Comédie inoffensive malgré un sujet brûlant, La zizanie vaut surtout pour la puissance comique du duo Louis de Funès / Annie Girardot. Ils sont pour beaucoup dans le plaisir éprouvé durant la projection.
Synopsis : Industriel ambitieux, Guillaume Daubray-Lacaze agrandit son usine de matériel de dépollution, détruisant du même coup le jardin de sa femme Bernadette, férue d’horticulture. Décidée à se venger de son mari, elle quitte le domicile conjugal, et se présentant contre lui aux élections municipales.
Une conception houleuse, troublée par la plainte pour plagiat de Mocky
Critique : Après le triomphe rencontré par L’aile ou la cuisse (1976), soit plus de 5 millions d’entrées rien que sur le territoire français, le duo Christian Fechner / Claude Zidi se précipite pour offrir à Louis de Funès une nouvelle comédie sur un plateau. Entre-temps, les deux hommes ont également connu un beau score au box-office avec L’animal pour Jean-Paul Belmondo, pourtant terriblement médiocre.
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Afin de convaincre de Funès, les deux compères proposent à Louis de l’opposer à Annie Girardot, actrice très populaire qui fut autrefois sa partenaire sur les planches. Pour cela, ils s’appuient sur un script de Pascal Jardin s’inspirant de la vogue écologique. Toutefois, Jean-Pierre Mocky a intenté un procès à la production en dénonçant un plagiat de son scénario intitulé Le boucan qu’il avait justement proposé quelques temps auparavant à de Funès. Ce procès a fait grand bruit et finalement Mocky a obtenu un dédommagement confortable pour le préjudice subi.
De Funès – Girardot, un duo comique au diapason
En l’état, La zizanie demeure aujourd’hui une comédie franchement sympathique parsemée de gags efficaces, et surtout de comédiens qui subliment un script un peu rachitique. Bien que fatigué par sa récente crise cardiaque, Louis de Funès retrouve ici de l’allant et livre une prestation digne du grand comique qu’il était.
Il est d’ailleurs largement soutenu par une Annie Girardot totalement survoltée. L’actrice qui était capable d’interpréter des rôles tragiques fait merveille dans cette comédie où elle ne sert jamais de faire-valoir à son partenaire. Sa forte personnalité imprègne un rôle hautement symbolique puisqu’elle représente l’essor de la voix des femmes dans le monde politique d’alors, particulièrement conservateur dans ce domaine.
Zidi oppose la droite et la gauche sans prendre parti
Ici, Louis de Funès continue à incarner cette figure de la petite bourgeoisie entrepreneuriale française, traditionaliste, de droite et généralement opposée à toute idée de progrès social. Face à lui, Annie Girardot représente une certaine idéologie de gauche, plus attentive aux droits des femmes, des ouvriers et à l’environnement. Toutefois, cette opposition idéologique ne débouche sur aucune condamnation, ni de l’un ni de l’autre.
En cherchant à ne s’aliéner aucun public, Claude Zidi signe donc une comédie inoffensive qui égratigne gentiment le monde de la politique (le ridicule programme pour l’emploi de de Funès, l’arrivisme de certains écologistes, avant tout opportunistes) sans vraiment assumer une quelconque prise de position. Finalement, le scénario déplace la plupart des enjeux sociétaux sur le terrain de la crise conjugale, déminant ainsi toute récupération politicienne.
Une réception mitigée, mais une neuvième place au box-office national
Comme à son habitude, le film de Claude Zidi est surtout l’occasion de multiplier les gags les plus absurdes. Il faut le reconnaître, la plupart sont efficaces et provoquent le rire, même si aucune scène ne peut prétendre à devenir culte. Reçu de manière timide par les critiques de l’époque, La zizanie n’a pas non plus convaincu un large public de venir dans les salles obscures.
Certes, le film a attiré tout de même 2,7 millions de fans de la star, mais ce chiffre dont tout le monde se satisferait d’ordinaire représente une chute de 50 % des entrées par rapport à L’aile ou la cuisse, certes plus réussi. Légère déception à l’époque, La zizanie s’est hissée à la neuvième marche du podium annuel, doublé par La carapate d’un certain Gérard Oury.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 22 mars 1978
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© 1978 StudioCanal / Affiche : René Ferracci © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.