Geostorm : la critique du film (2017)

Film catastrophe, Science-fiction, Action, Thriller | 1h49min
Note de la rédaction :
2/10
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Geostorm, affiche française (2017)

  • Réalisateur : Dean Devlin
  • Acteurs : Talitha Bateman, Eugenio Derbez, Zazie Beetz, Ed Harris, Andy Garcia, Gerard Butler, Jim Sturgess, Abbie Cornish, Abigail Breslin, Alexandra Maria Lara
  • Date de sortie: 01 Nov 2017
  • Année de production : 2017
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Geostorm
  • Titres alternatifs : Géotempête (Québec), Geo-Tormenta (Mexique, Uruguay, Argentine), Siêu Bão Địa Cầu (Vietnam), Űrvihar (Hongrie), Geostorm: Pericol global (Roumanie), Геошторм (ukraine), Geostorm: Globální nebezpečí (République tchèque),
  • Scénaristes : Dean Devlin, Paul Guyot
  • Directeur de la photographie : Roberto Schaefer
  • Monteurs : Chris Lebenzon, John Refoua, Ron Rosen
  • Compositeur : Lorne Balfe
  • Producteurs : Dean Devlin, David Ellison, Dana Goldberg
  • Sociétés de production : Warner Bros, Skydance Media, Electric Entertainment, en association avec RatPac-Dune Entertainment
  • Distributeur : Warner Bros
  • Editeur vidéo : Warner Bros
  • Date de sortie vidéo : 28 février 2018 (DVD, Blu-ray,
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 391 420 entrées / 106 192 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 33 700 160$ / 221 000 000$
  • Budget : 120 000 000$
  • Classification : Tous publics (France) / PG-13 (Etats-Unis)
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur (D-Cinema, 3D) / Dolby Atmos
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Copyright 2017 Warner Bros Entertainment Inc., Skydance Productions, Llc, Ratpac-Dune Entertainment llc. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Après deux ans de post-production, en 2017 Geostorm ne dérogea pas à la règle des films catastrophes moribonds de l’époque. Gonflé d’inepties et surtout bouffi de bêtises, l’accident industriel a eu l’audace de mélanger le thriller politique à une imagerie de catastrophes naturelles. Le tout avec un sens de la caractérisation balourde, on en reste encore pantois.

Synopsis : Grâce à une coopération sans précédent entre États, un réseau de satellites contrôle désormais le climat et protège les populations. Jusqu’à ce que le dispositif se dérègle… S’agit-il d’un complot ou d’une faille dans le système ? S’engage alors une véritable course contre la montre…

Le cadeau de Warner au producteur d’Independence Day

Critique : Si la genèse de Geostorm remonte en 2011, son accomplissement fut complexe. Il s’agit pour Warner d’accorder à Dean Devlin, producteur et scénariste des plus gros succès de Roland Emmerich, dont Independence Day, de passer à la réalisation. Malheureusement pour Warner Bros Entertainment et Skydance Media, les premiers résultats à la sortie du tournage, au tout début de l’année 2015, sont exécrables. Le premier montage est irregardable selon les sources de Deadline.

Alors que Dean Devlin, démarre une seconde réalisation, à petit budget (Bad Samaritan), Warner demande du renfort extérieur pour limiter la casse, notamment au nabab Jerry Bruckheimer (Top Gun, Pïrates des Caraïbes). Le film, onéreux,  qui devait récompenser l’attachement d’un homme pour le cinéma catastrophe, devient la catastrophe tant redoutée, quand Warner traverse déjà l’orage de Black Storm (2014).

Deux années de post-productions pour corriger un accident industriel

A l’arrivée, s’il en porte encore le nom de Devlin à la réalisation, Geostorm dans sa version définitive, ne sera plus vraiment le film de son auteur qui acceptera de le laisser aux mains d’autres scénaristes et d’un autre réalisateur, en l’occurrence Danny Cannon (Judge Dredd, Souviens-toi… l’été dernier 2) pour essayer de sauver une entreprise de l’inévitable fiasco. Après tout, World War Z avec Brad Pitt, avant de devenir un énorme succès mondial en 2013, avait traversé des turbulences identiques, et avait été sauvé par 40 minutes de reshooting et deux passages au montage, après un premier essai foireux.

Désastres climatiques et rejet du film catastrophe au box-office

Pour Geostorm, ce jeu coûteux va prendre près de trois ans, et rendre le budget hors de contrôle. Trois années pendant lesquelles le climat s’affole sur la planète et propose son lot d’authentiques catastrophes qui agitent les consciences et ringardisent un peu plus un genre cinématographique dépassé par la réalité : le Texas, la Floride, et Puerto Rico en 2017, ont donné des sueurs froides supplémentaires au studio Warner qui n’avait pas besoin de cela à un mois de la sortie définitive du Geostorm.

