La Baston : la critique du film (1985)

Polar | 1h32min
Note de la rédaction :
3/10
3
La baston, l'affiche

  • Réalisateur : Jean-Claude Missiaen
  • Acteurs : Michel Constantin, Robin Renucci, Annick Alane, Dominique Pinon, Véronique Genest, Lucas Belvaux, Gérard Sergue, Gérard Desarthe
  • Date de sortie: 07 Août 1985
  • Année de production : 1985
  • Nationalité : Français
  • Titre original : La Baston
  • Titres alternatifs : The Rumble (international), A Briga (Brésil), Till varje pris (Suède), Verraten und verkauft (Allemagne de l'Ouest), Agria symmoria (Grèce), Leszámolás (Hongrie), Kargaşa (Turquie)
  • Acteurs : Robin Renucci, Véronique Genest, Gérard Desarthe, Michel Constantin, Lucas Belvaux, Patrick Depeyrrat, Annik Alane, Dominique Pinon, Natacha Inutine, Jean-Claude Bouillaud, Gérard Sergue, David Jalil, Jean-Pierre Maurin, Steve Kalfa, Elisabeth Margoni, Henri Czarniak, Éric Denize, Robert Langlois, Jacques Le Carpentier, Yong-Kwan Lee, Maïk Darah, Jérôme Le Paulmier, Patrick Perez, Jacques Pisias, Noé Willer, Bernie Bonvoisin
  • Scénaristes : Jean-Claude Missiaen, Jacques Labib
  • Assistants réalisateurs : Olivier Péray, Philippe Berenger, Sylvestre Guarino
  • Monteur : Armand Psenny
  • Directeur de la photographie : Jean-Claude Vicquery
  • Compositeurs : Ivan Jullien, Hubert Rostaing, Trust en concert (bande-originale éditée par CBS/Epic)
  • Scripte : Claudine Taulère
  • Chef décorateur : Dominique André
  • Ingénieur du son : Michel Desrois
  • Producteurs : Denise Petitdidier
  • Producteurs exécutifs :
  • Sociétés de production : Les Productions du Daunou, Sherwood Production, Artistique Caumartin, en coproduction avec France 3 Cinéma
  • Distributeur : Acteurs Auteurs Associés (AAA)
  • Editeur vidéo : René Chateau Vidéo (VHS, 1986), Belga Films Vidéo (Belgique, VHS), Opening (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 1986 (VHS), 3 février 2009 (DVD)
  • Budget :
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 239 027 entrées / 74 733 entrées
  • Classification : Tous publics - Visa 60087
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleur (35mm) /Mono
  • Nominations : -
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Philippe pour l'agence Tactics. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Les Productions du Daunou, Sherwood Production, Artistique Caumartin, L.C.J Editions & Productions. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attaché de presse : Alain Roulleau
Note des spectateurs :

La Baston, ultime film de cinéma du réalisateur Jean-Claude Missiaen, est un polar mineur symptomatique de l’agonie du cinéma français dans les années 80.

Synopsis : Depuis 5 ans que René est sorti de prison, la vie est calme chez les Levasseur, dans le pavillon de banlieue où ils habitent tous. Pourtant l’inquiétude est quotidienne. Pas tant à cause de Jeanjean, le frère de René qui trafique avec Marcel et Francis ses copains ferrailleurs, qu’à cause de Luc, le fils de René et Denise ; il a 10 ans et encore 2 ans à vivre : il est atteint d’un mal incurable…

Le polar urbain français des années 80

Critique :  Août 1985. Epoque alors moribonde pour la production française qui commençait à voir ses chiffres décliner drastiquement à cause du magnétoscope et de l’avènement de Canal +. Pas de bol pour la production française exsangue, réduite principalement à des comédies franchouillardes minables ou encore à de petits polars ratés, qui ne faisaient plus recettes. Ces produits fauchés, désormais incapables de justifier le prix d’un ticket, vivaient leurs derniers instants avant de fatalement disparaître des grands écrans pour se cantonner à ceux des salons.

Tir groupé, l'affiche

© 1982 StudioCanal – Marie Amélie Production / Affiche : © Guy Jouineau ; Guy Bourduge. Tous droits réservés.

