Spiderhead : la critique du film Netflix (2022)

Science-fiction | 1h46min
Note de la rédaction :
2.5/10
2.5
Spiderhead, affiche du film de Joseph Konsinski avec Chris Hemsworth

  • Réalisateur : Joseph Kosinski
  • Acteurs : Chris Hemsworth, Miles Teller, Charles Parnell
  • Date de sortie: 17 Juin 2022
  • Date de diffusion sur Netflix : A partir du 17 juin 2022
  • Année de production : 2022
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Spiderhead
  • Titres alternatifs : La cabeza de la araña (Argentine), Pajęcza Głowa (Pologne), Der Spinnenkopf (Allemagne)
  • Scénaristes : Paul Wernick, Rhett Reese, d'après une nouvelle de George Saunders, Escape from Spiderhead (publiée dans The New Yorker)
  • Compositeur : Joseph Trapanese
  • Directeur de la photographie : Claudio Miranda
  • Société de production : Netflix, Conde Nast Entertainment, Grand Electric, Reese Wernick Productions, Screen Arcade, The New Yorker
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Classifications : (auto-classification par Netflix, non soumise au CNC)
Note des spectateurs :

Spiderhead est l’incarnation du mal-être de Netflix en 2022, une production capitalisant sur quelques noms et talents prestigieux pour anesthésier les cinéphiles en quête de divertissements d’envergure. En un mot, insipide.

Synopsis : Dans une prison dernière génération dirigée par Steve Abnesti (Chris Hemsworth), un scientifique brillant et visionnaire, des détenus volontaires espérant voir leur peine écourtée sont équipés d’un appareil qui leur injecte des doses de médicaments psychotropes. À Spiderhead, un établissement sans barreaux ni cellules, les prisonniers portent des vêtements civils et sont libres d’être ce que bon leur semble. Enfin, jusqu’à un certain point. Par moments, ils deviennent une meilleure version d’eux-mêmes. Besoin de se détendre ? Il y a un médicament pour ça. Marre de chercher leurs mots ? Pas de souci, il y a aussi ce qu’il faut. Mais quand deux sujets, Jeff (Miles Teller) et Lizzy (Jurnee Smollett), se rapprochent, le chemin de la rédemption prend un tournant inquiétant, car Steve Abnesti pousse ses expériences au-delà des limites du libre arbitre.

Une parenthèse dans la carrière de Joseph Kosinski

Critique : Spiderhead a été produit pour Netflix, notamment par The New Yorker Studios, puisque le projet est basé sur une nouvelle de 10 pages écrite par George Saunders, qui a été publiée au sein du fameux hebdo américain au début des années 2010. Après de nombreuses années de développement, le projet cherchait encore son studio, un réalisateur. La crise mondiale du coronavirus changera les choses.

Tourné durant le premier hiver historique de la COVID-19, à partir de novembre 2020, Spiderhead marque une pause dans la carrière cinématographique de Joseph Kosinski qui accepte la commande. En juillet de cette même année, son futur film phénomène Top Gun : Maverick voyait sa sortie différée de deux ans en raison de l’épidémie. Le cinéaste enchaîne donc avec ce drame carcéral de science-fiction, projet qui relève du remplissage d’emploi du temps pendant la période du confinement.

La carrière de Chris Hemsworth toujours à la peine

Kosinski est au milieu de proches. Il retrouve pour la troisième fois consécutive Miles Teller, mais aussi engage le chef op de Line of Fire (Only the Brave),  Tron et Oblivion, Claudio Miranda, le compositeur d’Oblivion et Line of Fire Joseph Trapanese, qui avait également collaboré avec les Daft Punk sur  Tron : L’Héritage.

Pour donner plus de visibilité à cette sortie premium aux yeux de Netflix, outre Miles Teller, deux autres noms sont engagés comme appâts. Tout d’abord, Chris Hemsworth est validé comme vilain. La star retrouve le confort Netflix des succès faciles après celui de Tyler Rake (2020). Il faut dire que le grand écran lui refuse de se libérer de son personnage de Thor. Les flops commerciaux de Blackhat, L’aube Rouge, Au cœur de l’océan, Horse Soldiers, Sale Temps à l’hôtel El Royale, SOS Fantômes, Rush, Men in Black International… ont démontré qu’en dehors de la franchise des Avengers, l’acteur australien n’attirait pas sur son seul nom.

Chris Hemsworth dans Spiderhead

Chris Hemsworth est Abnest dans Spiderhead. Netflix © 2022

Au niveau du casting féminin, l’actrice de télévision Jurnee Smollett (Friday Night Lights, True Blood, Underground et Lovecraft Country) vient faire du pied aux téléspectateurs et aux amateurs de divertissements sur plateforme.