En conséquence, le distributeur limite la promo, le marketing et sort la chose informe sans même la montrer à la presse, aux USA comme en France, et à raison. Le résultat artistique est nul et l’Amérique sanctionne lourdement la bévue au box-office, le film de 120M$ (au minimum !) dépassera à peine les 30M$ en fin de carrière sur le sol étasunien.

Peut-on sauver ce qui n’a pas vocation à l’être ?

Que comprendre du montage proposé aujourd’hui? Que l’on ne peut pas toujours sauver ce qui n’a pas vocation à l’être. Le film catastrophe où l’homme détient le pouvoir de faire et défaire la météo via le dispositif Dutch Boy, à savoir des satellites surpuissants, développés par les grandes démocraties mondiales préfigurait-il la capacité de nuisance du gourou Elon Musk? Pourquoi pas, mais hors de toute crédibilité, Geostorm est un cumulard de tout ce qui consterne dans pareille production à grand spectacle. A commencer son scénario.

Un nanar obsolète dans l’œil du cyclone

Les sempiternelles scènes de destructions massives, trop ponctuelles, tournées à renfort de CGI voyants, s’attardent souvent sur un témoin qui va tenter de s’échapper au milieu du chaos apocalyptique, sans aucune compassion et aucun regard pour les vies ôtées autour. A cette trame simpliste, les scénaristes ont greffé une histoire de sabotage politique abracadabrante, qui va donner l’impression d’un thriller poussif, hors sujet, qui détourne un peu plus l’œuvre de son objectif, à savoir en mettre les plein les mirettes.

Des personnages effarants dans un chaos constant

Et que dire des inserts de purs moments de comédie pour relâcher la tension par l’humour, si ce n’est qu’ils sont inopportuns et déplacés ? Ils nous accablent. Le ton obsolète du nanar catastrophe des années 90 (Volcano, Le Pic de Dante) s’accompagne d’une caractérisation effarante de personnages joués mollement par des acteurs sidérés eux-mêmes par les clichés qu’on leur demande d’incarner… De Gerard Butler, Jim Sturgess, à Abbie Cornish, en passant par Ed Harris, en quelque sorte des seconds couteaux incapables de porter une œuvre d’action sur leurs épaules, la dépression n’est pas que météorologique. Le personnage de Butler, en scientifique déchu que l’on va cueillir aux fins fonds de sa cambrousse, dans sa caravane, pour sauver la planète, relève de la caractérisation du siècle dernier que l’on n’espérait ne plus retrouver un jour en salle.

Un aperçu de ce qui allait attendre Moonfall d’Emmerich en 2022

Noyé dans un jargon spécialisé pour prétendre à la complexité, Geostorm s’abîme surtout dans les tourments d’un script téléphoné, à l’image du notoire Fusion (The Core en VO) dont on retrouve à peu près le niveau historiquement nul. Tout corrobore la réalité du réchauffement climatique qui laissera en 2022 Roland Emmerich et son Moonfall sur la paille. Quand la mauvaise météo s’abat sur un film, rien ne peut sauver l’entreprise commerciale et opportuniste qui a voulu jouer avec le feu.

RIP. Le genre catastrophe est bel et bien mort. On ne versera pas de larmes sur ses ruines. Les sueurs et la torpeur à l’écoute des informations climatiques des chaînes d’information en continu ont succédé à la fiction. On laissera Geostorm éventuellement irriter les spectateurs de TF1 lors d’un prime. C’est tout ce qu’il vaut cinq ans après son bide.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 1er novembre 2017

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Geostorm, affiche française (2017)

© Copyright 2017 Warner Bros Entertainment Inc., Skydance Productions, Llc, Ratpac-Dune Entertainment llc. Tous droits réservés / All rights reserved

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Gerard Butler, Jim Sturgess, Abbie Cornish, Abigail Breslin,Talitha Bateman, Eugenio Derbez, Zazie Beetz, Ed Harris, Andy Garcia

Box-office :

Véritable désastre aux USA, Geostorm sort le 20 octobre 2017, après avoir vu sa date de sortie initiale repoussée à trois reprises en raison de l’intervention de nombreux producteurs, réalisateurs et scénaristes, pour réécrire, remonter et finir la réalisation de la catastrophe laissée à Warner par le producteur Dean Devlin, qui officiait pour la première fois derrière une caméra. Le budget de 120M$ ne sera jamais rentabilisé.

