Bête, mais discipliné : la critique du film (1979)

Comédie, Nanar | 1h35min
Note de la rédaction :
3/10
3
Bête, mais discipliné affiche

Note des spectateurs :

Nanar pur jus, Bête, mais discipliné fait partie des plus mauvaises comédies de Claude Zidi, à cause d’un scénario en roue libre et d’idées vraiment saugrenues.

Synopsis : Jacques, bidasse et benêt, est désigné comme volontaire pour le transport d’un gaz secret permettant d’annihiler la volonté. Cette nouvelle tâche ne l’arrange pas, car il comptait filer en douce pour retrouver Sylvie, dont il est amoureux.

Claude Zidi, roi du box-office des années 70

Critique : Véritable champion du box-office français des années 70, Claude Zidi fédère à chaque film des millions de spectateurs, tout en s’attirant les foudres de la critique. Si le réalisateur est capable de tourner des comédies très drôles, il est aussi régulièrement moins inspiré.

A la fin des années 70, il semble un peu en perte de vitesse puisqu’il vient de signer L’animal (1977), médiocre véhicule destiné à laisser Belmondo faire son show, puis La zizanie (1978), agréable petite comédie qui ne tient que par l’efficacité du duo formé par Louis de Funès et Annie Girardot. Avec plus de trois et deux millions de spectateurs chacun, ces deux longs-métrages furent considérés à l’époque comme des déceptions.

Un court retour par la case “bidasses”

On se demande bien ce qui a pu enclencher le désir de tourner Bête, mais discipliné (1979), tant le réalisateur semble ici revenir à tous les travers identifiés dans ses premiers films. Lui qui s’était enfin échappé du film de bidasses y retourne allègrement durant le premier quart d’heure, à une époque où tous les autres réalisateurs de comédie se sont engouffrés dans la brèche. Toutefois, signalons qu’il s’agit sans aucun doute du moment le plus réussi du film. Effectivement, les gags, même basiques, se révèlent plutôt efficaces et le spectateur peut compter sur le jeu solide de débutants comme Daniel Auteuil et Gérard Lanvin pour relever le niveau général.

Zidi part en vrilles dans des délires SF

Malheureusement, ceci n’est que le point de départ d’un scénario totalement absurde qui mélange allègrement les genres. Zidi fait feu de tout bois et alterne sans distinction le vaudeville, la farce burlesque, le film d’espionnage et même la SF dans un grand moment de délire nanardesque où Villeret affronte un cyborg. Si quelques gags parviennent à surnager ça et là, Bête, mais discipliné prend très vite l’allure d’une bien mauvaise blague, même pas drôle au demeurant.

Claude Zidi décide pour cela de s’appuyer sur le jeune Jacques Villeret qui vient de connaître une certaine ascension grâce à ses rôles chez Claude Lelouch. Comme il l’a fait avec Les Charlots, Zidi tente donc d’imposer un nouvel acteur comique en qui il croit. Remarquons toutefois que Villeret paraît bien embarrassé ici, lui qui n’est jamais vraiment le moteur des gags, mais les subit plutôt. Sa bouille rondouillarde suscite certes l’empathie, mais son personnage est finalement trop naïf et crétin pour qu’on s’y attache vraiment.

Un échec public cuisant

Malgré l’abattage de certains acteurs en roue libre (Michel Aumont, en furie et parfois drôle), Bête, mais discipliné se vautre dans le nanar pur premium. En ces circonstances, pas étonnant que le public ne se soit pas déplacé en masse.

Il s’agit d’ailleurs de l’un des plus gros échecs publics de la carrière de Zidi. Proposé dans 24 salles sur Paris, Bête, mais discipliné n’arrive qu’à la deuxième place du classement parisien de la semaine du 22 août 1979, alors que la concurrence était minime. Ainsi, le Zidi ne glane que 45 121 spectateurs sur Paris contre 76 560 pour Au revoir à lundi, drame de Maurice Dugowson avec Miou-Miou et Carole Laure. La semaine suivante, la comédie avec Jacques Villeret se maintient dans un parc de salles à peu près identique, mais ne fédère toujours pas. Le long-métrage reste encore soutenu par les exploitants, mais dévisse sérieusement en quatrième semaine. La province n’est guère plus clémente avec ce nanar pur jus qui terminera sa course nationale avec 684 518 tickets vendus.

Claude Zidi ne tarde pas à rebondir

Une bien mauvaise affaire pour Zidi, tandis que Jacques Villeret devra attendre encore quelques années avant de devenir un acteur de premier plan. Bête, mais discipliné n’a donc laissé aucune trace de son passage, à part le fait qu’il signe la rencontre entre Zidi et son futur scénariste attitré Didier Kaminka, ici aux dialogues. Claude Zidi n’allait pourtant pas tarder à rebondir en débutant le tournage des Sous doués passent le bac (1980) qui lui a fait renouer avec le succès.

Voir le film en VOD 

Critique du film : Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 22 août 1979

Bête, mais discipliné affiche

© 1979 StudioCanal Image – Films Ariane – Roissy Films / Illustration : René Ferracci © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.

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