Un beau matin : la critique du film et le test DVD (2022)

Drame | 1h52min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche d'un beau matin (visuel hiver) de Mia Hansen-Love

  • Réalisateur : Mia Hansen-Løve
  • Acteurs : Pascal Greggory, Léa Seydoux, Nicole Garcia, Melvil Poupaud, Sarah Le Picard, Sharif Andoura
  • Date de sortie: 05 Oct 2022
  • Année de production : 2022
  • Nationalité : Français, Britannique, Allemand
  • Titre original : Un beau matin
  • Titres alternatifs : One Fine Morning (International), Piękny poranek (Pologne), En dejlig morgen (Danemark), Un bel mattino (Italie), Uma Bela Manhã (Portugal), An einem schönen Morgen (Allemagne), Uma Bela Manhã (Portugal), Una bonita mañana
  • Autres acteurs : Camille Leban Martins, Pierre Meunier, Fejria Deliba, Jacqueline Hansen-Løve, Catherine Vinatier, Samuel Achache, Esther Wajeman, Rose Wajeman, Elsa Guedj, Xavier Combe, Jana Klein
  • Scénariste : Mia Hansen-Løve
  • Directeur de la photographie : Denis Lenoir
  • Monteur : Marion Monnier
  • Compositeur : Jan Johansson pour le morceau Liksom en herdinna
  • Producteurs : Philippe Martin, Gerhard Meixner, Roman Paul, David Thion
  • Sociétés de production : Les Films Pelléas, en coproduction avec Mubi, Razor Film Produktion GmbH, Dauphin Films, CN6 Productions
  • Distributeur : Les Films du Losange (France) / Sony Pictures Classics (USA)
  • Editeur vidéo : Blaq Out
  • Date de sortie vidéo : 7 mars 2023
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 72 459 entrées / 28 816 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 139 490 $ / 879 901 $
  • Budget : 5 570 000 euros
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (35mm, DCP Digital Cinema Package)
  • Festivals et récompenses : La Quinzaine des Réalisateurs, Sydney Film Festival, Melbourne International Film Festival, Jerusalem Film Festival, Beijing International Film Festival, Telluride Film Festival, New York Film Festival, Hamptons International Film Festival, Chicago International Film Festival, Middleburg Film Festival, Montclair Film, Festival, Miami Film Festival GEMS, Hawai'i International Film Festival, MoMA - The Contenders, Palm Springs International Film Festival, Toronto International Film Festival, CINEMANIA Francophone Film, Donostia-San Sebastián International Film Festival, Zurich Film Festival, Busan International Film Festival, Film Festival Ghent, London Film Festival, Mostra - São Paulo International Film Festival, Bergen International Film Festival, Riga International Film Festival, Kyiv Critics Week, Film Festival Cologne, Vienna International Film Festival, Mar del Plata Film Festival, Ljubljana International Film Festival, Tallinn Black Nights Film Festival, International Film Festival of India, Goa, Göteborg Film Festival.
  • Illustrateur / Création graphique : © Metyanoïa, d'après une photo de Carole Bethuel. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Les Films Pelléas. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Un beau matin est l’une des œuvres les plus abouties de Mia Hansen-Løve. La réalisatrice y démontre une fois de plus son talent de narratrice et de peintre du quotidien qu’elle complexifie dans la subtilité. Une cinéaste en état de grâce.

Synopsis : Sandra rend souvent visite à son père, Georg, atteint d’une maladie neurodégénérative. Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant dans les hôpitaux et les Ehpads pour installer Georg en lieu sûr, Sandra fait la rencontre inattendue de Clément, un ami perdu de vue avec qui s’ouvre une relation passionnée, mais incertaine.

