Quantum of Solace est une suite directe de Casino Royale, réalisée avec soin par un cinéaste impliqué. L’ensemble demeure toutefois en-deçà des attentes et s’avère à ce jour l’épisode le plus faible avec Daniel Craig.
Synopsis : Même s’il lutte pour ne pas faire de sa dernière mission une affaire personnelle, James Bond est décidé à traquer ceux qui ont forcé Vesper à le trahir. En interrogeant Mr White, 007 et M apprennent que l’organisation à laquelle il appartient est bien plus complexe et dangereuse que tout ce qu’ils avaient imaginé… Bond croise alors la route de la belle et pugnace Camille, qui cherche à se venger elle aussi. Elle le conduit sur la piste de Dominic Greene, un homme d’affaires impitoyable et un des piliers de la mystérieuse organisation. Au cours d’une mission qui l’entraîne en Autriche, en Italie et en Amérique du Sud, Bond découvre que Greene manœuvre pour prendre le contrôle de l’une des ressources naturelles les plus importantes au monde en utilisant la puissance de l’organisation et en manipulant la CIA et le gouvernement britannique…
Une suite de Casino Royale inégale
Critique : Difficile de rebondir après le triomphe inespéré de l’excellent Casino Royale qui a su actualiser le personnage de James Bond tout en lui donnant une gravité qu’il n’avait pas auparavant. Malgré l’attente générée par le précédent opus, le vingt-deuxième épisode de la série joue profil bas (un titre énigmatique et peu vendeur, une affiche dépouillée qui promet peu d’action) et préfère clairement s’inscrire dans le sillage défini par le film de Martin Campbell.
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Débutant une heure tout juste après la fin de Casino Royale, cette nouvelle aventure en est à la fois la suite directe (en traitant de la douleur dont souffre Bond après la trahison et la mort de Vesper) et une sorte d’excroissance plus esthétique. Cela ne démarre pourtant pas sous les meilleurs auspices avec une chanson plutôt médiocre d’Alicia Keys lors du traditionnel générique psychédélique et quelques scènes de fusillades illisibles (qui tire ? Et contre qui ?). Visiblement très soucieux de l’esthétique de son film – sans doute l’un des mieux réalisés depuis fort longtemps – Marc Forster n’a malheureusement pas réussi à rendre intéressantes ses nombreuses séquences de poursuite à cause d’un découpage extrême des plans. Entre une caméra hystérique et un montage épileptique, il est bien difficile pour le spectateur de s’y retrouver.
Une thématique écologique intéressante
Heureusement, l’histoire plutôt efficace et l’interprétation toujours aussi animale de Daniel Craig parviennent à compenser ces grosses faiblesses. Si les personnages paraissent moins profonds que dans le précédent, on notera une volonté bienvenue de la part des auteurs d’actualiser leur propos et de rendre l’intrigue bien plus ambigüe qu’auparavant, tout en évitant soigneusement toute pointe d’humour.
Ainsi, l’ennemi – incarné avec juste ce qu’il faut de duplicité par Mathieu Amalric – n’est pas aussi foncièrement odieux que par le passé. Profitant de l’actuel manque de ressources naturelles, il joue avec les gouvernements qui ne sont plus que des pions entre les mains des grandes organisations internationales. Au passage, Forster rappelle l’implication peu glorieuse des États-Unis dans la mise en place de dictatures en Amérique latine et montre le jeu dangereux auquel se livrent les États du monde entier pour exploiter au maximum les richesses de notre planète.
Quantum of Solace hésite entre vision d’auteur et volonté commerciale
Cette dimension politique, certes effleurée, donne une saveur supplémentaire à cet épisode qui alterne donc bonnes et mauvaises idées. Respectant le nouveau cahier des charges de la série, Quantum of Solace est une œuvre plus en phase avec son temps, qui semble parfois s’égarer entre la volonté auteurisante du réalisateur (un grand sérieux dans le traitement de l’image et de l’histoire) et celle plus commerciale des producteurs (une recrudescence de séquences spectaculaires par rapport au précédent). Un mélange aussi abscons que le titre, en attendant que Sam Mendes révolutionne complètement la saga avec les titres suivants.
Critique de Virgile Dumez
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