Un espion de trop : la critique du film (1978)

Espionnage, Thriller, Action | 1h42min
Note de la rédaction :
5/10
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Un espion de trop, l'affiche

  • Réalisateur : Don Siegel
  • Acteurs : Charles Bronson, Lee Remick, Donald Pleasence, Patrick Magee, Tyne Daly
  • Date de sortie: 07 Juin 1978
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Telefon
  • Titres alternatifs : Teléfono (Espagne) / Telefone (Portugal) / Operación Telefon (Mexique) / Telefonen (Danemark) / O Telefone (Brésil)
  • Année de production : 1977
  • Scénaristes : Peter Hyams et Stirling Silliphant d'après le roman de Walter Wager Telefon
  • Directeur de la photographie : Michael C. Butler
  • Compositeur : Lalo Schifrin
  • Société(s) de production : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
  • Distributeur : CIC
  • Éditeur(s) vidéo : MGM / UA Home Vidéo (VHS) / RCV (VHS)
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : 405 105 entrées / 127 192 entrées
  • Box-office nord-américain : 11,8 M$ (soit 58 M$ au cours de 2022)
  • Budget : 7 M$ (soit 34,4 M$ au cours de 2022)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Edgar Allan Poe Awards 1978 : 1 nomination pour le meilleur script pour Peter Hyams et Stirling Silliphant
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
Note des spectateurs :

Un espion de trop s’inscrit dans un cinéma américain de la Détente qui séduit par sa thématique, mais éconduit par les invraisemblances de son script, confinant à l’absurde. Dispensable.

Synopsis : Conditionnés à l’écoute d’un extrait du célèbre poème Stopping by Woods on a Snowy Evening de Robert Frost énoncés au téléphone, des citoyens apparemment inoffensifs se mettent à perpétrer des attentats suicides sur le sol américain. Un agent reçoit pour mission d’enrayer le processus et découvre leur nature de « cellules dormantes », disséminées sur le territoire lors de la guerre froide, révolue. Quelqu’un a choisi de les réveiller…

Un film d’espionnage à la conception rapide, mais compliquée

Critique : En 1975, l’écrivain Walter Wager publie le roman d’espionnage Telefon qui rencontre un certain succès et est immédiatement acheté par la MGM. L’adaptation cinématographique est proposée au producteur de séries B James B. Harris (célèbre pour avoir monté les premiers films d’un certain Stanley Kubrick) qui envisage de le réaliser. Pour retranscrire cette histoire assez démentielle, l’homme s’entoure de collaborateurs aguerris dont un certain Peter Hyams qui cherche également à s’imposer comme réalisateur.

Pourtant, ni l’un ni l’autre ne décrocheront la chaise du cinéaste car le studio MGM tenait à avoir un solide artisan à la tête de cette entreprise. On préfère donc faire appel au vétéran Don Siegel en lieu et place des deux novices en la matière. Le projet tombe à la même époque dans l’escarcelle de Charles Bronson qui y voit une occasion de varier ses emplois puisqu’il doit ici incarner un agent soviétique aux ordres du Kremlin. Un évident contre-emploi que Don Siegel a souhaité renforcer par l’abandon de sa moustache par le grand Bronson.

Il s’agit du premier désaccord d’une longue série entre les deux hommes qui ne s’entendent guère sur le tournage. Bronson insiste pour ne pas se raser et obtient gain de cause. D’autres contrariétés ont émaillé cette production marquée notamment par une délocalisation des scènes soviétiques en Finlande, ce qui explique la présence au casting de plusieurs acteurs du cru.

Un espion de trop, entre fièvre du complot et Détente

En tout cas, Un espion de trop (1977) s’inscrit pleinement dans son époque en évoquant la guerre froide sous l’angle de la Détente entre les deux pays. Au lieu d’être montrés uniquement comme des monstres sanguinaires, les Soviétiques bénéficient d’une peinture plus nuancée. Certes, le grand méchant incarné par Donald Pleasence est un dangereux nostalgique du stalinisme qui cherche à déclencher un conflit mondial en provoquant des incidents sur le territoire américain, mais les officiels du régime tentent justement d’arrêter cet électron libre au nom de la coopération avec les Etats-Unis.

