Terreur express : la critique du film (1981)

Thriller trash | 1h24min
Note de la rédaction :
5/10
5
Terreur express, affiche française

  • Réalisateur : Ferdinando Baldi
  • Acteurs : Venantino Venantini, Carlo De Mejo, Andrea Scotti, Silvia Dionisio, Werner Pochath, Zora Kerova
  • Date de sortie: 29 Juil 1981
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : La Ragazza del vagone letto
  • Titres alternatifs : Terror Express (titre international), Horrorsex im Nachtexpress (titre allemand), Les filles du wagon-lit (Belgique)
  • Année de production : 1979
  • Scénariste(s) : George Eastman, sous le pseudo de Luigi Montefiori
  • Directeur de la photographie : Giuseppe Aquari
  • Compositeur : Marcello Giombini
  • Société(s) de production : Rinascita Cinematografica
  • Distributeur (1ère sortie) : Inconnu
  • Éditeur(s) vidéo : South Pacific Video (VHS), Fil à Film (VHS)
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain -
  • Budget : -
  • Classification : Interdit aux moins de 16 ans
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs - 35 mm / Son : Mono
  • Illustrateur / Création graphique : Inconnu
  • Crédits : Rinascita Cinematografica
Note des spectateurs :

Avec Terreur express (Les filles du wagon-lit), le cinéma d’exploitation italien réussissait une fois de plus à repousser les limites avec tous les noms bien-aimés du cinéma transalpin de l’époque, emportés bon gré mal gré par la mode du thriller glauque et malsain.

Synopsis : Onze heures du soir. Un train quitte la gare pour une nuit qui s’annonce agitée. Alors que les passagers s’attèlent à leurs activités personnelles, trois jeunes hommes s’incrustent à bord pour provoquer la bourgeoisie locale. Un policier accompagnant un prisonnier politique, des épouses soumises, et une prostituée qui offre ses faveurs monnayant un pourcentage avec le contrôleur, deviennent les proies de ces trois monstres sans foi ni loi.

Critique : La proximité des titres mérite une mise au point. Terreur express n’a rien à voir avec le film britannique de Eugenio Martin, Terreur dans le Shanghaï Express, classique avec Christopher Lee, Telly Savalas et Peter Cushing, qui avait plutôt bien fonctionné au cinéma et à la télévision. Le thriller de Ferdinando Baldi, lui, roule sur les rails d’un cinéma radical, ceux de la bassesse et de l’ignominie humaine par pur souci d’exploitation. Il n’est connu que par les amateurs de cinéma d’exploitation italiens des années 70.

Le dernier train de la nuit

Ferdinando Baldi, gloire du western spaghetti, est en manque de projets qui pourraient convenir à son talent, celui des aventures virils dans des décors épiques comme David et Goliath, Les Tartares ou Attention ! Trinita, prépare ton cerceuil ! Baldi a vu le cinéma italien glisser vers des genres autres, sulfureux, mêlant violence et sexualité, reflétant aussi la violence politique qui secoua les villes italiennes durant les années de plomb. Pas forcément son truc, mais il essaiera de poursuivre son gagne-pain  sans trop d’efficacité. Il met paresseusement en scène un script de George Eastman, acteur à la stature culte (Horrible, Anthropophagous), mais également scénariste à ses heures perdues.

 

Terreur express, aux titres secondaires nombreux, ne fut exploité qu’en province en France, de façon confidentielle. C’est d’avantage en VHS chez différents éditeurs (South Pacific Vidéo, Fil à Film) et à la télévision, que l’on put découvrir ses velléités de “shocker”, ingérant les trames sociales, brutales et perverses de La dernière maison sur la gauche de Wes Craven et surtout de son homologue italien La bête tue de sang-froid (Le dernier train de la nuit), film d’Aldo Lado. Il faut dire, qu’au milieu des années 70, ce dernier avait fait fort dans la tension ferroviaire, avec sa thématique de viol et de perversion sociale, puisque l’instigatrice des horreurs était ni plus ni moins joué par Macha Méril en bourgeoise frustrée et donc machiavélique. La déferlante assez immonde, lancée par Wes Craven, proche du rape & revenge, est d’autant plus prégnante dans la culture populaire du cinéma bis, qu’en 1980, Ruggero Deodato tournera La maison au fond du parc, qui inflige les mêmes sévices de séquestration, viol et de torture, que dans les films précités. Un sous-genre en soi de masculinité toxique ou la première barbarie est la misogynie crasse des protagonistes et le voyeurisme volontaire qui en découle.

Un rape & revenge flick sans sous-texte

Le dernier train de la nuit, titre alternatif de La Bête tue de sang-froid

© 1976 Rewind, Marzia Cinematografica, European Incorporation

D’ailleurs dans Terreur express, on retrouve Silvia Dionisio dans l’un des rôles principaux. Celle-ci n’est autre que l’ancienne épouse de Deodato. Le couple de dix ans vient à peine de divorcer. L’ancien mannequin mettra assez vite un terme à sa carrière cinématographique, reniant à jamais ses années bimbo. A ses côtés, dans ce train de l’horreur où trois malfrats profitent d’une nuit sans escale pour terroriser les passagers passifs, les visages connus du cinéma populaire rital abondent : Carlo de Mejo, fils d’Alida Valli, l’icône Werner Pochath, la prêtresse du bis malaisant Zora Kerova (Anthropophagous, Cannibal Ferox…), le vénérable Venantino Venantini qu’on a vu à peu près partout en France ou en Italie dans les années 60-70, sans oublier Gianluigi Chirizzi (La lycéenne découvre l’amour, La lycéenne se marie, Le manoir de la terreur)… Des visages appréciés, pour certains au jeu limité, mais qu’il nous fait toujours plaisir de retrouver pour un entre-soi cinéphilique.

Terreur express, l’exploitation en expresso

On voyage en rame connus où les passagers sont des visages récurrents de tout un pan de la cinématographie d’époque. Malheureusement, le manque d’inspiration de la réalisation, pourtant parfois tonifiée par la musique, ne justifiera jamais la roublardise du sujet. Sous couvert d’une sexualité qui transpire dans ce lieu clos du train de nuit, l’obsession de l’un des malfrats pour la prostituée qu’il décide de mettre au service forcé de tous les passagers hommes ou femmes laisse pantois. Une telle violence psychologique, avec des scènes paroxysmiques, nécessite un sous-texte solide et une réalisation habile pour faire passer l’abjection même de l’idée. Malheureusement, on reste juste consterné par notre position de spectateur voyeur que rien ne vient vraiment légitimer.

Drôle d’époque pour une rencontre cinématographique.

Terror Express connaîtra en 2020 sa première exploitation blu-ray chez Dark Force Entertainment, qui proposera en bonus des interviews du casting.

Critique : Frédéric Mignard  

Les sorties de la semaine du 29 juillet 1981

Terreur express, affiche française

© Rinascita Cinematografica

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Bande-annonce de Terreur Express

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