Je vais… je tire… et je reviens : la critique du film (1968)

Western | 1h38min
Note de la rédaction :
6/10
6
je vais... je tire... et je reviens affiche (Maascii)

Note des spectateurs :

Je vais… je tire… et je reviens s’inspire avec brio du Bon, la brute et le truand mais ne sait malheureusement pas toujours sur quel pied danser.

Synopis : Un employé de banque, un chasseur de prime et un bandit se lancent à la poursuite d’un trésor caché par un mexicain suite à l’assaut d’un train.

Critique : En 1967, Enzo G. Castellari, alors au début de sa carrière, dégaine coup sur coup deux westerns. Je vais…je tire… et je reviens fait donc suite à l’agréable Sept Winchesters pour un massacre, qui mettait déjà en scène l’Américain Edd Byrnes. Dès l’étonnante scène d’ouverture que l’on ne vous gâchera pas, le film se présente comme la réponse de Castellari au cinéma de Leone. Ainsi, le réalisateur s’est parfaitement approprié la grammaire filmique du maître et nous présente tout au long du film des images astucieusement cadrées, des gros plans et des zooms maîtrisés. Ajoutez à cela une caméra mobile, une très bonne photographie de Giovanni Bergamini, et vous obtenez un film à la réalisation soignée.

Je vais… je tire… et je reviens allie divers registres de manière parfois bancale

L’approche iconoclaste de Castellari permet au film d’être bien plus qu’un simple pastiche. En effet, Je vais… je tire… et je reviens est un des premiers westerns italiens à oser la parodie, pour le meilleur et pour le pire. Si les références à des personnages et des situations vues chez Leone ou Corbucci feront plaisir aux aficionados, certains choix sont beaucoup plus discutables. Ainsi, les trois scènes d’empoignades homériques qui émaillent le métrage sont un modèle de lourdeur. Les coups sont portés de manière irréaliste et les acrobaties au trampoline sont légion, le tout sur fond de musique de cirque. Cela est d’autant plus dommage que certaines fusillades, à l’image de celle du train, sont réussies et violentes.

Je vais… je tire… et je reviens bénéficie d’un trio de choc

On retrouve cette ambivalence dans la caractérisation du personnage de l’étranger. Tantôt, on le présente de manière extrêmement charismatique, à grands renforts d’effets de mise en scène recherchés, tantôt on le voit en sous-vêtements ou en train de lire un livre dans un bain. Fort heureusement, le personnage demeure attachant, grâce à la présence de George Hilton. Avec Gilbert Rolland et Edd Byrnes, ils forment un trio d’acteurs très convaincant, en dépit de costumes très moyens. Byrnes se révèle beaucoup plus crédible que dans le précédent film, et le charisme de Rolland fait mouche, même s’il se révélera beaucoup plus impressionnant dans Django porte sa croix l’année suivante.

Un film réussi techniquement, mais manquant de finition

S’il ne possède pas l’aura de son modèle, Je vais… je tire… et je reviens développe une histoire de chasse au trésor rondement menée. Les rebondissements dus aux multiples alliances et trahisons parviennent à tenir le spectateur en haleine. Néanmoins, des longueurs se font ressentir au bout d’une quarantaine de minutes, avant un regain de rythme salutaire sur la fin. Comme c’est souvent le cas dans les westerns de Castellari, il manque un je-ne-sais-quoi au niveau de la production générale qui trahit un budget limité. Le film bénéficie néanmoins des très beaux paysages d’Almeria et d’éclairages réussis. Enfin, la musique de De Masi est très sympathique, grâce au thème principal chanté par Raoul. Elle est cependant moins marquante que celle de Sept Winchesters pour un massacre, qui est d’ailleurs recyclée ici le temps d’une courte scène.

En définitive, Castellari signe avec Je vais… je tire… et je reviens un véritable film précurseur à la vague parodique du western des années 70. S’il offrira une sorte de suite à ce film avec Aujourd’hui ma peau, demain la tienne, son prochain métrage, Django porte sa croix, renoue avec la noirceur et la dimension opératique initiales du genre.

Critique : Kevin Martinez

Les westerns spaghettis sur CinéDweller

Sorties de la semaine du 10 juillet 1968

je vais... je tire... et je reviens affiche (Maascii)

Illustrateur : Mascii – © 1968 Edmondo Amati/Maurizio Amati/Fida Cinematografica. Tous droits réservés.

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