C’est dans ce contexte désastreux qu’est sorti le film de Missiaen, La baston. Le cinéaste, sorti grandi de deux films qui ont beaucoup fait parler d’eux avec Gérard Lanvin, Tir groupé et Ronde de nuit, se prend une jolie veste à moins de 80.000 spectateurs Paris et se voit contraint d’arrêter la réalisation de longs-métrages. Il faut dire que ce chantre prometteur du polar urbain français (au même titre que Gilles BéhatRue barbare), était tombé bien bas avec cette histoire de papa baston.

Robin Renucci, pas très convaincant (il s’apprêtait lui-même à être condamné au purgatoire télévisuelle) incarne un père désespéré qui retombe dans les magouilles pour pouvoir offrir à son fils l’opération de la dernière chance aux USA. Comme sujet, on trouvera plus excitant.

Avec sa réalisation excessivement télévisuelle et son script pantouflard, La baston n’avait pas grand-chose à offrir aux Français qui découvraient massivement l’efficacité américaine, si ce n’est une histoire pas très emballante de casse raté. Des clichés de loubards (forcément portant des blousons en cuir), des décors vieille France (chez les parents de l’antihéros), une fascination propre à son époque pour la modernité kitsch (les complexes immobiliers froids de la grande confrontation finale), des estafettes, une musique ringarde (la chanson du générique de fin est à ce titre édifiante, sans oublier l’intervention live du groupe Trust – alors en fin de carrière – pour meubler quatre minutes opportunistes au début du film et justifier le nom de la formation culte en haut de l’affiche !), et un casting d’acteurs de seconde zone (Véronique Genest jeunette avant de devenir la star de l’écran cathodique essayait de devenir une vedette de cinéma quelque mois après l’échec de la comédie réalisée par Francis Perrin Ca n’arrive qu’à moi)… Bien peu effectivement.

Produite par l’inénarrable Denise Petitdidier, productrice vedette de la comédie franchouillarde (En cas de guerre mondiale, je file à l’étrangerSalut la puceN’oublie pas ton père au vestiaire…), fraichement reconvertie en productrice de polars (La tricheLa brute), La Baston ne peut se voir désormais que comme l’avatar rare et méconnu d’un cinéma malade, voué à la disparition, précipitant la fin cinématographique d’une litanie d’espoirs jamais confirmés au cinéma, mais qui devinrent de vraies vedettes du petit écran.

Box-office de La Baston

Présenté sans grand succès au marché du film au Festival de Cannes en mai 1985 via un promo reel de 15 min, La Baston ne remportera pas le succès des deux précédents films de Jean-Claude Missiaen, Tir groupé et Ronde de nuit.

Ronde de nuit était sorti dans plus de 25 salles à Paris intra-muros au mois de janvier 1984 face à de grosses productions françaises comme Rue barbare ou Canicule.

La Baston, au contraire, sort dans la période creuse de l’été, à savoir le 7 août à Paris et le 14 août dans le reste de la France. Dans la capitale, le film de casse avec Robin Renucci obtient seulement 14 cinémas pour sa première semaine. On peut ainsi le voir au Marignan Pathé, au Forum Cinéma, au Cluny Palace, à la Bastille, au Nation, à la Fauvette, au Mistral, au Gaumont Richelieu, au Gaumont Gambetta, au Clichy Pathé, au Montparnasse Pathé, au Français Pathé, au Gaumont Convention et au Paramount Maillot. Néanmoins, il est programmé dans 20 salles supplémentaires en périphérie. Il peut donc compter sur un total de 34 écrans sur Paris-périphérie.

Le film ne peut pas bénéficier du support massif des médias, beaucoup étant en vacances, notamment de la promo télévisée forcément limitée en cette saison. La Baston devra compter sur une bande-annonce plutôt coup-de-poing et la présence massive d’affiches en guise de marketing dans les colonnes de Paris.

Le cinéma français est rare durant l’été 1985. La plupart des films à l’affiche sont des productions américaines de série B comme Le Retour du ChinoisPolice Academy numéro 2Le Dernier DragonUn été pourriSale temps pour un flicPorky’s contre-attaqueVendredi 13 chapitre 5, etc. La Baston sort un mois après un autre film policier hexagonal, avec Richard Berry et Carole Bouquet, Spécial police, qui n’a pas forcément emballé le public.

