Alain Resnais

Réalisateur
Hiroshma mon amour, affiche de la reprise 2013

Personal Info

  • Nationalité : Français
  • Date de naissance : 3 juin 1922 à Vannes (France)
  • Date de décès : 1er mars 2014 à Neuilly-sur-Seine (France)
  • Crédit visuel : © 1959 Argos Films. Tous droits réservés

Biographie

Note des spectateurs :

Alain Resnais est un auteur majeur du cinéma français, dont l’œuvre est internationalement admirée. D’Hiroshima mon amour à On connaît la chanson en passant par Providence et Mon oncle d’Amérique, il s’est partagé entre un art conceptuel et une approche ludique du septième art.

Alain Resnais : des courts métrages magistraux aux chefs-d’œuvre des années 60 et 70

Né le 3 juin 1922 à Vannes, Alain Resnais est nourri dans son enfance et son adolescence à la littérature d’aventures, à la bande dessinée et aux serials, mais aussi au surréalisme. Il entreprend des études à l’IDHEC et réalise dans les années 50 des courts métrages sur des artistes, qui tranchent avec les habituels documentaires de musée de l’époque : Van Gogh ou Les statues meurent aussi (coréalisé avec Chris Marker en 1953) anticipent Toute la mémoire du monde (1956), exploration insolite et magistrale de la Bibliothèque nationale. Entre-temps, Alain Resnais réalise Nuit et brouillard (1955), bouleversante évocation des camps de la mort, modèle de montage et de rigueur historique.

Son premier long métrage, Hiroshima mon amour, est présenté au Festival de Cannes en 1959. Le choc esthétique est indéniable et si le film est ignoré par le jury, il obtiendra quelque temps après plusieurs récompenses dont le prix Méliès. Évocation du drame individuel d’une jeune femme (Emmanuelle Riva), articulé avec le thème de l’horreur nucléaire, Hiroshima suscite un choc esthétique et révèle un auteur majeur. Le métrage permet au cinéaste de traiter le thème de la mémoire, une constante de son œuvre, qu’il aborde par un art maîtrisé du montage. Alain Resnais est alors considéré comme l’un des cinéastes emblématiques de la Nouvelle Vague, même si ses méthodes de tournage, son souci de perfection technique et sa conception du scénario vont à l’encontre de la doxa des Cahiers du Cinéma. Hiroshima mon amour, dont les dialogues ont été écrits par Marguerite Duras, inaugure par ailleurs la collaboration de Resnais avec des écrivains ou scénaristes de renom.

C’est le cas de L’année dernière à Marienbad (1961), Lion d’or au Festival de Venise, dont le scénario est signé Alain Robbe-Grillet. Cette longue psalmodie magnifiée par les décors stylisés de Bernard Evein et le jeu envoûtant de Delphine Seyrig s’avère une œuvre majeure du cinéma contemporain. Resnais retrouvera Delphine Seyrig, Coupe Volpi de la meilleure actrice à la Mostra pour Muriel ou Le temps d’un retour (1963). Le film, écrit par Jean Cayrol, est un autre sommet du cinéma de l’introspection mentale. S’essayant à un cinéma plus ouvertement politique, tout en restant fidèle à son univers, Alain Resnais collabore ensuite avec l’écrivain Jorge Semprún et Yves Montand pour La guerre est finie (1966), poignant récit d’un militant espagnol en exil à Paris. Le film est mieux accueilli que Je t’aime, je t’aime (1968). Ce faux voyage temporel mais vraie description de l’imaginaire, coécrit avec Jacques Sternberg et interprété par Claude Rich, apparaît rétrospectivement comme l’une de ses plus grandes réussites.

Les années 70 sont un peu creuses sur le plan quantitatif. En 1974, Alain Resnais retrouve le scénariste Semprún et dirige Jean-Paul Belmondo dans Stavisky, évocation fantasmée de la vie du célèbre escroc, qui divise la critique et peine à trouver son public. Mais en 1977, Providence, tourné en Angleterre avec Dirk Bogarde, John Gielgud et Ellen Burstyn, explore avec bonheur les affres de la création et le pouvoir de l’imagination. L’œuvre remporte sept César dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario pour David Mercer.

