Pourris gâtés est une comédie cruche au postulat sympathique, mais toujours à côté de ses pompes. Au moins, le succès fut réel sur Netflix.
Synopsis : Paresseux, capricieux, fêtards et pourris gâtés, les trois enfants d’un riche homme d’affaire ne font rien de leur vie, à part dépenser l’argent de leur père. Lassé par leur comportement, celui-ci décide de leur donner une bonne leçon en leur faisant croire qu’ils sont totalement ruinés. Pour la première fois de leur vie, les trois enfants se retrouvent alors à devoir faire l’impensable : travailler !
Pourris gâtés : et la victime du “pass vaccinal” devint
Critique : Victime d’une situation post-covid très difficile (le film est sorti en septembre 2021 lorsque le box-office était en panne), Pourris gâtés n’a pas trouvé l’écho qu’il espérait. A peine 442 901 spectateurs malgré un beau casting et un circuit ample de 437 salles. Le passe vaccinal et la concurrence de la comédie trash L’origine du monde de Laurent Lafitte et de Dune de Denis Villeneuve, ont peut-être joué contre lui, même si le film épique de science-fiction ne visait pas le même public.
Néanmoins, après 148 506 spectateurs en première semaine, le bouche-à-oreille fonctionne : 102 160 entrées en 2e semaine, 91 592 spectateurs en 3e semaine, 53 173 en 4e semaine… La comédie franchouillarde de la rentrée 2021 se maintient bien pendant 6 semaines, ce qui est le signe d’un bouche-à-oreille favorable.
… un triomphe sur Netflix à l’étranger
Ces résultats français demeurent toutefois bien en-deçà des chiffres que Pourris gâtés engrange sur la plateforme Netflix, à l’étranger, notamment sous le titre de Spoiled Brats aux USA. Ce remake de la comédie mexicaine Nosotros los nobles de Gary Alazaki (2013) devient l’un des films les plus vus pour un programme non anglophone sur la plateforme internationale. On commence alors à vraiment parler du film. Même TF1 décidera de lui accorder sa sacro-sainte case du prime time du dimanche soir, un 30 juillet 2023. Il faut exploiter ce produit qui a reçu le label symbolique du Festival de l’Alpe d’Huez 2021, faute de la tenue physique de l’édition, en pleine tourmente de la Covid et de ses nombreuses vagues.
Un remake au postulat social séduisant
Ces échos très positifs peuvent surprendre au vu de la qualité réelle de cet assemblage de gags poussifs. Le postulat de départ est séduisant, puisqu’on retrouve Gérard Jugnot en millionnaire, las de l’oisiveté de ses trois enfants jetsetteurs, qui décide de feindre une banqueroute et pour aider par la violence le sens des mots travail et du sacrifice. Sa génération à lui a fait fortune à la sueur de son front.
La présentation burlesque des parasites de mômes, joués par la chanteuse Camille Lou (Danse avec les Stars), en diva et incarnation française de Paris Hilton, Artus dans l’un de ses premiers grands rôles, et Louka Melieva en glandeur né qui plane de la cool attitude, amuse. La deuxième partie, celle de la (fausse) pauvreté désole. Les situations téléphonées de l’appropriation du vrai monde par des mondains superficiels sont souvent mal écrites et ne présentent aucun intérêt narratif, répondant à des formules plates pour programmes de télévision bas de gamme.
Le résultat est plombé par la facilité
De plus, les seconds rôles fatiguent. Tom Leeb, en particulier. L’auteur compositeur de talent n’a pas le charisme d’humoriste de son père, malgré son look de jeune crooner ou de playboy patenté. Il retranscrit aisément une figure lisse à l’écran, mais sans lui apporter l’hilarité recherchée, surtout dans les moments vachards où il devient le vrai méchant de l’intrigue. L’acteur emploie toute la fadeur de ses prestations dans le Covid flick de Dany Boon, 8 Rue de l’Humanité, et la comédie d’hôpital C’est la vie de Julien Rambaldi, toutes deux particulièrement affligeantes. Dans Pourris gâtés. où il incarne un séducteur de grosses fortunes qui profite de son physique avenant pour attirer dans ses lacs des donzelles riches et naïves, son faux accent étranger insupporte et il participe à vraiment plomber ce qui restera une tentative à-demi ratée de remake à la française.
Bref, Pourris gâtés avait bien sa place sur Netflix. Et il aurait mieux fait d’y rester.
Biographies +
Nicolas Cuche, Gérard Jugnot, Artus, Camille Lou, Louka Melieva, François Morel, Tom Leeb,