Spiderhead affiche donc de beaux atouts qui pouvaient le rendre désirable. D’ailleurs, pour deux d’entre eux, le film de science-fiction dystopique est programmé sur internet au moment le plus opportun. Effectivement, la plateforme Netflix a attendu plus d’un an après avoir achevé la post-production, avant de le proposer en ligne. La date de diffusion est posée au plus proche du lancement du blockbuster avec Tom Cruise, afin de capitaliser sur les noms séduisants de Miles Teller et de Joseph Kosinski, qui ont tous deux énormément gagné dans le triomphe de Top Gun 2.

La malédiction des films Netflix : l’insipidité

Malheureusement, le résultat est à l’avenant des annonces décevantes de Netflix qui sont intervenues en mai 2022 : 200 000 abonnés perdus au premier trimestre de cette même année, des licenciements… Le géant du streaming mondial accuse certes la concurrence de Disney+, mais également le coup de la pauvre qualité de ses productions originales hebdomadaires qui sont perçues comme fades et incapables de s’ancrer dans la mémoire collective de par leur grand nombre et leur médiocrité. Le résultat est une incapacité de la société à générer des franchises filmiques à la portée culturelle de certaines de ses séries comme Stranger Things.

Spiderhead est frappé du sceau de la malédiction Netflix :  des acteurs compétents, sous-employés, en particulier Miles Teller dans la retenue contrainte d’un scénario lacunaire, et un réalisateur qui ne peut déployer qu’un dixième de son talent. Kosinski filme comme il peut une absence d’action, puisqu’il s’agit ici d’expériences scientifiques en milieu carcéral, et donc de scènes de tension, de curiosité, de duels psychologiques, sur fond de décor futuriste qui pourrait raviver l’espoir d’un univers à la  Oblivion. Malheureusement, d’une nouvelle de dix pages, la production est chiche en développements. Les deux ou trois décors sont surexploités et, en guise d’architecture moderne, l’on n’offrira aux téléspectateurs pas plus que l’édifice de cet établissement pénitencier high tech et la salle de contrôle des expériences interdites caractérisée par un escalier abscons et métaphorique.

Kosinski aborde une thématique propre à l’œuvre de Cronenberg, à savoir le contrôle de l’esprit et du corps par les nouvelles technologies, la drogue, la finance. Mais dans son cadre netflixien étriqué, le chantre des projets éthérés ne prend jamais en considération l’espace formidable qu’offre le corps et le mental de ses protagonistes réduits à des poupées aux mains d’un script algorithmé. Au lieu d’exploiter un fond, en l’illustrant par quelques scènes efficaces, le cinéaste aligne des scènes contractuelles sans aucun intérêt : une petite expérimentation sexuelle par-ci, une scène de violence par-là (un suicide, cela fait bien dans les critères de classification), de la musique datée cool (Supertramp…). Rien de bien poisseux, de subversif, puisque l’horreur des expériences commises est atténuée par un traitement lisse du script et des psychologies qui refuse à l’être humain le vice et la noirceur. Les protagonistes principaux sont enfermés en prison pour l’irréparable, mais in fine, sont surtout des victimes d’accidents de la vie qui ne font pas d’eux de mauvaises personnes.

Spiderhead, téléfilm moderne pour téléviseur et téléphone

Dans un traitement abrutissant de l’information où tout plan souligne les mots, émotions et rebondissements de façon exaspérante, Spiderhead sonde les abîmes d’une exploitation par le néant. L’action est inexistante jusqu’à la fameuse évasion finale, et donc, à la sortie de celle-ci, on la qualifiera de nulle ; la réflexion humaniste est triviale ; l’empathie pour les personnages gamine ; l’émotion sèche. Même la musique du talentueux Trapanese ne s’emploie pas à l’emphase émotionnelle qui lui est inhérente, le compositeur ne voulant pas gâcher des idées de thèmes musicaux sur un projet aussi vain. On préfèrera l’écouter sur les plateformes de streaming audio légales où elle est disponible.

Reflet d’une époque qui se contente d’un rien pour remplir son téléphone, Spiderhead est un téléfilm dans le sens désormais polyvalent du mot, puisqu’il est autant destiné à un usage sur smartphone que sur son téléviseur. Il ne peut en aucun cas prétendre à autre chose. Sa forme bâclée et ses langueurs insipides en font un repoussoir de taille pour le grand écran. Le voir, c’est accepter l’évidence de l’inexorable effet de la mémoire sur le catalogue de Netflix qui saura se rattraper en se concentrant sur des productions plus riches et abouties.

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