Une catastrophe industrielle inimaginable

Pour son week-end d’investiture, sans projection de presse au préalable (il faut éviter que le sang ne coule davantage), Geostorm n’a réalisé que 13M$ pour un total surréaliste de 33M$.  Pourtant distribué dans 3 246 cinémas, le blockbuster ne parvient pas à prendre la première place. C’est un épisode de la franchise Madea qui l’occupe, avec 21M$ en 3 jours dans 2 399, contre 13.7M$ pour la catastrophe climatique.

L’orage américain ne passe pas lors du second week-end (-56.9%, 5 900 000$). En raison d’un bouche-à-oreille calamiteux sur les réseaux sociaux, la tempête est au paroxysme en 5e semaine avec 410 000$ dans 502 cinémas, soit une baisse impressionnante de 75%. Warner est accablé. Le même week-end, Justice League est une énième déception DC (93 000 000$ dans 4 051 cinémas), Blade Runner 2049 n’a pas trouvé son public. Dans un passé proche, Dunkerque et l’adaptation de It de Stephen King auront au moins été d’authentiques gagnants.

En France, Geostorm ne profite pas du 1er novembre

En France, le film restera moins de 8 semaines à l’affiche. Avec une sortie un jour férié, le mercredi 1er novembre 2017, le box-office aurait pu s’annoncer explosif. Le film catastrophe ouvre en 3e place le jour de sa sortie avec 61 888 spectateurs dont 6 855 en avant-première. Jigsaw (de la série Saw) ouvre à 103 338 spectateurs sans avant-première, avec une interdiction aux mineurs et 100 écrans de moins. Carbone d’Olivier Marchal trouve 82 000 fidèles dans 399 cinémas.

A l’issue de sa première semaine, Geostorm – que les Québécois appellent Géotempête – a trouvé 235 162 clients dans 303 cinémas. En fin de vie, la production Warner ne parviendra même pas à doubler ce score (x 1.7), avec 394 731 spectateurs. Le distributeur était parvenu à 328 838 spectateurs avec Black Storm, durant l’été 2014, avec une date de sortie prévue pour profiter d’un vendredi 15 août. San Andreas, toujours chez Warner, sera l’exception du genre, avec 1 151 994 entrées en 2015. Pas brillant pour autant.

L’embarras est palpable chez Warner France, parfaitement conscient de la nullité du produit, et qui veut vite tourner la page, sortir le blu-ray au premier trimestre 2018 : 235 000 entrées en première semaine, 98 000 entrées la semaine suivante et… 36 000 entrées en semaine 3, soit une baisse de 63%. Gerard Butler essaie pourtant d’en imposer dans 250 cinémas.

28 jours après sa sortie française, désormais en cinquième semaine, Geostorm en est réduit à 3 627 spectateurs. Définitivement l’un des losers de l’année 2017.

Une exploitation internationale misérable partout sauf en Asie, et encore

A l’échelle mondiale, Geostorm trouvera à peine 221 00 000$, malgré une sortie sur tous les marchés, alors qu’il lui en faudrait 360M pour rentrer dans ses frais, selon le site Deadline. La Chine, peu regardante face à ce type de programme, fait illusion avec 65M$, mais le studio Warner n’en récupèrera pas grand-chose. Les marchés asiatiques seront globalement indulgents sans pour autant faire exploser les compteurs (le Japon se situe à 11M$, Taiwan à 8, la Corée du Sud à 7.5…). La Russie, adepte des productions lourdingues aux effets spéciaux dégueulasses, lui donne un peu de panache (10M$).

L’Europe dit “non” à Geostorm

Sur les marchés matures européens, en revanche, c’est le désarroi. Le Royaume-Uni, qui est très ouvert à la science-fiction, lui distribue 5 700 000 de dollars de recettes. La France, piètre seconde, rassemble à peine 3 400 000$. L’Allemagne parvient tout juste aux 3M$. l’Espagne lui fait l’aumône (2 600 000) quand l’Italie, reste sous les 2 millions.

Fin de carrière immédiate à 55 ans pour Dean Devlin qui ne s’en remettra pas

Le cinéaste Dean Devlin sort un second long métrage au premier semestre 2018. Il avait commencé à tourner le film en décembre 2016 quand le sort de Geostorm n’avait pas été scellé.

La sortie de Geostorm qu’il a co-écrit, et produit, en plus de la réalisation, met un terme à sa carrière hollywoodienne après avoir produit quelques-uns des plus gros succès des décennies passées.  Il n’a pourtant que 55 ans. On ne le regrettera pas.

DVD de Geostorm en 2018 chez Warner

© Copyright 2017 Warner Bros Entertainment Inc., Skydance Productions, Llc, Ratpac-Dune Entertainment llc. Tous droits réservés / All rights reserved

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Geostorm, affiche française (2017)

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