Critique : Comme son mentor Éric Rohmer, Mia Hansen-Løve ne reçoit pas toujours la reconnaissance qu’elle mérite. Son huitième long métrage, Un beau matin, a été rétrogradé de la compétition cannoise à la Quinzaine, en 2022, et, malgré de nombreuses sélections dans des festivals du monde entier, il n’a pas décroché de prix importants. Jusqu’au mépris des César qui ne l’ont pas nommé. La touche Rohmer, probablement, puisque ce dernier avait également beaucoup de mal à être reconnu par la toute puissante instance.

Un beau matin marque le retour au père de Mia Hansen-Løve

Aussi, en France Un beau matin a été un échec commercial effroyable. Le public se remémorant les déceptions qu’ont pu être Maya et Bergman Island. Peut-être. C’est dommage pour les producteurs qui y ont investi plus de 5 millions d’euros, mais la réalité du cinéma de la réalisatrice, intrinsèquement personnelle, complexe et intime, depuis son premier long métrage, Tout est pardonné, sur ses relations difficiles au père, jusqu’au charnel et juvénile Un amour de jeunesse, est invariablement le même, des instants de vie, des moments de grâce parfaitement composés qui méritent mieux que cette indifférence, un peu fausse – on parle énormément de son cinéma -, mais snob, puisqu’on ne lui accorde pas la place d’enchanteresse de l’émotion et de la réflexion qu’elle mérite.

Pourtant, de Cannes aux USA, en passant par toute la presse française, le monde entier a convenu de la réussite d’Un beau matin qui, à l’instar de L’avenir avec Isabelle Huppert en 2016, s’impose comme une merveille cinématographique.

Conte des quatre saisons

Conte arpentant les saisons, empreint de lumière et de tristesse hivernal, et de renaissance printanière, Un beau matin est resplendissant dans sa réalité filmique. Une succession de tableaux cinématographiques en 35mm dans un Paris loin du sensationnel, mais radieux dans ses clichés intello-bourgeois que l’on trouvait encore récemment dans Chronique d’une liaison passagère d’Emmanuel Mouret. Tout aussi charmant dans la romance, celle qui se profile entre le personnage simple et beau de Léa Seydoux et le rohmérien Melvil Poupaud, qui joue comme Conte d’été, film que Mia Hansen-Løve apprécie beaucoup, de ses années 90, mais aussi Le journal du séducteur de Danièle Dubroux. Mais en mieux.

En mieux, car la cinéaste esquisse surtout, au croisement des contraires, le deuil d’un père qui se profile.  Pascal Greggory, homme de lettres et de philosophie à l’écran, doit se résoudre à oublier la vie, frappé d’une maladie dégénérative. Et c’est toute la famille de son personnage d’intellect pur, notamment à travers les efforts douloureux de sa fille, que joue Léa Seydoux, dans une abnégation saisissante, qui convie le spectateur à une réflexion universelle sur l’impuissance de chacun face à l’inexorabilité de l’abandon et la nécessité de survivre aux épreuves qui en découle.

Une œuvre magnifique qui trouve le ton, les mots et l’équilibre dans sa complétude

Dans un jeu d’oppositions et de circonstances, Mia Hansen-Løve trouve toujours les mots pour contrebalancer le mélodrame par des moments plus légers, de romance fugace, ou d’érotisme conjugal. Surtout elle sonde les instants de tristesse abyssaux et de félicité retrouvée du personnage élégant de simplicité et de beauté intérieure de Léa Seydoux. Cette dernière a rarement été aussi radieuse à l’écran. Dans Un beau matin, la star française produit l’une de ses plus grandes compositions.

In fine, Un beau matin est l’accomplissement des émotions les plus belles qui traversent autant les personnages que les spectateurs dans un jeu de réfléchissement dont on savoure la sobriété, la complexité et la puissance. Mia Hansen-Løve, au firmament de son travail de scénariste et de réalisatrice, a indéniablement accompli une œuvre d’une infinie beauté qui saura marquer subtilement ceux qui veulent en finir avec l’esbrouffe du moment.

