La zizanie : la critique du film (1978)

Comédie | 1h37min
Note de la rédaction :
6/10
6
La zizanie, l'affiche

  • Réalisateur : Claude Zidi
  • Acteurs : Louis de Funès, Annie Girardot, Mario David, Maurice Risch, Julien Guiomar, Jacques François, Geneviève Fontanel, Tanya Lopert, Hubert Deschamps, Daniel Boulanger, Clémentine Amouroux
  • Date de sortie: 22 Mar 1978
  • Nationalité : Français
  • Année de production : 1978
  • Scénariste(s) : Claude Zidi, Michel Fabre, Pascal Jardin
  • Directeur de la photographie : Claude Renoir
  • Compositeur : Vladimir Cosma
  • Société(s) de production : Les Films Christian Fechner, Simar Films
  • Distributeur (1ère sortie) : AMLF
  • Éditeur(s) vidéo : CVC (VHS) / StudioCanal (DVD et blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 1er juillet 2020 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 2 798 787 entrées / 539 404 entrées
  • Budget : 21M de francs, soit 12 M d'euros actuels
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Récompensé par le Golden Screen en Allemagne qui prime les films ayant fait le plus d'entrées dans le pays
  • Illustrateur / Création graphique : René Ferracci
  • Crédits : © 1978 StudioCanal
Note des spectateurs :

Comédie inoffensive malgré un sujet brûlant, La zizanie vaut surtout pour la puissance comique du duo Louis de Funès / Annie Girardot. Ils sont pour beaucoup dans le plaisir éprouvé durant la projection.

Synopsis : Industriel ambitieux, Guillaume Daubray-Lacaze agrandit son usine de matériel de dépollution, détruisant du même coup le jardin de sa femme Bernadette, férue d’horticulture. Décidée à se venger de son mari, elle quitte le domicile conjugal, et se présentant contre lui aux élections municipales.

Une conception houleuse, troublée par la plainte pour plagiat de Mocky

Critique : Après le triomphe rencontré par L’aile ou la cuisse (1976), soit plus de 5 millions d’entrées rien que sur le territoire français, le duo Christian Fechner / Claude Zidi se précipite pour offrir à Louis de Funès une nouvelle comédie sur un plateau. Entre-temps, les deux hommes ont également connu un beau score au box-office avec L’animal pour Jean-Paul Belmondo, pourtant terriblement médiocre.

La zizanie, la jaquette du blu-ray

© 1978 StudioCanal / Photo : Paul Apoteker / Conception graphique : © 2019 StudioCanal. Tous droits réservés.

Afin de convaincre de Funès, les deux compères proposent à Louis de l’opposer à Annie Girardot, actrice très populaire qui fut autrefois sa partenaire sur les planches. Pour cela, ils s’appuient sur un script de Pascal Jardin s’inspirant de la vogue écologique. Toutefois, Jean-Pierre Mocky a intenté un procès à la production en dénonçant un plagiat de son scénario intitulé Le boucan qu’il avait justement proposé quelques temps auparavant à de Funès. Ce procès a fait grand bruit et finalement Mocky a obtenu un dédommagement confortable pour le préjudice subi.

De Funès – Girardot, un duo comique au diapason

En l’état, La zizanie demeure aujourd’hui une comédie franchement sympathique parsemée de gags efficaces, et surtout de comédiens qui subliment un script un peu rachitique. Bien que fatigué par sa récente crise cardiaque, Louis de Funès retrouve ici de l’allant et livre une prestation digne du grand comique qu’il était.

Il est d’ailleurs largement soutenu par une Annie Girardot totalement survoltée. L’actrice qui était capable d’interpréter des rôles tragiques fait merveille dans cette comédie où elle ne sert jamais de faire-valoir à son partenaire. Sa forte personnalité imprègne un rôle hautement symbolique puisqu’elle représente l’essor de la voix des femmes dans le monde politique d’alors, particulièrement conservateur dans ce domaine.

Zidi oppose la droite et la gauche sans prendre parti

Ici, Louis de Funès continue à incarner cette figure de la petite bourgeoisie entrepreneuriale française, traditionaliste, de droite et généralement opposée à toute idée de progrès social. Face à lui, Annie Girardot représente une certaine idéologie de gauche, plus attentive aux droits des femmes, des ouvriers et à l’environnement. Toutefois, cette opposition idéologique ne débouche sur aucune condamnation, ni de l’un ni de l’autre.

En cherchant à ne s’aliéner aucun public, Claude Zidi signe donc une comédie inoffensive qui égratigne gentiment le monde de la politique (le ridicule programme pour l’emploi de de Funès, l’arrivisme de certains écologistes, avant tout opportunistes) sans vraiment assumer une quelconque prise de position. Finalement, le scénario déplace la plupart des enjeux sociétaux sur le terrain de la crise conjugale, déminant ainsi toute récupération politicienne.

Une réception mitigée, mais une neuvième place au box-office national

Comme à son habitude, le film de Claude Zidi est surtout l’occasion de multiplier les gags les plus absurdes. Il faut le reconnaître, la plupart sont efficaces et provoquent le rire, même si aucune scène ne peut prétendre à devenir culte. Reçu de manière timide par les critiques de l’époque, La zizanie n’a pas non plus convaincu un large public de venir dans les salles obscures.

Certes, le film a attiré tout de même 2,7 millions de fans de la star, mais ce chiffre dont tout le monde se satisferait d’ordinaire représente une chute de 50 % des entrées par rapport à L’aile ou la cuisse, certes plus réussi. Légère déception à l’époque, La zizanie s’est hissée à la neuvième marche du podium annuel, doublé par La carapate d’un certain Gérard Oury.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 22 mars 1978

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La zizanie, l'affiche

© 1978 StudioCanal / Affiche : René Ferracci © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.

