Réalisateur, producteur et monteur américain, Don Siegel est né à Chicago, mais il a effectué ses études en Angleterre. Il revient aux Etats-Unis en 1933 et profite de la présence de son oncle dans le milieu du cinéma pour intégrer la profession.
Don Siegel, monteur à la Warner
Il entre donc à la Warner où il devient assistant-monteur. Ensuite, on lui confie le tournage de quelques « scènes-raccords », ce qui révèle son goût pour la réalisation. Puis, peu à peu il grimpe dans la hiérarchie et devient le chef du département montage de la célèbre firme.
A ce titre, il a travaillé sur des œuvres majeures comme L’Homme de la rue (Capra, 1941), Gentleman Jim (Walsh, 1942) et surtout Casablanca (Curtiz, 1942). Il a aussi été utilisé comme assistant-réalisateur sur des films comme Le port de l’angoisse (Hawks, 1943), mais Jack Warner lui interdit toujours le passage vers la réalisation proprement dite. Finalement, le grand patron accepte de le laisser tourner deux courts-métrages en 1945 qui sont récompensés par des Oscars. Ce sont donc ces deux courts qui offrent son billet d’entrées dans la réalisation à Don Siegel.
Les premiers films
Finalement, en 1946, on lui confie la réalisation d’une série B policière intitulée Le Verdict qui lui réussit plutôt bien. Il enchaîne avec le mélodrame raté Night Unto Night (1947), ce qui provoque son départ de la Warner. Don Siegel entre finalement à la RKO et peut y tourner le film noir Ça commence à Vera-Cruz (1949), excellent long-métrage avec Robert Mitchum qui est toutefois peu diffusé en France (73 042 chanceux sur toute la France). Ensuite, il réalise pour la Universal le western Duel sans merci (1952) avec Audie Murphy. Malgré des moyens limités, le film jouit d’une bonne réputation. A la même époque, Siegel est également engagé à la télévision pour tourner quelques épisodes de la série The Doctor. Mais il revient rapidement au cinéma avec Les révoltés de la cellule 11 (1954), un excellent film de prison. La même année, il signe un autre film policier respectable intitulé Ici brigade criminelle (1954) avec Ida Lupino.
Les succès de la deuxième moitié des années 50
Toutefois, le réalisateur est encore plus inspiré en 1956 où il tourne deux œuvres majeures. Tout d’abord, on lui doit un film de délinquance juvénile, l’excellent Face au crime (1956) avec John Cassavetes et Sal Mineo, et l’étonnant film de SF L’invasion des profanateurs de sépultures (1956). Le premier réunira 194 856 spectateurs en France, tandis que le second fera frémir 52 570 Français. Le réalisateur continue sur sa brillante lancée avec l’efficace L’ennemi public (1957) avec Mickey Rooney en contre-emploi. Même réussite pour La ronde du crime (1958) qui est l’adaptation cinéma d’une série télévisée à succès.
En entrant ensuite à la Fox, Don Siegel espère enfin franchir le cap des séries A à gros budget. On lui confie notamment la réalisation de Le secret du Grand Canyon (1959), un western en Technicolor, puis Le Vagabond des Bois Maudits (1959) avec le chanteur Fabian, et enfin Les rôdeurs de la plaine (1960) avec Elvis Presley. C’est ce dernier western qui rencontre un franc succès international. Même la France a répondu présente avec 1 222 051 rockeurs dans les salles. Il s’agit du plus gros succès personnel de Don Siegel dans notre pays.
Alors qu’il tourne de plus en plus pour la télévision, on appelle Don Siegel à la rescousse sur le tournage de L’enfer est pour les héros (1962), car le premier réalisateur Robert Pirosh a été viré par la star Steve McQueen. Le résultat est plutôt bon et remporte un beau succès, notamment en France où le film glane 1 102 356 entrées. Malgré ce beau succès, Don Siegel n’est sollicité que par les chaînes de télévision et il réalise ainsi plusieurs épisodes de séries.
Universal lui propose de réaliser un téléfilm intitulé À bout portant (1964) avec Lee Marvin et Don Siegel se lâche au niveau de la violence, à tel point que le métrage est refusé par les télévisions et sort ainsi en salles. Le succès se retrouve en France avec 695 871 fans de polar hardboiled.
Retour gagnant en 1968 et l’association avec Clint Eastwood
Finalement, c’est en 1968 que Don Siegel revient vraiment au cinéma avec le polar Police sur la ville (1968) avec Richard Widmark. Le film fonctionne bien (508 313 truands en France), mais c’est sa rencontre avec Clint Eastwood qui va changer la donne. Les deux hommes collaborent sur Un shérif à New-York (1968) pour lequel Siegel devient également producteur, ce qui lui laisse davantage de liberté. Après la déconvenue d’Une poignée de plombs (1969) qu’il refuse de signer, Don Siegel retrouve Clint Eastwood pour l’amusant Sierra torride (1970), sorte de western comique mené avec brio par Shirley MacLaine (plus d’un million d’entrées en France). On lui préfèrera toutefois le formidable Les proies (1971) qui tient du pur chef d’œuvre, même si le grand public a été décontenancé par cette proposition originale.
Afin de rebondir après cette déconvenue commerciale, le duo Siegel / Eastwood dégaine L’inspecteur Harry (1971) qui est un triomphe aux Etats-Unis, tandis que la France reste en retrait avec seulement 755 540 amateurs de polars violents et extrémistes. Après cet énorme succès commun, Clint Eastwood choisit de passer à la réalisation et Don Siegel continue son chemin de son côté avec le polar Tuez Charley Varrick! (1973). Cependant, il déçoit quelque peu avec Contre une poignée de diamants (1974) où il dirige Michael Caine. On lui préfère largement le beau chant du cygne du western qu’est Le dernier des géants (1976), superbe film testamentaire à la gloire de John Wayne, dont ce fut le dernier film.
Une fin de carrière contrastée
Son film suivant est un médiocre film d’espionnage avec Charles Bronson, l’oubliable Un espion de trop (1977). Grâce à la Paramount, Don Siegel retrouve Clint Eastwood sur L’évadé d’Alcatraz (1979) qui peut être considéré comme sa dernière grande œuvre grâce à l’efficacité de sa réalisation. Le film a d’ailleurs cartonné au box-office US et aussi en France où il intéresse 929 197 repris de justice. Burt Reynolds n’a pas la même aura qu’Eastwood et Le lion sort ses griffes (1980) indiffère franchement. Et que dire de La flambeuse de Las Vegas (1982), comédie destinée à mettre en valeur la personnalité haute en couleur de Bette Midler. Lors du tournage, sa mésentente avec la star comique va très loin et il est frappé d’une crise cardiaque. Il choisit donc d’arrêter les frais et de se mettre à la retraite.
Don Siegel, désormais considéré comme un maître de la série B, est mort en 1991 à l’âge de 78 ans.