Adaptation fort réussie d’un monument de la littérature, Le Comte de Monte-Cristo est remarquable par la fluidité de son écriture, la qualité de son interprétation et la puissance évocatrice de ses images. Du très grand spectacle, marqué par une grande noirceur d’âme. On aime !
Synopsis : Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.
Copyright 2024 Chapter 2, Pathé, M6 Films. Photographe : Jérôme Préboist.
Un monument souvent adapté au grand écran
Critique : Œuvre monumentale d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo est un roman-fleuve paru en feuilleton entre 1844 et 1846 et comptant la bagatelle de 1 500 pages – chiffre variable en fonction des éditions, bien entendu. Pourtant, malgré son épaisseur, le roman a été maintes fois adapté au cinéma, et ceci depuis les débuts du muet.
Ainsi, les premières versions connues datent de 1908. Pour les plus récentes, on signalera la version américaine La Vengeance de Monte-Cristo (Kevin Reynolds, 2002) avec Jim Caviezel ou encore la dramatique télé tournée par Josée Dayan (Le Comte de Monte-Cristo) en 1998 avec Gérard Depardieu, qui n’a pas reçu que des éloges. En ce qui concerne la France, la dernière version cinéma en date remonte à 1968 et la très libre adaptation Sous le signe de Monte-Cristo (André Hunebelle) qui déplaçait l’intrigue durant la Libération.
Une écriture fluide qui respecte le roman d’origine
A la suite du succès rencontré par le diptyque sur les Trois Mousquetaires (Martin Bourboulon, 2023), les deux scénaristes Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte ont obtenu le feu vert pour mettre en chantier un projet encore plus ancien concernant cet autre roman clé d’Alexandre Dumas. Motivés par l’accord trouvé avec Pierre Niney, les deux coauteurs ont pu s’atteler au colossal travail d’adaptation du bouquin. Le plus important était d’élaguer au maximum sans jamais perdre le fil de l’intrigue et sans donner le sentiment d’avoir vidé le roman de sa substantifique moelle.
Autant le dire d’emblée, le résultat est tout à fait probant, allant même au-delà des espérances. Effectivement, dès les premières minutes, le spectateur est plongé dans un spectacle total et ne sera jamais lâché par des auteurs qui maîtrisent tous les éléments d’une intrigue pourtant touffue. Le Comte de Monte-Cristo tient toutes ses promesses de grand spectacle sans jamais se départir d’une grande noirceur de trait.
Copyright 2024 Chapter 2, Pathé, M6 Films. Photographe : Jérôme Préboist.
La vengeance est un plat qui se mange froid
Très rapidement, le film nous plonge dans les affres d’une affaire qui mêle politique et jalousies personnelles de manière inextricable. Victime d’une terrible injustice, Edmond Dantès se retrouve enfermé au château d’If durant une quinzaine d’années dans des souffrances inimaginables.
Ce passage donne lieu à des scènes volontairement lentes, mais qui saisissent par leur capacité à faire prendre conscience du temps qui passe. Dès lors, le seul élément qui raccroche le personnage à la vie est la vengeance. Lorsque celle-ci va pouvoir enfin s’exercer, les auteurs parviennent à maintenir le suspense sur les moyens employés, de façon à ce que la toile tissée par le vengeur fou autour de ses ennemis n’apparaisse dans toute sa clarté que lors du dernier quart d’heure. Dès lors, l’infinie cruauté dont fait preuve le personnage principal offre une réelle complexité psychologique à cet être brisé qui n’est plus que haine.
D’excellents acteurs pour des personnages complexes
Pour l’incarner, Pierre Niney est excellent, proposant des nuances de jeu absolument crédibles, jusque dans le port de masques qui dissimulent plus ou moins bien son identité aux yeux de ses ennemis. Face à lui, Anaïs Demoustier compose une Mercédès épatante car la comédienne laisse apparaître ses doutes et son trouble de manière convaincante. Il s’agit à coup sûr du personnage le plus tragique de l’œuvre.
Parmi les ennemis d’Edmond Dantès, on compte les excellents Laurent Lafitte, Patrick Mille et Bastien Bouillon qui forment un trio jubilatoire d’êtres humains méprisables. Du côté du casting plus jeune, on signalera aussi la puissance intériorisée de Julien de Saint Jean et la belle naïveté dégagée par Vassili Schneider. Du côté des jeunes femmes, Anamaria Vartolomei compose une Haydé tout à fait troublante de duplicité.
Copyright 2024 Chapter 2, Pathé, M6 Films. Photographe : Jérôme Préboist.
Le Comte de Monte-Cristo, un spectacle magnifique à voir sur grand écran
Magnifié par un casting trois étoiles, Le Comte de Monte-Cristo dispose également d’une très belle réalisation, à la fois ample dans les moments spectaculaires et intimiste dans les moments plus dramatiques. Le tout est embelli par une très belle photographie, des décors majestueux et des paysages grandioses (filmés à Malte et à Chypre, notamment). Enfin, la musique de Jérôme Rebotier sait se faire imposante, même si elle est parfois surexploitée. Elle souligne avec majesté les moments les plus dramatiques du long métrage et sait également prendre des atours plus sombres, parfois sur le modèle des compositions d’Hans Zimmer.
Grand spectacle intégral, mais également grand film sur la vengeance obsessionnelle et destructrice, Le Comte de Monte-Cristo surpasse nettement le diptyque des Trois Mousquetaires – qui était déjà une bonne surprise – et s’impose donc comme un grand film français. On ne peut que lui souhaiter un beau succès populaire, d’autant que le budget en est colossal et que les enjeux sont donc importants. Le public souhaite-t-il retrouver ce type de cinéma populaire dans les salles ? On espère sincèrement que ce sera le cas.
Critique de Virgile Dumez
Copyright 2024 Chapter 2, Pathé, M6 Films. Photographe : Jérôme Préboist.
Box-office du Comte de Monte-Cristo
- Paris-périphérie 14h : 6 708 entrées (88 copies)
- Paris 14h : 3 611 entrées (30 copies)
- Première semaine Paris Périphérie : 246 696 (249 410 avec les avant-premières)
- Aucune salle sous les 1 000 spectateurs en première semaine dans les 31 salles parisiennes.
- Meilleur résultat par salle première semaine : 11 424 entrées à l’UGC Ciné-Cité les Halles
- Programmé au Grand Rex : 4 200 spectateurs (semaine 1 – 5 jours)
- Moins bon résultat Paris-Périphérie : 151 spectateurs au 3 Robespierre de Vitry (semaine 1-5 jours)
- Premier jour France : 125 010 entrées dont 11 978 en avant-premières (628 copies)
- Première semaine France : 1 175 034 entrées (628 copies), 2e au classement hebdo
- Première semaine France avec avant-premières : 1 187 240 entrées, 2e au classement hebdo
- Moyenne France par écran : 1 871 spectateurs par salle
Les sorties de la semaine du 26 juin 2024
Copyright 2024 : Chapter 2, Pathé, M6 Films, Fargo Films. – Sortie officielle le vendredi 29 juin 2024