Impeccable thriller à l’action soutenue et à l’ambiance angoissante, Peur sur la ville est un hit de Belmondo parfaitement mérité. Du beau travail.
Synopsis : Norah Elmer a reçu plusieurs appels téléphoniques d’un certain Minos dévoilant sa vie privée. Peu de temps après, elle est tuée. Le commissaire Letellier enquête et rencontre des femmes menacées par ce genre d’appels. Un second meurtre est commis. Grace à un œil de verre brisé, Letellier ne tarde pas a retrouver l’assassin..
Jean-Paul Belmondo, début du système B, comme Bébel
Critique : Après le triomphe du Casse, déjà réalisé par Henri Verneuil, ainsi que quelques contre-performances au box-office et la caution artistique porté par des choix audacieux (Stavisky d’Alain Resnais), Jean-Paul Belmondo et sa société Cérito décident de casser la baraque avec un polar commercial dont la seule existence est justifiée par l’appât du gain. Henri Verneuil se met donc au travail avec l’aide précieuse de Francis Veber aux dialogues. Ce dernier ajoute quelques notes humoristiques dans un ensemble au premier degré assumé. Croisement entre le psycho-thriller à l’américaine et le giallo transalpin, Peur sur la ville (1975) appartient à la catégorie des petits miracles cinématographiques qui font d’une œuvre mineure une référence grâce à la collaboration fructueuse entre ses différents créateurs.
Peur sur la ville, le virage américain du cinéma français
Porté par un scénario classique, mais d’une diabolique efficacité, des dialogues inspirés, des cascades impressionnantes effectuées par un Belmondo en pleine forme et une musique angoissante d’Ennio Morricone, ce thriller stressant tient en haleine de la première à la dernière image. Certes, Verneuil sacrifie ici à la mode du polar urbain initiée par les films avec Clint Eastwood et Charles Bronson, – évidemment l’affiche évoque le Bullitt de Peter Yates -; mais il faut avouer que le cadre moderne offert par le tout récent quartier de La Défense impose une ambiance glaciale qui donne tout son cachet à cette course-poursuite haletante. Le cinéaste multiplie les scènes d’action pour notre plus grand plaisir et signe plusieurs morceaux de bravoure ancrés dans toutes les mémoires : que ce soit la poursuite sur les toits de Paris, modèle d’acrobaties vertigineuses, sur celui d’un métro ou encore suspendu à un hélicoptère, Bébel impressionne beaucoup par sa réelle prise de risque. Ces séquences font beaucoup pour renforcer l’aspect réaliste d’un métrage qui prend également le pouls d’une France libérée sur le plan sexuel depuis 1968 (le maniaque sexuel est stimulé par la déferlante érotique qui touche alors l’Hexagone). Enfin, il faut saluer l’impeccable prestation d’Adalberto-Maria Merli, terrifiant dans la peau du tueur à l’œil de verre. Il justifie à lui seul la vision de ce hit des années 70 ayant cumulé près de quatre millions d’entrées sur toute la France, faisant de lui le deuxième plus gros succès de l’année 1975 juste derrière La tour infernale.
De quoi satisfaire les attentes de son acteur-producteur.
Critique du film : Virgile Dumez