Piscine à débordement (Infinity Pool) : la critique du film (2023)

Horreur, Epouvante, Science-fiction, Trash | 1h58min
Note de la rédaction :
9/10
9
Affiche de Piscine à débordement (Infinity Pool)

  • Réalisateur : Brandon Cronenberg
  • Acteurs : Alexander Skarsgard, Jalil Lespert, Mia Goth, Thomas Kretschmann, Cleopatra Coleman
  • Date de sortie: 01 Nov 2023
  • Année de production : 2023
  • Nationalité : Canadien, Hongrois, Croate
  • Titre original : Infinity Pool
  • Titres alternatifs : Débordement (Québec), Piscina Infinita (Brésil), Muerte Infinita (Mexique), Végtelen víztükör (Hongrie), Piscina infinita (Infinie), 无边泳池 (Chine)
  • Scénariste : Brandon Cronenberg
  • Monteur : James Vandewater
  • Directeur de la photographie : Karim Hussain
  • Compositeur : Tim Hecker
  • Producteurs : Andrew Cividino, Rob Cotterill, Jonathan Halperyn, Karen Harnisch, Anita Juka, Daniel Kresmery, Noah Segal
  • Producteurs exécutifs : Michael Bloom, Jeff Deutchman, Brandon Cronenberg, Ryan Heller, Emily Kulasa, Hengameh Panahi, Tom Quinn, Alexander Skarsgård, Emily Thomas, Maria Zuckerman
  • Sociétés de production : Film Forge, Hero Squared, 4 Film, Celluloid Dreams, Croatian Film Association, Elevation Pictures, Neon, Topic Studios, Telefilm Canada
  • Distributeur : Neon (USA), Focus Features International (FFI) (Royaume-Uni)
  • Editeur vidéo : Universal Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 1er novembre 2023 (VOD)
  • Budget : 4 500 000$
  • Box-office France / Paris-Périphérie : Inédit
  • Box-office nord-américain : 5 078 400$
  • Classification : -
  • Formats : 1.78 : 1 / Couleur / 5.1
  • Festivals : Sundance Film Festival 2023, Berlin International Film Festival 2023, Kosmorama Trondheim International Film Festival Norvège 2023, Night Visions International Film Festival (Finlande), Istanbul Film Festival (2023), Karlovy Vary International Film Festival (République Tchèque), Taipei Golden Horse Film Festival (Taiwan 2023),
  • Nominations : Directors Guild of Canada (3 nominations)
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : 2022 Infinity (FFP) Movie Canada Inc., Infinity Squared KFT, Cetiri Film d.o.o. © 2023. Universal Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Piscine à débordement (Infinity Pool) est un uppercut dans le body horror dans lequel Cronenberg fils tue enfin le père. Subversif et choc.

Synopsis : James et Em Foster profitent de vacances tous frais payés sur l‘île de La Tolqa, Tout se passe comme dans un rêve. Mais un soir, James renverse un inconnu avec sa voiture. C’est alors que se révèlent les dessous monstrueux de la station balnéaire, où le tourisme hédoniste se conjugue avec la violence sadique.

Du body-horror à classer du côté des chefs d’oeuvre d’Ari Aster

Critique : Projet dingue que Brandon Cronenberg traîne depuis plusieurs années, Piscine à débordement (Infinity Poolest une nouvelle date dans le genre du body-horror ou du film d’épouvante pour adultes. Infinity Pool surpasse en tous points les deux précédents longs du fils de David Cronenberg (Antivirus et l’ambitieux Possessor) et même toutes les dernières engeances du père avec lesquelles les points communs sont multiples, comme la fusion des corps dans une sexualité orgiaque que n’aurait pas reniée Brian Yuzna (Society, 1989), le caractère B en moins. La cérémonie mortuaire qu’est Infinity Pool est davantage à ranger dans les provocations morbides d’un Ari Aster (Hérédité, Midsommar et Beau is Afraid), dont on retrouve l’ambition de l’originalité, l’exigence de la réalisation et le goût de la subversion.

