Isabelle Mergault est une comique des années 2000 et 2010 dont l’essentiel de la carrière dans le Z franchouillard nous a fait bien rire.
S’il n’y avait pas eu Ruquier et ses émissions de télévisions humoristiques dans les années 2000, Isabelle Mergault serait aujourd’hui l’une de ces icônes du cinéma franchouillard comme il y en avait tant dans les années 70 et 80, et qui n’ont pas pu survivre à la crise du cinéma qui a mis un terme aux spectacles français de la franchouille qui terrouille.
Entre 1979 et 1990, la comique était partout, toujours dans ses seconds rôles : des apparitions loufoques, qui jouaient sur le cheveux sur sa langue, son fameux chuintement facétieux, et sur son physique. Actrice, elle était souvent en tenue ultralégère. C’était une autre époque et son caractère résolument fort donnait du panache à ses personnages, y compris de potiche, gauche et maladroite. Elle ne renie rien.
Souvent embauchée pour des rôles de femme un peu paumée, de prostituée, ou de bonne, elle était souvent très juste dans des films qui eux, déraillaient complètement. Il est d’ailleurs intéressant d’entendre le ton de sa voix, qui n’a pas changé et paraît toujours d’actualité dans des films qui, eux, sont bien d’un autre temps.
Parmi les films d’auteur ou sérieux où elle est apparue à ses débuts, signalons La dérobade avec Miou-Miou, Diva de Beineix, Le choc avec Delon et Deneuve, Blanche et Marie, avec Miou-Miou et Bonnaire, le drame Sauve-toi, Lola avec Carole Laure, L’autre nuit de Limousin, avec une Julie Delpy toute jeune… Des occasions énormes pour la jeune femme qui ne se prédestinait pas à la carrière d’actrice.
A côté, par contre, les nanars ou les comédies populaires bien lourdes l’emportent dans leur flamboyance : Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes?, Les hommes préfèrent les grosses, Pour cent briques t’as plus rien, Ça va faire mal, Ça va pas être triste, Vous habitez chez vos parents?, L’arbalète, PROFS, l’inénarrable Sale Destin, Club de rencontres, Agent trouble de Mocky, avec Deneuve, Il est génial papy avec Guy Bedos, Pacific Palisades, connerie ubuesque avec Sophie Marceau…
Pas de doute, Isabelle Mergault fait partie de la cour des grands. De ceux qui ont mangé en s’amusant et ont gravi les échelons.
La transition avec les années 90 sera difficile. Le cinéma français n’embauche plus. Il est en crise. Le secteur du cinéma populaire à petit budget est mort, et il ne reste que les blockbusters qui ont besoin de stars. Pas grave, le tempérament de Mergault l’emporte vers l’écriture et le besoin de scène et même la radio, puisqu’elle a incorporé Les Grosses Têtes de Bouvard, en 1988. Une émission qu’elle a adorée faire.
© 2005 Gaumont
Elle signe quelques scénarios pour manger (la série Classe mannequin pour M6), mais écrit aussi pour Bertuccelli, et une comédie avec Gérard Jugnot, Voyage à Rome. On est alors en 1992, mais le film, pas très bon, est un échec.
En 1999, alors que Ruquier la recueille pour Rien à cirer, à la radio, elle signe le scénario de Meilleur espoir féminin, un vrai succès populaire, largement dû à l’écriture de Mergault, et aussi, au jeu de Bérénice Bejo qui est la révélation de ce très beau film réalisé par Gérard Jugnot en personne.
Devenue une chroniqueuse à succès à la radio et à la télévision dans les années 2000 et 2010, Isabelle Mergault accède enfin à la reconnaissance d’un public large. Celui qui aurait dû être le sien depuis longtemps. Si elle ne retrouve qu’un petit rôle au cinéma pour son ami Gérard Jugnot, en 2017 (C’est beau la vie quand on y pense), la comique a totalement abandonné l’idée d’être actrice de cinéma.
Elle préfère la réalisation et s’y essaie trois fois. En 2006, Je vous trouve très beau, avec Michel Blanc, finira sixième plus gros succès annuel en France ! Enfin veuve avec Michèle Laroque trouve largement son public en 2008. Alors qu’elle semble être une cinéaste confirmée, elle se trompe totalement avec son troisième long métrage, Donnant donnant, avec Daniel Auteuil. Le casting, l’écriture… rien ne fonctionne et les 500 000 entrées sont difficilement atteintes au box-office.
Alors que l’on pouvait penser qu’Isabelle Mergault avait tiré un trait sur le cinéma – le théâtre, les planches l’ont accueillie triomphalement, avec Ladesou ou Sylvie Vartan, la flamboyante propose en 2023 son quatrième film en tant que réalisatrice :
Design : Silencio, d’après une photo de David Koskas
, avec Lambert Wilson, Josiane Balasko et Sylvie Testud.