Avec ses 34 salles, La Baston fait a priori figure de favori la semaine du 7 août. Face à lui, une autre grosse production française est proposée dans 28 cinémas : il s’agit de Diesel, un film post-apocalyptique aux critiques catastrophiques qui connaîtra un flop monumental. Ce précurseur de Terminus réunit des acteurs comme Gérard Klein, Agnès Soral, Richard Bohringer, Niels Arestrup et Xavier Deluc, mais rien n’y fera.

Archives Cinédweller issues de différents numéro du Pariscope, août 1984

Archives Cinédweller, issues de différents numéros du Pariscope, août 1985 © Les Productions du Daunou, Sherwood Production, Artistique Caumartin, L.C.J Editions & Productions. Tous droits réservés / All rights reserved

La dernière grosse sortie du jour est Runaway avec Tom Selleck. Le film américain de science-fiction ne compte que 25 cinémas, mais peut profiter de l’appui de Warner Columbia. Une comédie adolescente américaine complètement improbable est quand même programmée dans 20 salles : Les Zéros de conduite. Cet ersatz de Police Academy en mode code de la route, bien que distribué par Twentieth Century Fox, passera totalement inaperçu.

Dès son premier jour, La Baston ne cogne pas fort avec seulement 6 296 spectateurs ; c’est moins que Runaway et ses 8 206 amateurs d’araignées métalliques. Ce dernier est pourtant programmé dans neuf cinémas de moins. Diesel, de son côté, est à court de carburant avec 3 551 spectateurs dans 28 salles.

A l’issue de la première semaine d’exclusivité, Tom Selleck a la moustache fière : il est numéro un avec 53 591 Franciliens. La Baston ne parvient même pas à dégommer La Forêt d’émeraude, qui en est pourtant à sa septième semaine d’exploitation. Notre polar enragé doit se contenter d’une troisième place et de 40 000 spectateurs ; on est très loin des 121 000 spectateurs de Tir groupé en 1982 et des 130 000 spectateurs de Ronde de nuit en 1984. Au moins fait-il le double de spectateurs que Diesel, accident industriel à 23 598 routiers de l’apocalypse. Ce nanar restera dans les annales comme l’un des pires résultats de la décennie pour une production française de ce calibre.

Concrètement, en regardant le détail des salles parisiennes, La Baston ne parvient pas à remplir grand-chose ; moult sites ne parviennent même pas à réunir mille têtes en huit jours. C’est au Marignan Pathé, où il flirte avec les trois mille entrées, qu’il s’en sort le mieux, suivi du Français Pathé sur les Grands Boulevards où il trouve tout de même 2 795 spectateurs.

Sa deuxième semaine parisienne est évidemment assez maussade : il perd 48 % de sa fréquentation et se retrouve à 21 881 spectateurs. En troisième semaine, programmé dans moins de vingt cinémas dont neuf en intra-muros, il se situe désormais à 8 782 spectateurs ; oui, il est déjà sous la barre des dix mille et c’est minable. De façon poussive, il parvient alors à dépasser les 70 000 spectateurs sur la capitale.

Pour les salles vides, s’en est trop : il faut se débarrasser du vilain petit canard du cinéma français. En conséquence, en quatrième semaine, il est difficile de voir La Baston sur Paris ; il est programmé aux Parnassiens et aux Français Pathé, deux salles qui récupèrent seulement 1 175 tickets. On peut compter également trois cents spectateurs en banlieue : une misère. Pour son ultime semaine de programmation à Paris, il est confiné au temple de la série B : le Hollywood Boulevard où il trouve encore mille cent quatre-vingt-neuf spectateurs. Evidemment, ce n’est pas un hasard, René Château dispose des droits pour l’exploitation en VHS qui ne tardera pas.

Le mois de septembre a sonné : La Baston est KO ; Jean-Claude Missiaen ne tournera plus jamais pour le cinéma emporté par la spirale d’une crise historique qui précipite la fermeture de centaines de salles à travers le pays et provoque la disparition d’un genre : le polar français qui trouvera au moins avec Alain Delon et Parole de flic un vrai beau succès deux semaines après la sortie de La Baston. On vous invite à lire notre article à ce sujet ici.

