Démarrages Paris 14 h : Black Adam avec Dwayne Johnson prend la tête sans époustoufler. Mais les vacances arrivent et le potentiel est là.
Pour remplir les cinémas pendant les vacances de la Toussaint, l’un des moments historiquement les plus frénétiques de l’exploitation en France, les distributeurs sortent en octobre de gros morceaux de cinéma. Mais cela ne saute pas forcément aux yeux en cette année de crise du cinéma 2022, ravagée par le streaming, l’inflation et les conséquences post-covid. Les Américains sont quasi absents et le potentiel n’est plus pour chaque nouveauté qui se confronte à une triste réalité, qu’elle figure dans le divertissement comique français, l’art et essai et même le blockbuster. Le public ne vient plus.
Ce Paris 14h de crise confirme les mauvais pressentiments. Aucune nouveauté ne percute. En temps normal 5 à 6 films pouvaient envisager un démarrage supérieur à 800 spectateurs. En réalité qu’une seule première séance a franchi la jauge et c’est Black Adam. Le nouveau film Warner / DC Comics qui est dans une position délicate. Le studio Warner a joué de malchance ou a systématiquement tué ses avatars super-héroïques. Black Adam va donc avoir du mal à se positionner dans l’après Zac Snyder ou même un Wonder Woman 2 a été un bide aux yeux du public. Pour Dwayne Johnson, le résultat en première séance est convenable car supérieur aux récents Jumanji 1 et 2, Rampage, Skyscraper ou Jungle Cruise. En revanche pour une production super-héroïque, l’on pouvait espérer plus que 1 415 spectateurs dans 21 salles. Sa moyenne de 67 spectateurs reste décente. On attend désormais le score de la journée et l’assaut des vacances.
En deuxième position, l’un des bijoux du festival de Cannes fait sensation. EO de Jerzy Skolimowski démontre un intérêt pour le film radical reparti avec le prix du Jury en mai dernier. Le drame sublime, avec une apparition de notre Isabelle Huppert nationale, séduit 552 spectateurs dans 15 cinémas (moyenne de 37). C’est mieux que son concurrent direct, R.M.N. proposé par Le Pacte dans 13 cinémas, mais qui a dû se contenter de 402 spectateurs. Cristian Mungiu, cinéaste Palmé pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, est un auteur au cinéma abrupt qui a toujours parlé à une frange. La question est de savoir si R.M.N. dépassera les 135 000 entrées de Baccalauréat en 2016 ou les 67 000 entrées de Au-delà des collines en 2012. Au vu du contexte de crise, on sera très prudent pour pencher vers la seconde perspective.
Parmi les productions destinées à un public plus jeune, Le nouveau jouet de James Huth, avec Jamel Debbouze et Daniel Auteuil, est à la peine : 537 entrées dans 16 cinémas et une moyenne de 34, ce n’est, à cette heure, pas bon du tout. Seul Rendez-vous chez les Malawas avait fait moins bien pour James Huth. Ce dernier parvient a encore moins bien faire qu’en 2007, année de la sortie de son teen-movie notoire Hellphone (667 entrées). Ancien champion du box-office dans les années 2000 et 2010, Debbouze rate sa cible.
Pour son grand retour au cinéma, Michel Ocelot, animateur enchanteur dont chacun des bijoux dépassait le million, voir les deux millions (Kirikou et les bêtes sauvages et le sublimes Azur et Asmar) pourrait avoir beaucoup de mal avec Le pharaon, le sauvage et la princesse qui contre-performe en première séance (361 spectateurs dans 15 cinémas). La province et la longévité lui donnera de l’aplomb.
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Reprise en main, première fiction du documentariste engagé Gilles Perret (Debout les femmes), trouve tout de même 318 spectateurs dans 11 cinémas.
Surprise de ce mercredi, la comédie romantique homosexuelle Bros, surmarketée pendant des mois comme un événement mainstream pouvant toucher les foules, s’est pris son échec américain en pleine tête. Aussi, les exploitants français l’ont répudiée. Seulement 5 cinémas l’ont programmée pour une entame à 209 clients, d’où une moyenne supérieure aux autres nouveautés, à savoir 42 spectateurs par salle. Cela reste une contreperformance pour le studio Universal qui avait voulu surfé sur la mode de l’inclusivité. Qui pouvait imaginer ce film à 5 salles il y a encore un mois, personne.
Le désastre de la semaine est le reboot de Belle et Sébastien : Nouvelle Génération. 128 entrées dans 12 salles, c’est une catastrophe pour notre patrimoine qui lui vaut une moyenne misérable de 11 parents/gamins par écran. C’est Gaumont qui essuiera les plâtres si la province ne réagit pas. Il faudra aussi regarder ce qui se passe à l’international, et notamment en Italie et en Allemagne.
Les six autres nouveautés de ce Paris 14h sont à moins de 100 spectateurs par écran. On ne tirera pas sur l’ambulance et on leur souhaite bonne chance.
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