S.O.S Fantômes : L’héritage est un spectacle réservé à un jeune public et aux nostalgiques invétérés des années 80. Les autres n’y verront qu’un pâle remake déguisé, sans aucune surprise si ce n’est le fan service obligatoire.
Synopsis : Une mère célibataire et ses deux enfants s’installent dans une petite ville et découvrent peu à peu leur relation avec les chasseurs de fantômes et l’héritage légué par leur grand-père.
Comment effacer des mémoires le reboot de 2016 ?
Critique : Dès l’annonce du reboot de 2016 intitulé S.O.S Fantômes en 3D par le réalisateur Paul Feig et un casting entièrement féminin, les fans de la saga ont pris en grippe le projet qui essayait d’aller de l’avant en proposant un spectacle légèrement différent. Plus porté sur l’humour gras, le long-métrage tant détesté n’est pourtant pas si mauvais, mais a laissé une marque indélébile dans l’esprit des fans, celle de la trahison.
Pour tenter d’effacer ce faux pas, Columbia Pictures a donc voulu repartir sur de meilleures bases en donnant une véritable suite au pourtant très mauvais S.O.S Fantômes 2 (Reitman, 1989). Et qui de mieux pour prendre la relève d’Ivan Reitman que son propre fils, le cinéaste Jason Reitman, plus connu pour ses films indépendants à succès des années 2000 (Thank You For Smoking et surtout Juno) ? Si en plus on parvenait à convaincre les survivants des années 80 de venir faire un petit tour dans les scènes finales, cela contenterait nécessairement les fans.
A qui s’adresse S.O.S Fantômes : L’héritage ?
Voilà donc une affaire rondement menée puisque tous les gages du respect du cahier des charges de la saga sont réunis pour en faire une réussite à la fois artistique et commerciale. Toutefois, comme la saga d’origine commence à dater, les auteurs ont décidé de consacrer l’essentiel du film à un casting de gosses et d’adolescents susceptibles d’attirer un plus jeune public. Ainsi, on retrouve à l’affiche le sympathique Finn Wolfhard et la dynamique Mckenna Grace. On y ajoute bien évidemment quelques enfants supplémentaires afin de reprendre la formule des Goonies (Donner, 1985) et de toutes les productions Amblin des années 80.
Mais finalement, avec cette histoire d’héritage du grand-père disparu vers la jeune génération, on se demande bien à quel public s’adresse vraiment S.O.S Fantômes : L’héritage. En confiant les rôles principaux à des enfants, les auteurs ont cherché à atteindre les dix-douze ans, mais on n’est pas certain que le spectacle les enchante tant que cela puisque le long-métrage est plutôt pauvre en séquences d’action spectaculaires. On regrette notamment la délocalisation de l’intrigue dans un petit bourg provincial et plus précisément dans une ferme en ruine. Effectivement, lorsque la menace des fantômes s’abat sur ce lieu perdu, on a bien du mal à imaginer une invasion mondiale. Cela se résume plutôt à une rue dévastée et une ferme tout juste menacée.
Un spectacle pas désagréable, mais trop calibré
En ce qui concerne maintenant le public adulte – c’est-à-dire ceux qui comme l’auteur de ces lignes ont vu le premier film au cinéma en 1984 – il aura sans doute un peu de mal à s’identifier aux enjeux terriblement vains du long-métrage. Les protagonistes matures ne sont qu’ébauchés par le scénario et ni Carrie Coon, ni Paul Rudd ne parviennent à donner de l’épaisseur à leurs rôles. Ils apparaissent surtout comme des faire-valoir pour les vrais héros du film, à savoir les enfants. Pour pouvoir apprécier le spectacle, il faut aussi accepter que des gosses, tous des petits génies visiblement, savent instinctivement utiliser le matériel vieillot retrouvé à la cave pour devenir à leur tour des chasseurs de fantômes. Les ficelles ressemblent donc ici davantage à des câbles.
Avouons que la projection n’est pas nécessairement désagréable et que l’on a sans doute passé l’âge pour ce type de spectacle. Si l’on excepte le final qui rend un bel hommage à Harold Ramis, disparu en 2014, S.O.S Fantômes : L’héritage démontre une fois de plus que l’usine à rêves hollywoodienne est grippée, désespérément accrochée à des franchises qu’elle ne se décide pas à abandonner. Au lieu de proposer d’autres univers originaux – mais plus risqués pour les actionnaires – ils nous assignent à une nostalgie de façade qui masque mal le manque patent d’inspiration. Non, SOS Fantômes : L’héritage n’est pas mauvais, mais il laisse surtout le désagréable goût du spectacle calibré et programmatique, produit pour plaire au plus grand nombre, sans aucune prise de risques.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 1er décembre 2021
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