Non content de faire de Steve Reeves une star, Les travaux d’Hercule a relancé la mode du péplum musclé à la fin des années 50. Si le résultat final n’a rien d’inoubliable, il fait partie du haut du panier dans une production transalpine globalement médiocre.
Synopsis : Le colosse Hercule sauve Iole, la fille du roi Pélias, dont l’attelage s’était emballé. Il décide de raccompagner la jeune fille chez son père, à Iocolos. Pélias règne sans partage depuis l’assassinat de son frère Eson, la disparition du prince héritier Jason et le vol de la mythique Toison d’or. Le roi tient Chiron, également disparu, pour responsable du meurtre d’Eson, mais Hercule doute de cette version. Amoureux de Iole, Hercule s’arrange pour rester à Iocolos.
Les travaux d’Hercule continuateur d’une tradition
Critique : Alors que l’Italie a connu une puissante vague de péplum au temps du muet, depuis le triomphe du Cabiria (1914) de Giovanni Pastrone, le genre est tombé en disgrâce dans les années 40. Il faut attendre le développement de la couleur et du Cinémascope pour voir resurgir un genre qui va connaître son heure de gloire entre 1957 et 1964.
La mise en chantier de ces films est d’ailleurs rendue possible grâce à la délocalisation des tournages américains dans les studios italiens. Ainsi, bon nombre de productions transalpines exploitent en réalité les décors laissés sur place par les producteurs hollywoodiens. Si certaines œuvres ont relancé la mode du péplum (on pense notamment à Quo vadis ? de Mervyn Le Roy ou Ulysse de Mario Camerini), il faut attendre l’année 1957 pour que le producteur Lionello Santi, président de la Galatea Films, décide de redonner vie au personnage mythologique d’Hercule.
Un titre trompeur pour un script inspiré de la légende des Argonautes
Pour cela, il fait appel à un spécialiste du film populaire, le cinéaste Pietro Francisci qui s’est déjà illustré avec La reine de Saba en 1952 et Attila, fléau de Dieu (1954). Afin de donner vie au personnage, les producteurs embauchent le culturiste Steve Reeves qui deviendra une véritable star grâce à son interprétation plutôt juste du demi-dieu.
Malgré son titre qui nous met sur la piste d’un certain respect vis-à-vis de la tradition antique, le long-métrage ne fait référence qu’à deux travaux du géant, à savoir la lutte contre le lion de Némée et celle contre le taureau de Crète. Toutefois, ce qui occupe la majeure partie du film est davantage inspiré d’une tradition moins officielle qui fait d’Hercule un membre des Argonautes. Dans son voyage pour récupérer la Toison d’Or aux côtés de Jason, il croise également les Amazones dominées par la reine Anthea.
Une réalisation classique rehaussée par la photo de Mario Bava
Si le script se permet de très grandes libertés par rapport au récit initial, il n’en demeure pas moins respectueux de l’esprit de ces histoires mythologiques. Les films suivants seront en ce sens bien plus fantaisistes encore sur le plan strictement culturel, en brassant notamment des mythes d’époques différentes. Les cinéastes ne s’embarrassent de toute façon pas de vraisemblance et cherchent avant tout à livrer un divertissement plaisant qui serait l’héritier des grands spectacles hollywoodiens.
En ce sens, Pietro Francisci s’en sort plutôt bien grâce à une réalisation classique, mais qui sait être efficace. Il est soutenu ici par le travail de Mario Bava, officiellement chargé des effets visuels, mais dont la patte se retrouve jusque dans les éclairages bariolés et les décors foisonnants. Sans être un sommet du genre – les combats semblent un peu trop artificiels et les ressorts de l’intrigue peu travaillés – Les travaux d’Hercule (1957) peut donc être considéré comme un produit de bonne qualité.
Les travaux d’Hercule triomphe et inaugure un raz de marée de péplums fantaisistes
Son triomphe international a relancé la mode du Muscle Opera, à tel point que l’Italie allait produire des centaines de péplums en moins de dix ans. Steve Reeves allait d’ailleurs poursuivre sa collaboration avec Pietro Francisci l’année même pour tourner un Hercule et la reine de Lydie plus fantaisiste que ce premier volet efficace, mais un peu trop convenu.
Critique de Virgile Dumez