Le cinéma dérangeant des années 2020

Troublant, déstabilisant, dérangeant. Violent, glauque, gore. Pervers, dégénéré, dépravé. Le cérémonial érotico-horrifique de Brandon Cronenberg est surtout une effroyable métaphore de nos sociétés qui convie le voyeurisme entre classes sociales à l’endroit d’une réflexion intelligente sur le tourisme en territoire pauvre. Objet du mépris des classes, la misère n’est que vie sans valeur aux yeux de nantis qui paieront de leur pouvoir le droit d’asservir et de donner le coup de grâce dans un jeu de chasse à courre élitiste.

En mettant en scène l’innommable, jusqu’à filmer en porno la corruption du corps et de l’âme, Brandon Cronenberg ose le récit amoral, celui d’une tribu de riches touristes qui s’amuse du sacrifice de l’innocent et évite en sortant les liasses l’exécution mortelle lors d’un délit criminel. Sur une île solaire aux occupants de crasse et de superstition, sur fond de décor paradisiaque, l’Occidental n’a qu’à signer et payer pour que l’Etat lui confère un clone qui sera condamné à mort selon la loi du talion barbare qui se perpétue encore.

Regarde-toi crever !

Dans un glaçant effet miroir, le coupable assiste à la mise à mort de son double, dans une violence insoutenable qui ne peut que générer réflexion quant au sens de cette danse macabre où l’on garde les yeux grands ouverts avec difficulté face aux excès d’une violence étatique, humaine et cinématographique.

Particulièrement maîtrisée, cette coproduction tournée principalement en Europe, tout particulièrement en Croatie et en Hongrie, avec un Jalil Lespert prospère pour la touche française, est marqué par le jeu brillant d’Alexander Skarsgård, écrivain en quête d’inspiration, tantôt bourreau, homme chien, et enveloppe charnelle en quête de sa propre identité… Pour l’accompagner, la diablesse Mia Goth, habituée des productions trash (Nymphomaniac, A Cure for LifeX, Pearl…), s’amuse de sa voix de Betty Boop, de ses formes envoûtantes et de son personnage à la limite du grotesque et du cauchemar lynchien.

Infinity Pool, une œuvre amorale pour un public averti

Promis à la haine pour bien des spectateurs, Infinity Pool a connu un début d’année prometteur à Sundance en janvier 2023, dans la section Minuit, avant de se faire remarquer au festival de Berlin. Sa carrière américaine fut désespérante, passant de 2 500 000$ pour son premier week-end à 835 000 pout son second (-66.8%), et même à seulement 194 000$ en week-end 3 (-76.8%). Aussi, c’est en VOD et en vidéo physique qu’Universal proposera dans le monde cette production Focus Features.

En France, on découvre le shocker tant attendu en novembre 2023, directement en VOD, sans passer par la case salle. Universal lui confère une traduction littérale de son titre original. Infinity Pool est devenu Piscine à débordement, quand nos cousins québécois avaient opté pour Débordement tout simplement. L’appellation hexagonale qui ne ressemble en rien à un patronyme de cinéma, assène un peu plus un caractère unique à ce récit sauvage et obscène qui compte parmi les plus forts et les plus choquants de cette année 2023.

Cronenberg a tué le père ; du parricide, l’on se repaît avec succulence.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 1er novembre 2023

Piscine à débordement (Infinity Pool), de Brandon Cronenberg

© 2023 Focus Features. All Rights Protected.

Biographies +

Brandon Cronenberg, Alexander Skarsgard, Jalil Lespert, Mia Goth, Cleopatra Coleman

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Affiche de Piscine à débordement (Infinity Pool)

Bande-annonce de Infinity Pool

Horreur, Epouvante, Science-fiction, Trash

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