/10
7
Maigret et l'affaire Saint-Fiacre, la jaquette mediabook

  • Réalisateur : Jean Delannoy
  • Acteurs : Jean Gabin, Paul Frankeur, Michel Auclair, Robert Hirsch, Jacques Marin, Valentine Tessier, Amarande, Evelyne Istria
  • Date de sortie: 02 Sep 1959
  • Nationalité : Français, Italien
  • Titre original : Maigret et l'affaire Saint-Fiacre
  • Titres alternatifs : Maigret and the St. Fiacre Case (titre international) / Maigret en el caso de la condesa (Espagne) / O Inspector Maigret (Portugal) / Maigret e il caso Saint Fiacre (Italie) / Maigret kennt kein Erbarmen (Allemagne) / O Castelo do Medo (Brésil)
  • Année de production : 1959
  • Scénariste(s) : Jean Delannoy, Rodolphe-Maurice Arlaud / Dialogues : Michel Audiard
  • Directeur de la photographie : Louis Page
  • Compositeur : Jean Prodromidès
  • Société(s) de production : Cinétel, Pretoria Film, Filmsonor
  • Distributeur (1ère sortie) : Cinédis
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : RCV (VHS) / René Château Vidéo (VHS) / René Château Vidéo (DVD, 2001) / TF1 Vidéo (DVD, 2008, 2015) / Coin de Mire (Mediabook, 2020)
  • Date de sortie vidéo : 23 avril 2008 (DVD), 21 octobre 2015 (DVD) , 4 septembre 2020 (Mediabook)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 2 868 465 entrées / 632 891 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : René Ferracci
  • Crédits : TF1 Droits audiovisuels - Pretoria Films - Titanus
  • Franchise : 2ème segment de la saga Maigret avec Jean Gabin
Note des spectateurs :

Polar classique et rigoureux qui flingue une certaine bourgeoisie provinciale, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre s’impose comme un volet réussi de la saga portée par Jean Gabin.

Synopsis : Le commissaire Maigret reçoit chez lui la visite d’une amie, la Comtesse de Saint-Fiacre qu’il n’avait pas vue depuis quarante ans. Elle vient lui montrer une lettre anonyme qui lui annonce sa propre mort, laquelle aurait lieu le lendemain. Maigret l’accompagne le soir même en son château. Il éprouve une sensation pesante dans cette bâtisse délabrée. Le lendemain matin, on découvre la Comtesse morte. Le médecin conclut à un décès naturel mais Maigret déclare : non c’est bien un crime…

DVD 2015 de Maigret et l'affaire Saint-Fiacre

© 1959 TF1 Droits audiovisuels – Pretoria Films – Titanus

Gabin et Delannoy de retour après un premier volet lucratif

Critique : En 1958, le réalisateur Jean Delannoy et la star Jean Gabin connaissent un énorme succès avec une première adaptation de Simenon mettant en vedette le commissaire Maigret. Réunissant plus de 3 millions de spectateurs dans les salles françaises, Maigret tend un piège s’est même positionné à la 14ème marche du podium annuel. De quoi susciter l’envie d’une suite que le producteur Jean-Paul Guibert appelle de ses vœux.

Toutefois, il se heurte au refus initial de Jean Delannoy et Jean Gabin qui ne souhaitent pas se laisser enfermer dans une franchise qui les accaparerait. Visiblement persuasif – en promettant sans aucun doute une revalorisation salariale – Jean-Paul Guibert parvient finalement à convaincre les deux hommes qui rempilent, ainsi que Michel Audiard pour un deuxième volet très attendu par le grand public.

Une critique acerbe de la bourgeoisie provinciale

Cette fois, les artistes envisagent d’adapter un roman de 1932 intitulé L’affaire Saint-Fiacre où Maigret retrouve une ancienne connaissance dans le village imaginaire de Saint-Fiacre. Simenon s’était inspiré du village de Paray-le-Frésil, non loin de Moulins, pour créer ce lieu typique de la petite province française. Il fait s’y dérouler une intrigue qui implique le commissaire de manière indirecte puisqu’il se trouve bien loin de sa juridiction. L’intérêt du livre vient de sa description assez sombre et sans concession d’une certaine bourgeoisie provinciale qui ne songe qu’à préserver les apparences.

Maigret et l'affaire Saint-Fiacre, photo restaurée (Coin de Mire)

© 1959 TF1 Droits audiovisuels – Pretoria Films – Titanus / © 2020 Coin de Mire Cinéma. Tous droits réservés.

Michel Audiard a d’ailleurs conservé cette particularité du roman initial, injectant une bonne dose de fiel dans ses dialogues, plutôt vachards envers une certaine aristocratie décadente. Jean Delannoy nous plonge dans une atmosphère de fin de règne où les anciens aristocrates se font dépouiller de leurs biens par des êtres veules et intéressés. Cette ancienne aristocratie terrienne est clairement en voie de disparition (symbolisée ici par la disparition de la comtesse incarnée avec talent par Valentine Tessier), d’autant que les descendants dilapident l’argent dans une société de consommation qui les laisse sans un sou. On adore d’ailleurs la prestation de Michel Auclair en jeune rentier condescendant, mais conscient de sa propre décadence.

Chronique des petites bassesses humaines

Autour de cette élite moribonde gravite un petit peuple d’envieux qui ont sans aucun doute un lien avec le meurtre de la vieille aristocrate. Parmi eux, Robert Hirsch compose un gigolo pathétique avec juste ce qu’il faut de fausseté, mais on apprécie également Paul Frankeur en médecin peu regardant.

Dans ce grand bal des faux-culs, le commissaire Maigret se balade avec nonchalance, tout en déployant une langue vipérine qui ravira tous les amoureux d’un verbe acerbe. Taillés sur mesure par Audiard pour l’ogre Jean Gabin, les dialogues sont absolument savoureux et participent grandement à la jubilation ressentie par le spectateur. Ce jeu de massacre débouche sur une scène de repas final où l’on retrouve l’influence d’Agatha Christie. Il s’agit ici de réunir l’intégralité des protagonistes pour dévoiler l’identité du coupable. Certes classique, le whodunit est parfaitement maîtrisé par un Jean Delannoy inspiré, d’autant que la révélation finale arrive encore à nous surprendre.

Un nouveau succès pour Gabin

Réalisé de manière classique, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (1959) appartient de manière évidente à un certain cinéma issu de la qualité française. Toutefois, il procure encore beaucoup de plaisir grâce à la maestria des acteurs impliqués, tous formidables, et à l’excellente tenue du scénario.

Maigret au cinéma

Sorti au mois de septembre 1959, le long-métrage trouve son public en devenant leader des entrées sur Paris durant deux semaines d’affilée (il est alors à l’affiche du Berlitz, du Wepler et du cinéma Le Paris). Il fait alors face à la nouveauté Hercule et la reine de Lydie. Il fonctionne également beaucoup en province, au point de dépasser les 2,8 millions de spectateurs, légèrement en retrait par rapport au premier opus, mais dans des eaux très satisfaisantes. Maigret et l’affaire Saint-Fiacre a ensuite été un champion des diffusions télé, tout en étant régulièrement édité, aussi bien en VHS qu’en DVD. Dernièrement, il a rejoint la prestigieuse collection Coin de mire avec ses magnifiques mediabooks.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 2 septembre 1959

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© 1959 TF1 Droits audiovisuels – Pretoria Films – Titanus / © 2020 Coin de Mire Cinéma. Tous droits réservés.

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