 

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 5 octobre 2022

Affiche d'un beau matin (visuel hiver) de Mia Hansen-Love

Design : Metanoïa d’après une photo de © Carole Bethuel

Les mots clés :

Les relations fille-père, La mémoire, Le deuil, La maladie au cinéma, Alzheimer, Cannes 2022, La Quinzaine des réalisateurs 2022

Box-office :

Encore un échec commercial pour Mia Hansen-Løve. Cette cinéaste des plus singulières, à l’œuvre aboutie, ne parvient toujours pas à se faire un nom auprès du public français. Si L’avenir (279 000 entrées, 2016), Un amour de jeunesse (126 000, 2011) et Le père de mes enfants (79 000, 2009), et Tout est pardonné (47 000 entrées pour un petit budget de moins de 1.5 €) ont été de beaux succès, la cinéaste a beaucoup de mal à susciter l’envie lorsqu’elle s’attelle à des budgets plus élevés. Ses quatre films les plus chers sont également ses quatre plus gros échecs en salle : Bergman Island (65 000), Eden (56 000) et Maya (47 000). Ils ont tous trois coûté plus de 5 millions d’euros. Il en est de même pour Un beau matin qui a fini sa carrière à 72 000 entrées pour un coût similaire.

Ce magnifique moment de vie avec Pascal Greggory, Léa Seydoux, Nicole Garcia et Melvil Poupaud, a connu une carrière très courte de moins de 7 semaines.

Sa première semaine déçoit (35 000 entrées dans 185 cinémas, moyenne de 189) et à aucun moment l’œuvre ne pourra se rattraper. 19 000 entrées en deuxième semaine (-46%), 8 700 entrées en 3e semaine (-54%)…

En glanant ici et là 100 000$ à l’international, notamment aux USA où le film a parcouru les festivals, Un beau matin n’a généré que 830 000 euros à l’issue de son exploitation en France, en Italie, au Portugal, aux Pays Bas, en Norvège et en Islande. Maigre pour une cinéaste dite en phase avec son époque qui mériterait plus de reconnaissance et de curiosité de la part du public.

Frédéric Mignard

Affiche d'un beau matin (visuel américain) de Mia Hansen-Love

Affiche d’Un beau matin (visuel américain) de Mia Hansen-Love © Sony Pictures Classics

Test DVD

Pas de blu-ray pour Un beau matin, puni pour son bide en salle. Néanmoins ce film important dans le paysage cinématographique contemporain, bénéficie d’une édition techniquement soignée.

Compléments : 2 / 5

En bonus, l’éditeur Blaq Out propose une leçon de cinéma de la réalisatrice d’1h24, donnée à la Cinémathèque en 2022. Mia Hansen-Løve n’est peut-être pas la plus grande des oratrices, mais son point de vue est toujours passionnant. En revanche, on pourra reprocher à l’éditeur de ne pas avoir axé les suppléments sur le film même. (aucune scène supplémentaire, aucune interview des comédiens, pas de module cannois…). C’est dommage.

Image : 4 / 5

La photographie du grand Denis Lenoir et le cachet pellicule du film trouvent dans ce format DVD une copie de qualité, lumineuse et équilibrée dans sa colorimétrie où tout est pesé sans aucun excès. Le travail de l’autrice en ressort largement comblé.

Son : 4 / 5

Deux pistes sont proposées, une stéréo pour les spectateurs non équipés d’un système sonore multi canal, et le 5.1 qui répartit avec exactitude l’ambiance d’une ville, d’une soirée de Noël et les dialogues pluriels de scènes de famille.

La piste 5.1 mi-débit est suffisamment dense pour convaincre les spectateurs face à cette œuvre de l’intime.

Jaquette du DVD d'Un beau matin de Mia Hansen-Løve

Design : Metanoïa d’après une photo de © Carole Bethuel – Jaquette DVD – Editeur : Blaq out

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Affiche d'un beau matin (visuel hiver) de Mia Hansen-Love

Bande-annonce d'Un beau matin

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