Sorties de la semaine du 7 août 1985

La baston, l'affiche

© 1985 Les Productions du Daunou – Sherwood Production – FR3 Films Production / Affiche : Philippe. Tous droits réservés.

Test DVD de La Baston

Pour un petit film des années 80 sorti des oubliettes, l’édition proposée par Opening dans le cadre d’une collection de 6 polars français, s’avère des plus intéressantes, grâce à des bonus satisfaisants et à un master, certes irrégulier, mais qui se situe à des années lumière de la VHS de l’époque éditée par René Chateau en 1986.

Compléments 3 / 5 – Packaging : 1 / 5

Saluons les efforts de l’éditeur et l’implication du cinéaste pour offrir, malgré le petit prix de vente (une dizaine d’euros), une édition satisfaisante et surtout personnalisée. On comprendra en regardant le premier document – une remise en contexte du film dans la filmographie de son auteur, et dans son époque – pourquoi l’affiche originelle, pourtant vendeuse, n’a pas été reprise. Missiaen ne l’apprécie pas et la tient notamment pour responsable de l’échec commercial de son polar.

En tout cas, vu la laideur de la nouvelle jaquette, hautement télévisuelle, on préfère l’illustration dessinée initiale, qui avait le mérite de vendre un film. Il n’y a pas photo.

L’intervention du réalisateur (d’une dizaine de minutes) lui permet de revenir sur la genèse de La Baston. Le document, visiblement bien préparé par son auteur, montre son attachement pour cette œuvre dont il regrette l’échec. En un rien de temps, le cinéaste justifie son travail et ses choix avec beaucoup de conviction, même si l’on ne partage pas forcément le même point de vue sur le résultat final. Ce module est suivi des Souvenirs de tournage, à savoir des photos du tournage en noir et blanc, toutes nettement plus esthétiques que la photographie couleur du film.

La section bonus est complétée d’un vidéo-clip très années 80 dans ses éclairages, sans lien direct avec le DVD, si ce n’est qu’il s’agit d’un clip réalisé par Missiaen en personne pour Bernie Bonvoisin (le chanteur du groupe Trust qui ouvre La Baston). Une rareté appréciable pour les amateurs de perles d’un autre temps.

Enfin, la bande-annonce originale, formidable dans son montage tape-à-l’œil, typique de cette décennie clinquante, est un véritable cadeau pour les fans de l’époque, tandis que des coupures de presse achèvent la partie suppléments sur les bons papiers que reçut ce polar à sa sortie. Mais où sont donc passés tous les méchants papiers que l’on a pu lire à l’époque ? Mystère.

L’Image & le son : (3/ 5)

Techniquement le film a connu une jolie remasterisation. La beauté de l’image n’est pas spectaculaire mais on note une nette amélioration par rapport à la VHS d’antan, notamment dans l’apport d’un contraste appuyé et d’une belle palette de couleurs. Les affres du temps en tous genres ont été (dans l’ensemble) effacées pour laisser place à une copie relativement propre, même si quelques imperfections (plans sombres neigeux par exemple) demeurent.
Au niveau du son, la piste stéréo d’époque est de rigueur. Encore une fois, celle-ci est satisfaisante, même si elle ne correspond plus vraiment aux canons actuels.

Frédéric Mignard

La Baston de Jean-Claude Missiaen, dvd (2009), édité chez Opening

La Baston de Jean-Claude Missiaen, dvd (2009), édité chez Opening © Les Productions du Daunou, Sherwood Production, Artistique Caumartin, L.C.J Editions & Productions. Tous droits réservés / All rights reserved

Biographies +

Jean-Claude Missiaen, Michel Constantin, Robin Renucci, Annick Alane, Dominique Pinon, Véronique Genest, Lucas Belvaux, Gérard Sergue

Mots clés :

1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 1981 1980 Policier Polar urbain français des années 80

Trailers & Vidéos

trailers
x
La baston, l'affiche

Bande-annonce de La Baston

Polar

x