Lucas Belvaux

Acteur, Réalisateur, Scénariste
Des hommes de Lucas Belvaux (2020), affiche

Personal Info

  • Nationalité : Belge
  • Date de naissance : 14 novembre 1961, à Namur (Belgique)
  • Crédits photos : Design : Benjamin Seznec / Troïka - Photo : David Koskas

Biographie

Note des spectateurs :

Lucas Belvaux est né en Belgique, en 1961. Peu intéressé par le scolaire, il fugue à Paris pour développer une carrière d’acteur. Il n’a alors que dix-sept ans et entre à l’atelier Sarah Sanders. Il enchaîne des petits rôles à la télévision.

Au cinéma, il est très vite remarqué. Dans Allons z’enfants, Yves Boisset lui offre un rôle central, son premier au cinéma : une rencontre essentielle. L’année suivante, Belvaux apparaît dans La truite de Joseph Losey, avec Isabelle Huppert, Jean-Pierre Cassel et Jeanne Moreau. Goretta (La dentelière), le dirige dans La mort de Mario Ricci et en 1984, il décroche le premier rôle de La femme ivoire de Dominique Cheminal.

Lucas Belvaux : jeune premier dans le broyeur de la crise du cinéma

Désormais, jeune premier, il figure aux génériques des films de genre à la mode (Ronde de nuit et La baston de Jean-Claude Missiaen) et intéresse de grands auteurs. Zulawski lui donne une petite chance dans La femme publique (1984), qui cartonne au box-office. Jacques Rivette l’engage dans un formidable premier rôle au côté de Fabienne Babe dans le trop méconnu Hurlevent. Mais c’est Claude Chabrol qui le sortira d’un relatif anonymat grâce au second rôle exquis du facteur dans Poulet au vinaigre. Le retour en forme de Chabrol lui vaut une nomination aux César 1986 en qualité de Meilleur jeune espoir masculin, mais Wadeck Stanczak le coiffe au poteau. Chabrol l’engagera dans son adaptation de Madame Bovary, en 1990. Il y retrouvera Isabelle Huppert.

Entre-temps, les années sont difficiles pour les jeunes comédiens français en raison de la crise du cinéma qui frappe notre production et du désintérêt des spectateurs français pour notre production. La plupart finissent à la télévision et dans l’anonymat. On retrouve toutefois Lucas Belvaux dans un film qui compte en 1986 : Désordre, le (premier) film générationnel d’Olivier Assayas. Le jeune homme de vingt-cinq ans y côtoie la crème des jeunes espoirs des années 84-87, Wadeck Stanczak, Ann-Gisel Glass, Corinne Dacla, Simon de La Brosse et Rémi Martin.

Prendre son destin en main et passer à la réalisation

Le cinéma en tant qu’acteur ne lui permettant pas d’émerger réellement (qui se souvient de L’air de rien, Trois années, Grand bonheur?), le passionné Lucas Belvaux prend son destin en main, véritable survivant des années 80, et réalise un premier long, brouillon d’une carrière à venir, avec Parfois trop d’amour. Cette production indépendante, caractérisant une époque où le jeune cinéma d’auteur passait totalement inaperçu, est ignoré des critiques et du public. On le retrouve dans deux salles sur Paris, où elle réalise 5 000 entrées.

En 1996, il réalise une comédie, Pour rire!, avec des icônes : Ornella Muti, dont c’est un retour surprenant très remarqué, Jean-Pierre Léaud et Tonie Marshall. En janvier 1997, le film produit par Paulo Branco est un petit succès surprise. Désormais, le postier de Poulet au vinaigre est devenu grand et sa carrière prend un virage qui l’éloigne de son métier de simple acteur.

La trilogie Un couple épatant Cavale Après la vie

Lucas Belvaux démarre au début des années 2000 un travail somme, un projet de trilogie où chaque morceau se recoupe, avec les mêmes personnages/acteurs, dans des intrigues complexes qui s’entrecoupent, mais dont chaque segment joue sur un ton différent. Les trois films sortent dans les quinze premiers jours de 2003. Les acteurs vedettes sont nombreux : Ornella Muti, Francois Morel, Dominique Blanc, Gilbert Melki, Valérie Mairesse… Lucas Belvaux interprète un rôle essentiel, à la hauteur de son engagement social et politique qui se fait de plus en plus ressentir dans l’ADN de son œuvre.