De même, le long-métrage suit parfaitement la tendance du cinéma hollywoodien des années 70 travaillé par la fièvre du complot (un thème cher à Peter Hyams d’ailleurs, même s’il n’est ici que scénariste). Ainsi, la description des agents dormants vient rappeler au public américain que le danger peut aussi venir de l’intérieur et que l’ennemi peut frapper n’importe où et à n’importe quel moment, sans que le gouvernement puisse intervenir. Ainsi, les différents agents américains se révèlent d’une totale inefficacité dans le film, contrairement au couple de cinéma formé par Charles Bronson et Lee Remick, aux ordres de Moscou.

Un script qui n’est pas téléphoné, mais à la crédibilité minimale

Intéressant par sa thématique et ce qu’elle révèle d’une époque, Un espion de trop n’en est pas pour autant une œuvre remarquable. Il était tout d’abord difficile de faire avaler au public une intrigue fondée sur les infinies possibilités de l’hypnose. Même si l’on accepte assez volontiers le caractère extravagant du postulat de départ, les différents retournements de situation semblent particulièrement invraisemblables. En réalité, le script nous fait avaler un nombre conséquent de grosses ficelles narratives, ruinant peu à peu la suspension d’incrédulité. Le happy end qui clôture le long-métrage achève, une bonne fois pour toute, le spectateur tant il paraît improbable dans le monde impitoyable de l’espionnage.

Enfin, il faut également passer sur le fait que tous les personnages parlent un anglais parfait, y compris les agents soviétiques. Malgré la stature de Charles Bronson, on a tout de même beaucoup de mal à l’imaginer en agent soviétique. Pour autant, Un espion de trop se laisse regarder sans déplaisir car Don Siegel maîtrise le rythme et s’acquitte de sa tâche avec la rigueur dont il est capable. Cela ne restera pas comme l’un de ses meilleurs travaux, comme il l’a dit lui-même dans son autobiographie où il estime le film raté. Il faut dire que cette série B tout juste passable s’insère dans sa filmographie entre deux réussites majeures que sont Le dernier des géants (1976), western crépusculaire avec John Wayne en fin de vie et L’évadé d’Alcatraz (1979) avec un Clint Eastwood magistral. En comparaison, Un espion de trop fait vraiment pâle figure.

Un parcours assez anodin au box-office

Le film a connu un tout petit succès aux Etats-Unis, à une époque où Charles Bronson revenait de sa longue escapade européenne et où le public américain l’avait un peu oublié. Le long-métrage a généré 11,8 M$ (soit 58 M$ au cours de 2022) pour un budget initial assez élevé de 7 M$ (soit 34,4 M$ au cours de 2022).

En France, Un espion de trop débarque début juin 1978 sur 18 sites parisiens pour une quatrième place au box-office hebdomadaire et 42 818 curieux.

Où voir Un espion de trop au cinéma, à Paris, en première semaine? Aux Gaumont Ambassade, Sud et Gambetta, au Cluny Palace, au Wepler Pathé, au Montparnasse Pathé, au Français et au Cambronne.

Le métrage conserve ses salles en semaine 2 et réunit 32 716 retardataires. En troisième septaine, l’espion séduit encore 21 513 machos, mais peine encore à franchir la barre des 100 000 entrées. Au bout de quelques semaines, il finit sa carrière parisienne avec 127 192 fidèles du castagneur à moustache.

Un film devenu rare par manque d’édition DVD en France

Sur la France, le public provincial est davantage réceptif à ce type de spectacle et Un espion de trop se hisse à la 7ème place du box-office national la semaine de sa sortie avec 54 408 agents dormants dans les salles. La deuxième semaine est tout à fait correcte et lui permet de franchir les 100 000 entrées sur la France. Le long-métrage s’est ensuite effondré assez rapidement, preuve d’un bouche-à-oreille défavorable. Toutefois, le film d’espionnage a continué à tourner durant tout l’été, notamment dans les stations balnéaires et a fini par glaner un peu plus de 400 000 spectateurs. On est loin des grandes heures de l’acteur, mais le film se situe dans une moyenne classique pour lui à cette époque.

Proposé en VHS durant les années 80, Un espion de trop a ensuite disparu des catalogues français en n’étant jamais édité, ni en DVD ni en blu-ray. Il est désormais proposé sur des plateformes de streaming ou en VOD, mais doit être réservé aux fans hardcore de Bronson ou du cinéaste Don Siegel.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 7 juin 1978

Voir le film en VOD

Un espion de trop, l'affiche

© 1977 Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). All Rights Reserved.

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Don Siegel, Charles Bronson, Lee Remick, Donald Pleasence, Patrick Magee, Tyne Daly

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Un espion de trop, l'affiche

Bande-annonce de Un espion de trop (VO)

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