Petite série B sympathique, mais à l’humour lourd, Flic ou zombie est sauvée par son montage dynamique et ses effets spéciaux à l’ancienne. L’ensemble se regarde agréablement, sans passionner.
Synopsis : À Los Angeles, des braquages en série sont commis par deux bandits qui semblent invincibles. Mortis et Bigelow, deux détectives chargés de l’affaire, découvrent que les braqueurs qu’ils ont réussi à abattre étaient déjà morts depuis une semaine. Après une enquête dans les tripots de la ville, ils découvrent une machine qui fait revivre les morts pendant une période de douze heures.
Trois genres à la mode dans le même film
Critique : Frère de Shane Black, scénariste qui venait de percer à Hollywood grâce à son script de L’arme fatale (Donner, 1987), Terry Black a eu l’idée assez saugrenue de mélanger trois genres apparemment incompatibles dans un même scénario. Ainsi, le traitement de Flic ou zombie (1988) est à la fois une comédie policière dans le style très prisé du buddy movie alors en pleine ascension, mais aussi un film de zombie et une œuvre de science-fiction à l’ancienne. En réalité, Terry Black a mêlé ici trois genres qui étaient à la mode dans les années 80, en espérant décrocher un succès.
Le script a été acheté par la New World Pictures et produit pour 5 millions de dollars (12,5 M$ au cours du dollar de 2022), un budget assez raisonnable pour ce genre de produit. Pour emballer le tout, les producteurs font appel au monteur de Terminator (Cameron, 1984), à savoir Mark Goldblatt dont ce fut la première expérience derrière la caméra. Pour incarner le duo de héros, la production ne peut se payer des stars de premier plan et se rabat sur Treat Williams (un stakhanoviste de la série B depuis l’échec de ses espoirs en tant que comédien de premier plan).
De l’humour, version poids lourd
Pour ajouter la touche humoristique nécessaire au genre, on lui adjoint le comique Joe Piscopo, connu aux States pour avoir animé le Saturday Night Live entre 1980 et 1984. Le comédien est pourtant en déficit de notoriété à l’international. Enfin, pour attirer les quelques vieux fans d’horreur, on saupoudre le tout de nostalgie avec la présence au générique de vieux briscards comme Vincent Price et Darren McGavin.
Toutefois, la promotion ne se fait pas vraiment autour des acteurs, mais bien plutôt sur le postulat absurde du film, ainsi que sur la qualité des effets spéciaux de Steve Johnson – déjà à l’œuvre sur Predator (McTiernan, 1987) et Le cauchemar de Freddy (Harlin, 1988). D’ailleurs, pour pouvoir apprécier le spectacle, il faut impérativement faire abstraction de l’intrigue proprement dite, globalement absurde et incohérente. L’auteur en avait sans aucun doute conscience au point de dynamiter toutes les situations par un humour que l’on qualifiera de variable. Si certaines répliques font mouche et que le métrage n’est pas exempt de quelques fulgurances bis (on adore notamment la séquence où la totalité des animaux morts d’un restaurant chinois se réveillent pour attaquer le duo de flics), l’ensemble est souvent marqué par une lourdeur d’écriture que l’on retrouve aussi fréquemment dans l’œuvre surcotée de Shane Black.
Mark Goldblatt a mis sa science du montage au service du film
La science de la punchline est délicate et Terry Black en abuse vraiment dans cette comédie où chaque intervention de Joe Piscopo semble destinée à devenir culte. Le comédien est d’ailleurs parfaitement irritant en tant que sidekick beauf. Heureusement, face à cet acteur grimaçant, Treat Williams sait rester digne et livre une prestation tout à fait honorable, marquée par un recours efficace au maquillage.
Si la réalisation de Mark Goldblatt n’a rien d’extraordinaire, le cinéaste s’est servi de son expérience de monteur pour couper dans le gras. En seulement une heure et vingt minutes, il parvient à signer une comédie dynamique, parfois franchement amusante et fun, mais aussi d’une lourdeur pachydermique. Finalement, Flic ou zombie est essentiellement sauvé de la médiocrité par son montage très dynamique et par ses effets spéciaux gore qui agrémentent le spectacle d’une légère touche de noirceur.
Un échec commercial à sa sortie
Sorti dans les salles américaines début mai 1988, Flic ou zombie n’a guère performé au box-office avec seulement 3,5M$ de recettes (8,7 M$ au cours du dollar de 2022). Le film a toutefois fini par être une bonne affaire grâce aux ventes de VHS et à l’évolution du statut du long-métrage au cours du temps. Considéré à sa sortie comme un produit médiocre, Flic ou zombie a été réévalué par les jeunes gens qui l’ont découvert et aimé à l’époque.
En France, Flic ou zombie a débarqué fin juin 1988 à la quatrième place du box-office parisien avec 48 690 ados dans 24 salles programmant le spectacle. La comédie a surtout profité de la Fête du cinéma qui se déroulait alors sur une journée. Du coup, ses entrées ont fondu comme neige au soleil dès la deuxième semaine avec seulement 10 448 spectateurs de plus dans la capitale. Flic ou zombie a terminé sa carrière parisienne avec 64 095 tickets vendus. Ce fut légèrement mieux en province, même si le film termine sa carrière avec 266 147 jeunes gens dans les salles. Les amateurs de chiffres complets peuvent d’ailleurs consulter la partie box-office de l’article consacré aux Prédateurs de la nuit (Franco) qui est sorti une semaine avant Flic ou zombie.
La comédie horrifique a rapidement fait l’objet d’une VHS chez CBS / Fox qui a réussi à faire du film un petit objet de culte au cours des années. Après une médiocre édition DVD dans les années 2000, le métrage est désormais disponible dans un Mediabook correct chez Bach Films. Attention toutefois, la copie blu-ray est loin d’être immaculée.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 29 juin 1988
Acheter le Mediabook du film
Biographies +
Mark Goldblatt, Vincent Price, Treat Williams, Darren McGavin, Joe Piscopo, Lindsay Frost