House of Gucci : la critique du film (2021)

Biopic, Drame, Historique | 2h37min
Note de la rédaction :
6/10
6
House of Gucci, l'affiche

  • Réalisateur : Ridley Scott
  • Acteurs : Lady Gaga, Adam Driver, Salma Hayek, Al Pacino, Mauro Lamantia, Camille Cottin, Jeremy Irons, Jared Leto, Vincent Riotta, Mehdi Nebbou, Jack Huston, Reeve Carney
  • Date de sortie: 24 Nov 2021
  • Nationalité : Américain, Canadien
  • Titre original : House of Gucci
  • Titres alternatifs : La casa Gucci (Espagne) / Casa Gucci (Portugal) / Dom Gucci (Pologne)
  • Année de production : 2021
  • Scénariste(s) : Becky Johnston, Roberto Bentivegna, d'après le livre The House of Gucci: A Sensational Story of Murder, Madness, Glamour, and Greed de Sara Gay Forden
  • Directeur de la photographie : Dariusz Wolski
  • Compositeur : Harry Gregson-Williams
  • Société(s) de production : Metro-Goldwyn-Mayer, BRON Studios, Scott Free Productions, Universal Pictures
  • Distributeur (1ère sortie) : Universal
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : 75 M$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital, Dolby Surround 7.1
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Universal Pictures, MGM
Note des spectateurs :

Ridley Scott succombe à un certain académisme formel avec ce House of Gucci qui vaut surtout le coup pour son histoire cruelle et ses acteurs. À découvrir.

Synopsis : L’histoire vraie de l’empire familial qui se cache derrière la célèbre marque de luxe italienne Gucci. Sur plus de trois décennies de passions, trahisons, décadence, vengeance et finalement meurtre, le film met en scène ce que signifie un nom, ce qu’il vaut et jusqu’où une famille peut aller pour reprendre le contrôle…

House of Gucci, un projet de longue date

Critique : L’histoire de House of Gucci remonte au début des années 2000 lorsque paraît le livre La Saga Gucci de Sara Gay Forden dont Giannina Scott, la femme du cinéaste Ridley Scott, s’entiche. Elle parvient à convaincre son mari d’acheter les droits d’adaptation du bouquin pour sa compagnie Scott Free. Toutefois, le projet, longtemps attaché à Martin Scorsese qui semblait le réalisateur idéal pour ce type d’intrigue, n’a jamais vu le jour malgré l’écriture d’un scénario par Roberto Bentivegna.

Ce n’est donc que très récemment que Ridley Scott a choisi de se lancer dans la réalisation du long-métrage, alors qu’il venait tout juste de mettre un point final à son excellent Dernier duel (2020). Le cinéaste a immédiatement été convaincu par l’enthousiasme de Lady Gaga dont il avait aimé la prestation dans A Star Is Born (Cooper, 2018) afin d’incarner la terrible Patrizia Reggiani, devenue une Gucci après avoir séduit Maurizio, interprété quant à lui par Adam Driver, déjà présent dans Le dernier duel.

La phase de casting a également été marquée par l’insistance de Jared Leto qui tenait à incarner le rôle de Paolo Gucci, le fils un peu idiot de la famille, alors qu’il ne lui ressemble absolument pas. Comme à son habitude, le comédien s’est donc livré à des heures de maquillage pour totalement disparaître derrière le personnage qu’il interprète. L’ajout de grands noms comme Al Pacino ou encore Jeremy Irons allait de soi.

Une légère déception sur le plan formel

Tourné en extérieurs à Rome et dans les studios de Cinecittà, House of Gucci a été réalisé à une vitesse folle puisque Ridley Scott n’a fait que deux ou trois prises pour chaque plan, économisant ainsi sur le budget initial. Sans doute très bien entouré, le désormais octogénaire a d’ailleurs tourné l’ensemble dans une précipitation préjudiciable au résultat final. Effectivement, là où Le dernier duel s’inscrivait pleinement dans la filmographie esthétisante du réalisateur, House of Gucci marque par son absence cruelle de point de vue cinématographique. C’est assurément le gros point noir de ce biopic qui aurait pu être signé par n’importe quel tâcheron sans que l’on fasse bien la différence. Très classique dans la construction des plans (beaucoup de champs et contre-champs), le long-métrage ne se permet que quelques rares fantaisies comme un ou deux plans séquences, mais tout ceci fleure bon une certaine forme d’académisme assez routinier.

House of Gucci, photo 1

© 2021 MGM, Universal Studios. Tous droits réservés.

Même la photographie, pourtant toujours le point fort des films de Ridley Scott, apparaît comme quelconque. Enfin, la bande-son qui multiplie les tubes de la fin des années 70 et des années 80, permettant ainsi de se situer dans le temps, semble plutôt calquée sur une méthode éprouvée et assurément mieux maîtrisée par Martin Scorsese. Ridley Scott est parfois mal à l’aise avec ce procédé et certains morceaux ne collent pas vraiment à la situation évoquée.

Ridley Scott plonge à nouveau dans le milieu de l’argent

On peut aussi regretter cette insistance à faire prendre à tous les acteurs américains un accent italien à couper au rasoir, même si les personnages sont effectivement d’origine italienne. Enfin, la performance de Jared Leto ne réconciliera pas l’acteur avec ceux qui trouvent qu’il en fait décidément trop. Heureusement que son personnage est effectivement un excentrique car il frise le cabotinage à chaque plan.

Toutefois, malgré ces défauts indéniables, House of Gucci est loin d’être un film raté. Il s’inscrit plutôt dans la continuité du moyen Tout l’argent du monde (2017) et démontre donc un goût certain de Ridley Scott pour ce monde de l’argent qui révèle le pire de l’être humain. Car House of Gucci peut être vu à la fois comme une tragédie familiale dans le style du Parrain (Coppola, 1972), mais aussi comme une critique sans fard d’un milieu où tout est pourri par le fric facile et par le pouvoir.

Al Pacino domine une distribution de haute tenue

On ne saura jamais si Patrizia (très juste Lady Gaga) a mis le grapin sur Maurizio Gucci (Adam Driver, en retrait, ce qui s’imposait pour son personnage) par réel amour ou par pur intérêt. En tout cas, sa capacité de nuisance au sein de cette famille est particulièrement bien décrite. Finalement, le cinéaste ne juge aucun de ses personnages puisqu’aucun n’est vraiment authentique ou sympathique. Le long-métrage est toutefois dominé par la prestation impeccable d’Al Pacino qui écrase tous ses partenaires haut la main, alors qu’il reste d’une belle sobriété. On aime aussi Jeremy Irons, même si son rôle est moins développé.

Dans ce bal des pourris, le spectateur assiste à une multitude de trahisons et de coups bas pour aboutir au drame final qui vient clore de manière terriblement logique une œuvre inégale, mais qui a le grand mérite de ne jamais ennuyer durant plus de deux heures et trente minutes. On le doit essentiellement à un scénario particulièrement bien écrit et équilibré, ainsi qu’à des acteurs pour la plupart impeccables. Sans être un sommet dans la riche filmographie de son réalisateur, House of Gucci est donc parfaitement fréquentable.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 24 novembre 2021

House of Gucci, l'affiche

© 2021 MGM, Universal Studios. Tous droits réservés.

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Bande-annonce de House of Gucci (VOstf)

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