Le premier volet, le vaudevillesque Un couple épatant, remporte un vrai succès (303 795), mais ne sera pas le plus apprécié. Le second perd donc logiquement 50 % de sa fréquentation en fin de carrière. En effet, l’excellent Cavale, où il joue le rôle central avec Catherine Frot, ne réalise que 169 091 entrées. Mais le bouche-à-oreille se stabilise puisque le 3e morceau réunira 155 145 spectateurs. Ce film, Après la vie, est une tragédie axée sur les personnages joués par Dominique Blanc et Gilbert Melki : bouleversant.

La sociologie du cinéma de Lucas Belvaux

Artistiquement, la trilogie Belvaux est une réussite inédite en France, qui reste parmi les œuvres les plus audacieuses du cinéma français. Lucas Belvaux réalisateur est donc là pour durer. Il enchaînera six longs de cinéma jusqu’en 2020 : des œuvres homogènes qui oscillent entre les 180 000 et 350 000 spectateurs, démontrant l’intérêt d’un type de spectateurs à la sociologie évidente, plutôt intellectuelle de gauche et urbaine.

En 2006, La raison du plus faible, film noir tragique est sélectionné à Cannes, et monte à 183 528 spectateurs. Avec Rapt, drame bourgeois et polar anticapitaliste, il frappe fort en mettant en scène le kidnapping d’un grand patron, d’après l’histoire vraie du baron Empain : une nouvelle réussite, au budget bien maîtrisé (c’est alors son film le plus cher avec 5 500 000 euros de budget).

Trois ans plus tard, Belvaux réalise l’épatant 38 témoins, un nouveau polar fort dans sa thématique (un crime, une enquête, trente-huit témoins hypocrites),  qui dénonce la lâcheté de la société. Il retrouve Yvan Attal qui tenait le premier rôle de Rapt. Le budget s’élève désormais à 6 520 000 euros et le public habituel répond présent à un moindre niveau (273 549).

Des années 2010 moins percutantes

En 2014, avec Pas son genre, Lucas Belvaux réalise une œuvre plus légère, avec Emilie Dequenne et Loïc Crobery. La comédie romantique qui sort à la fin du mois d’avril se tient bien pendant quinze jours au box-office, mais la chute propre au mois ensoleillé du festival de Cannes achève sa carrière à 345 107 spectateurs, ce qui n’est pas si mal. Son cinéma est volontairement moins percutant, plus lumineux.

En 2017, il poursuit sa complicité avec l’actrice Emilie Dequenne et réalise Chez nous, une œuvre dans l’ère du temps sur la montée du populisme et la manipulation de l’extrême droite. Le film avec André Dussolier, Guillaume Gouix, Catherine Jacob et Anne Marivin, fait le job critique et public habituel, avec 330 560 spectateurs.

La crise du coronavirus remet lourdement en question la sortie du onzième film de cinéma de Lucas Belvaux. Des hommes, qui bénéficie du label Cannes 2020, voit sa sortie différée à plusieurs reprises, pour finalement attendre une distribution en 2021. Le film franco-belge, tourné au Maroc, sera diffusé en avant-première à Angoulême et Deauville. Il traite de la guerre d’Algérie et des traces indélébiles qu’elle a laissées chez les Français qui ont servi sous les drapeaux alors… Darroussin, Depardieu et Catherine Frot en sont les têtes d’affiche.

Frédéric Mignard

Rapt de Lucas Belvaux, avec Yvan Attal

Rapt : Affiche Le Cercle Noir pour Fidélio – Photo Willy Huvey

Bande-annonce de La trilogie

Filmographie :

  • 1993 : Parfois trop d’amour
  • 1996 : Pour rire
  • 2003 : Un couple épatant, Cavale et Après la vie
  • 2006 : La Raison du plus faible
  • 2009 : Rapt
  • 2012 : 38 Témoins
  • 2014 : Pas son genre
  • 2017 : Chez nous
  • 2020 : Des hommes
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