Hercule et la reine de Lydie : la critique du film (1959)

Péplum, Fantastique | 1h38min
Note de la rédaction :
6/10
6
Hercule et la Reine de Lydie avec Steve Reeves, VHS René Chateau, jaquette

Note des spectateurs :

Suite inégale, mais agréable, Hercule et la reine de Lydie bénéficie surtout des magnifiques éclairages de Mario Bava et d’une production luxueuse. Kitsch et sympathique.

Synopsis : Hercule, sa femme Iole et son ami Ulysse, font route vers Thèbes. En découvrant que le trône est disputé entre les deux fils du roi Œdipe, Etéocle et Polynice, Hercule décide d’intervenir. Il se retrouve alors confronté à la terrible Omphale, reine de Lydie, connue pour faire perdre la mémoire à ses victimes.

Hercule et la reine de Lydie, la suite inévitable d’un triomphe

Critique : En 1958, le producteur italien Lionello Santi touche le jackpot avec Les travaux d’Hercule, tourné par Pietro Francisci, mis en lumière par Mario Bava et interprété par Steve Reeves et Sylva Koscina. L’impact de ce long-métrage est énorme puisqu’il s’agit d’un des plus gros succès de l’année en Italie, mais sa carrière internationale est également impressionnante (près de 3 millions d’entrées en France au début de 1959). Face à un tel raz-de-marée, Santi ne pouvait pas rester les bras croisés. Il engage donc l’intégralité de l’équipe technique et artistique pour un nouvel épisode.

Encart promotionnel pour le film dans La Cinématographie Française, N) 1831 – 29 août 1959. Tous droits réservés

Le scénariste Ennio De Concini va opérer de la même manière que sur le film précédent en mélangeant allègrement les époques et les mythologies. Ici, il s’inspire à la fois de l’Odyssée d’Homère par l’intervention d’Ulysse, mais aussi du mythe grec d’Héraclès et Omphale, terrible reine de Lydie qui consomme ses amants. Histoire d’ajouter une dimension plus dramatique à l’ensemble, De Concini ajoute des éléments issus de la pièce de théâtre d’Eschyle Les Sept contre Thèbes qui relate la difficile succession du roi Œdipe. Autant dire que le mélange ne se fait pas toujours de manière harmonieuse et que le spectateur féru d’Histoire et de mythologie verra immédiatement les coutures de ce canevas pas toujours bien agencé.

L’intrusion d’un fantastique plus macabre

Ainsi, le fameux épisode se déroulant dans l’antre de la reine de Lydie apparaît comme une parenthèse fantastique décalée au cœur d’une intrigue politique plus terre à terre. Alors que le début du film semble suivre les traces du premier film, avec notamment une certaine décontraction, quelques moments humoristiques et un personnage d’Hercule assez fidèle à son image antique – en gros un demi-dieu fort, mais également fainéant et colérique – le deuxième tiers est plus proprement fantastique.

Alors que l’action est en berne pendant une bonne demi-heure franchement longuette, les amateurs de fantastique pourront toujours se consoler grâce aux magnifiques éclairages d’un Mario Bava déjà en pleine possession de ses moyens. L’antre de la reine bénéficie de décors superbes, éclairés de manière savante et qui dégage une certaine morbidité. Après tout, on parle ici d’une sorcière qui fait boire à ses amants un filtre leur ôtant toute mémoire, avant que celle-ci ne les embaume après les avoir consommés. Même si la thématique est abordée de manière soft – nous sommes tout de même en 1959 – on peut se satisfaire d’une telle audace, d’autant que la sensualité n’est pas absente de ce passage. Il s’agit bien sûr d’un érotisme diffus, certes, mais bien réel.

Un dernier tiers enlevé et spectaculaire

Enfin, le dernier tiers revient plus proprement à l’action avec la séquence du siège de la ville de Thèbes, plutôt bien menée. Les décors sont nombreux, variés et riches pour un rendu délicieusement kitsch. Le budget, assez conséquent, permet de créer des scènes de bataille impressionnantes, avec de très nombreux figurants.

Bien sûr, tout ceci a beaucoup vieilli et il faut également passer outre le jeu passablement démodé des acteurs – Steve Reeves en tête avec sa façon si particulière de déclamer ses répliques. On apprécie toutefois la contribution sympathique de Sylva Koscina, tandis que Sergio Fantoni compose un antagoniste plutôt charismatique.

Hercule et la reine de Lydie, un nouveau triomphe

Suite inégale, Hercule et la reine de Lydie reste donc une œuvre regardable de nos jours grâce à l’apport considérable de la magnifique photographie de Mario Bava. Ce deuxième volet a obtenu d’ailleurs à l’époque un succès considérable puisque ses recettes finales ont même dépassé celles du premier volet. En France, le long-métrage est sorti à peine six mois après le premier, rassemblant 2,7 millions de spectateurs ravis de retrouver le demi-dieu sur grand écran.

Pourtant, si le personnage a continué à être exploité à outrance les années suivantes, ce fut sans la participation de Steve Reeves qui a toujours refusé de reprendre le rôle ayant fait sa gloire, afin de ne pas être enfermé dans un unique emploi.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 4 septembre 1959 

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Hercule et la reine de Lydie, l'affiche

© 1959 Pietro Francisci – Lux Films – Galatea / Illustrateur affiche : © Gilbert Allard. Tous droits réservés.

Box-office :

A l’instar du premier Hercule avec Steve Reeves, Hercule et la Reine de Lydie, sortit à peine 5 mois après. La seconde aventure réunit 7 écrans parisiens pour sa première semaine : le Triomphe, l’Aubert-Palace, le Gaumont-Theâtre, le Folies, le Lutétia, le Palais Rochechouart, et le Sélect.

Sa première semaine parisienne est moins impressionnante que celle de son prédécesseur, avec 48 293 entrées. C’est toutefois le 2e meilleur score de la semaine, derrière l’impressionnant Maigret et L’affaire Saint-Fiacre qui bénéficie de moins d’écrans, de deux jours d’exploitation en moins, mais qui avoisine les 70 000 Parisiens pour son investiture ! La seconde semaine de Vous n’avez rien à déclarer?, remake de la comédie avec Raimu, cette fois-ci avec Darry Cowl, est un sacré succès, avec 47 313 spectateurs.

En fin de carrière, La Reine de Lydie fera toutefois légèrement mieux que Les travaux d’Hercule sur Paname (481 605 contre 469 855), mais les chiffres français globaux seront en faveur du premier épisode (2 917 106 contre 2 753 321).

Frédéric Mignard

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