Un réalisateur multi-primé à la reconnaissance critique internationale

Trois ans plus tard a lieu le triomphe critique et public de Mon oncle d’Amérique (1980), sur un scénario de Jean Gruault, avec Gérard Depardieu, Nicole Garcia et Roger-Pierre. Cette vulgarisation ludique des travaux de Henri Laborit gagne le Grand prix spécial du Jury au Festival de Cannes. Si La vie est un roman (1983) et L’amour à mort (1984), également écrits par Gruault, sont des échecs commerciaux, ils n’en révèlent pas moins la cohérence de la démarche de Resnais, le premier dans un registre lyrique, le second dans le cadre d’un cinéma intimiste de chambre. Ce sont aussi deux films à partir desquels il collabore avec trois de ses nouveaux acteurs de prédilection : Sabine Azéma, André Dussollier et Pierre Arditi. Il les dirige en 1986 dans Mélo, adaptation élégante d’un mélodrame théâtral de Henri Bernstein (César de la meilleure actrice pour Sabine Azéma), qui précède I Want to Go Home (1989), scénarisé par l’auteur de BD Jules Feiffer.

Les années 90 marquent une évolution dans son œuvre, qui adopte un ton plus léger de comédie, malgré un style toujours personnel et des accents de gravité. Sa collaboration avec les scénaristes Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri élargit son public et lui permet d’obtenir à nouveau, et à deux reprises, le César du meilleur film. C’est d’abord le succès du diptyque Smoking/No Smoking (1993), adaptation d’une pièce d’Alan Ayckbourn, savoureux récit à fins multiples dans lequel Pierre Arditi (César du meilleur acteur) et Sabine Azéma interprètent une dizaine de personnages. En 1997, On connaît la chanson, comédie chorale subtile, est le plus gros succès public d’Alain Resnais, et un jalon dans les carrières d’André Dussollier (César du meilleur acteur), Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (César des meilleurs seconds rôles et scénaristes). L’œuvre permet en outre à Resnais de remporter un troisième prix Louis-Delluc, après La guerre est finie et Smoking/No Smoking. Les films qui suivent sont imprégnés du même esprit.

Cinéaste octogénaire puis nonagénaire, Alain Resnais livre encore de beaux moments d’inspiration avec Pas sur la bouche (2003), adaptation d’une vieille opérette d’André Barde (César du meilleur acteur dans un second rôle pour Darry Cowl) ; et Cœurs (Ours d’argent à la Berlinale 2006), comédie métaphysique douce-amère, scénarisé par Jean-Michel Ribes d’après une pièce d’Ayckbourn. Les herbes folles, fantaisie décalée, lui vaut un Prix spécial pour l’ensemble de sa carrière au Festival de Cannes 2009. Resnais livre encore Vous n’avez encore rien vu (2012), adaptation d’Anouilh ; et Aimer, boire et chanter (Prix FIPRESCI à Berlin). Ce dernier film est encore une adaptation d’Ayckbourn, coécrite par Laurent Herbier, dont c’est la troisième collaboration avec le cinéaste. L’œuvre sort en salle quelque temps après la mort d’Alain Resnais, survenue le 1er mars 2014 à Neuilly-sur-Seine.

Gérard Crespo

Affiche de On connaît la chanson d'Alain Resnais

© 1997 Arena Films. Tous droits réservés.

Filmographie (longs métrages)

  • 1959 : Hiroshima mon amour
  • 1961 : L’Année dernière à Marienbad
  • 1963 : Muriel ou Le temps d’un retour
  • 1966 : La Guerre est finie
  • 1974 : Stavisky
  • 1980 : Mon oncle d’Amérique
  • 1983 : La Vie est un roman
  • 1984 : L’Amour à mort
  • 1986 : Mélo
  • 1989 : I Want to Go Home
  • 1993 : Smoking/No Smoking
  • 1997 : On connaît la chanson
  • 2003 : Pas sur la bouche
  • 2006 : Cœurs
  • 2009 : Les Herbes folles
  • 2012 : Vous n’avez encore rien vu
  • 2014 : Aimer, boire et chanter
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