L’or de MacKenna est un grand film malade qui préfère l’esbroufe et le gigantisme à la subtilité. C’est souvent efficace, parfois grotesque, mais toujours soucieux d’en mettre plein la vue.
Synopsis : Un hors-la-loi, Colorado, kidnappe le shérif MacKenna, censé seul connaître l’emplacement d’un gisement d’or appartenant aux Apaches. La nouvelle se répand et éveille les convoitises, et c’est bientôt une véritable petite troupe qui part à la recherche de l’or légendaire. Mais l’entrée en territoire indien leur réserve bien des difficultés…
Critique : A l’origine du triomphe mondial des Canons de Navarone (Jack Lee Thompson, 1961), le producteur et scénariste Carl Foreman choisit d’adapter en 1968 le roman de Heck Allen (sous le pseudo Will Henry) L’or de MacKenna afin d’en faire une nouvelle superproduction destinée à casser la baraque au box-office. Afin de réitérer le miracle de Navarone, il embauche la même équipe artistique, avec aux commandes le yes man Jack Lee Thompson et devant la caméra la star Gregory Peck. Doté d’un budget astronomique de 7 millions de dollars, le film a dès le départ la vocation d’être un divertissement total voué à impressionner les foules du monde entier. A partir d’une simple histoire de chasse au trésor qui semble calquée sur celle du Trésor de la Sierra Madre de Huston, le scénariste a greffé des péripéties toujours plus folles, faisant intervenir tous les ingrédients traditionnels d’un bon western (des Indiens, des soldats, des brigands, des chevauchées, des duels) en les épiçant d’une scène d’érotisme soft et d’un final grandiose qui tire vers le film catastrophe. Le but est bien évidemment de rivaliser avec la scène de destruction finale de Navarone, référence soulignée dès l’affiche : Réalisé par “CEUX” des Canons de Navarone, l’un des plus gros succès des années 60.
Design & Création graphique : Dark Star ©1968, renewed 1996 Columbia Pictures Industries, Inc. All Rights Reserved. Tous droits réservés
La folie des grandeurs du producteur Carl Foreman
Dans sa folie des grandeurs, Carl Foreman s’est laissé piéger et a accouché d’une œuvre monstrueuse de plus de trois heures qui a ensuite été charcutée dans la salle de montage pour revenir à une durée plus raisonnable de deux heures. Ce massacre a fini par avoir raison d’un script déjà passablement absurde, une voix off étant chargée de combler les vides. Monté à la truelle, cet ancêtre du blockbuster contemporain se retrouve sérieusement handicapé par des raccourcis narratifs douteux, ainsi que par un nombre conséquent de raccords foireux. Mais la plus grosse erreur de Foreman est d’avoir confié la réalisation de son bébé à Jack Lee Thompson. Visiblement content d’avoir les coudées franches avec un budget conséquent, le cinéaste semble pris d’une frénésie filmique qui confine à la folie furieuse. Au lieu de suggérer les états d’âme de ses personnages, Thompson montre absolument tout. Là où un plan furtif suffirait à créer une tension, il en fait des tonnes en agitant sa caméra dans tous les sens. Parfois, il parvient à nous estomaquer par ses prouesses, mais il n’évite malheureusement pas toujours le ridicule (les plans subjectifs lors des chevauchées au-dessus du vide). Il use et abuse d’effets spéciaux ratés (les plans accélérés très visibles, les transparences affreuses, les mannequins en mousse projetés dans le vide) au lieu de suggérer ce qu’il ne peut concrétiser de manière convaincante à l’écran.
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L’or de MacKenna, un accident industriel divertissant
Malgré ces imperfections qui sont autant de signes d’un film malade, L’or de MacKenna demeure un spectacle fort sympathique à visionner. Tout d’abord parce que dans leur générosité extrême, les auteurs nous offrent quand même quelques beaux morceaux de bravoure (on adore la découverte du canyon secret par des effets psychédéliques) qui témoignent d’un amour véritable pour le film d’aventures avec un grand A. Ensuite, parce que le film est l’occasion de revoir des acteurs de premier plan dans des rôles secondaires (Eli Wallach, Edward G. Robinson, Lee J. Cobb, Anthony Quayle, Raymond Massey et Burgess Meredith, excusez du peu), tandis que le duo formé par Gregory Peck et Omar Sharif fonctionne plutôt bien. Enfin, on apprécie également le discours d’une œuvre qui se moque ouvertement des vanités humaines. Autant de bonnes raisons d’être indulgent envers cette superproduction emphatique, parfois grotesque, mais soucieuse d’en offrir toujours plus au spectateur.
Label : Philips – Tous droits réservés – Photo © 1968, renewed 1996 Columbia Pictures Industries, Inc. All Rights Reserved. Tous droits réservés
Notes : La version française, par ailleurs assez mal doublée, possède une particularité franco-française puisque la chanson du générique n’est pas interprétée par José Féliciano comme sur la VO, mais par un certain Johnny Hallyday. Pas sûr que cela serve vraiment le film, tant les paroles françaises s’avèrent risibles.
La musique originale est signée par Quincy Jones.
Biographies +
Jack Lee Thompson, Lee J. Cobb, Raymond Massey, Edward G. Robinson, Gregory Peck, Omar Sharif, Anthony Quayle, Burgess Meredith, Eli Wallach, Telly Savalas
Les sorties de la semaine du 21 mars 1969
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