Les dessous de la sortie de La zizanie et le box-office :

Selon Le Film Français, en mars 1978, la 9e collaboration entre le producteur star Christian Fechner et Claude Zidi a coûté un budget considérable de plus de 20 millions de francs, et c’est donc un véritable produit de consommation que l’expert de la vente de divertissements populaires a mis sur le marché. Plus de 100 écrans en province (rare à l’époque) sont mis à disposition et une couverture marketing d’1 500 000 francs, dont 730 000 juste pour l’affichage, sont censés vendre le retour de Louis de Funès, dont il s’agissait en soit d’événement.

Un procès sème “La zizanie” pour la sortie

La mise en place est tumultueuse. Le procès pour contrefaçon intenté par Jean-Pierre Mocky contre la production de La zizanie bat son plein. Même si le tribunal autorise la sortie du film en raison des préjudices commerciaux considérables en jeu, la cour d’appel de Paris n’aide pas Fechner et se fait l’écho du cinéaste Mocky en soulignant effectivement bien des similitudes thématiques et narratives entre Le boucan de JPM et La zizanie de Zidi.

Démarrage en demi-teinte

Au box-office, à Paris, c’est un peu la douche tiède. Par rapport à L’aile ou la cuisse, dans lequel Funès partageait l’affiche avec Coluche, La zizanie, avec 10 salles de plus, accuse au démarrage 66 000 entrées en moins, avec 195 711 spectateurs cette semaine-là. Fechner se rassure en se disant que cela reste toutefois supérieur aux 183 832 spectateurs dans 25 salles de L’animal, avec Belmondo. Le film est largement aidé par le week-end pascal.

La belle carrière de l’Américain Rencontres du 3e type, toujours solide en 5e semaine, n’a pas aidé le tandem De Funès-Girardot, puisque le film de S.F. attirait encore 115 576 fidèles au jeune cinéaste des Dents de la mer Steven Spielberg.

Les salles parisiennes :

Distribué par la boîte de Claude Berri, AMLF (devenu depuis Pathé), La zizanie était à l’affiche sur les écrans des cinémas suivants, sur Paris intra-muros, en première semaine :

le Gaumont Ambassade (16 878 entrées), le Berlitz (18 459), le George V (11 205), le Wepler Pathé (11 497), le Montparnasse Pathé (12 530), le Gaumont Richelieu, le St-Germain Studio, Le Bosquet, le St-Lazare Pasquier, le Cinevog St-Lazare, le Nation, La Fauvette, le Cambronne, le Victor Hugo Pathé, le Gaumont Sud, le Gaumont Gambetta. 14 cinémas de banlieue complétaient cette large couverture.

Pour redécouvrir les salles de cette époque, nous vous conseillons le site Salles Cinéma.com, vous y apprendrez tout sur ces vestiges à ne pas oublier.

Zidi contre l’Amérique

En 2e semaine, La zizanie voit ses entrées fondre, avec 120 397 spectateurs, plus ou moins ce que faisait le Spielberg en 5e semaine. La 3e semaine le voit affronter le phénomène La fièvre du samedi soir et Zidi régresse de 36% (77 003). Au moins, c’est légèrement mieux que Eastwood dans L’épreuve de force (64 674) qui fait son apparition dans le classement.

En 4e semaine, La zizanie décroche d’une place et de 27% pour divertir 56 239 clients. Il faut dire que Delon dans un contre-emploi saisissant sort (avec difficulté) son nouveau long, Attention les enfants regardent (59 453 entrées pour le thriller glauque interdit aux moins de 13 ans).

La 5e semaine sonne la fin de la comédie avec De Funès sur Paris, avec un gadin en 6e place (30 691/26 salles). Les Américains La fièvre du samedi soir et Rencontres du 3e type sont increvables. Marie-Christine Barrault, Dutronc et Brasseur démarrent bien en première place dans L’état sauvage de Francis Girod.

Un échec cuisant pour Christian Fechner

Alors que La fièvre du samedi soir retrouve de l’éclat en première place pour sa 4e semaine, La zizanie fête sa 6e et dernière semaine dans le top 10, avec 26 046 amateurs de comédies populaires. Cela permet au film de De Funès, qui va devenir un petit classique télévisuel, de dépasser enfin les 500 000 entrées sur P.P.

La carrière écourtée du film qui finira sa course 39 000 spectateurs plus haut est un véritable désaveu. En province, le blockbuster national a seulement amusé 2 798 811 Français, soit le moins bon score pour un film de Zidi-Fechner sur un total de 9 œuvres communes.*

L’un des plus bas scores pour Louis de Funès en tête d’affiche

Alors que Travolta donne toujours la fièvre au box-office français avec le triomphe monumental de Grease à la rentrée 1978, Fechner passe à autre chose et annonce à la fin du mois d’octobre 1978 la comédie Bête mais disciplinée, avec Jacques Villeret, réalisé par un certain Zidi.

Sur toute sa carrière, La zizanie sera seulement le 17e plus gros film de Fechner en terme d’entrées. De Funès se relèvera avec un nanar, Le gendarme et les extra-terrestres (6 280 000, 1979), et fera un peu mieux avec La Soupe aux choux qui s’octroie 3 millions de tickets. Avec Jo, L’homme orchestre et surtout Sur un arbre perché et La zizanie est l’une des plus grosses déceptions de Louis de Funès en tant que méga star.

Frédéric Mignard

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La zizanie, l'affiche

Bande-annonce de La zizanie

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