Exécutions : la critique du film et le test blu-ray (1970)

Policier, Film noir | 1h43min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5

  • Réalisateur : Romolo Guerrieri
  • Acteurs : Franco Nero, Adolfo Celi, Delia Boccardo, Silvia Dionisio, Laura Antonelli, Florinda Bolkan, Renzo Palmer, Marino Masé, Maurizio Bonuglia
  • Date de sortie: 02 Déc 1970
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Un detective
  • Titres alternatifs : Macchie di belletto (titre italien, reprise) / Tracce di rossetto e di droga per un detective (titre italien, reprise) / Detective Belli (titre international) / Die Klette (Allemagne) / Cuando la ambición se tiñe de rojo (Espagne) / Detektyw (Pologne) / El círculo de la muerte (Mexique) / Russisk roulette (Danemark) / O Soldo da Corrupção (Brésil)
  • Année de production : 1969
  • Scénariste(s) : Franco Verucci, Alberto Silvestri, Massimo D'Avak d'après un roman de Ludovico Dentice
  • Directeur de la photographie : Roberto Gerardi
  • Compositeur : Fred Bongusto
  • Société(s) de production : Fair Film
  • Distributeur (1ère sortie) : Les Films Marbeuf
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : VIP (VHS) / Proserpine (VHS, 1988) / Artus Films (Combo DVD / blu-ray, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 1er mars 2022 (combo DVD / Blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 79 178 entrées (France)
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Constantin Belinsky (affiche d'origine) / Benjamin Mazure (jaquette Artus)
  • Crédits : Fair Film / Artus Films
Note des spectateurs :

Exécutions est un classique film policier qui veut rendre hommage au film noir par une intrigue inutilement tarabiscotée. Malheureusement, l’ennui n’est jamais très loin, malgré de bons acteurs.

Synopsis : L’inspecteur Belli est mandaté par le célèbre avocat Fontana pour faire expulser une call-girl dont son fils Mino est tombé amoureux, et pour enquêter sur un certain Romanis, le directeur d’une maison de disques, qui avait promis un poste important à Mino. Il trouve ce dernier assassiné de deux balles de révolver.

Un hommage au film noir qui dénonce la corruption

Critique : Alors qu’il vient de signer quelques westerns et surtout un thriller à machination réussi intitulé L’adorable corps de Deborah (1968), le cinéaste Romolo Guerrieri – de son vrai nom Girolami, frère du cinéaste Marino Girolami et oncle d’Enzo G. Castellari – décide de rendre hommage au film noir américain avec Exécutions (1969) dont il offre le rôle principal à Franco Nero. Alors que le giallo commence à triompher sur les écrans italiens et que le sous-genre du poliziottesco connaît ses premiers succès (Bandits à Milan de Carlo Lizzani en 1968 est le premier à sortir), Romolo Guerrieri fait donc le choix étonnant d’aller à contre-courant de la mode en livrant une œuvre d’un classicisme assumé.

Effectivement, le scénario à tiroirs concocté par Franco Veruci, Massimo D’Avak et Alberto Silvestri s’inspire librement d’un roman de Ludovico Dentice intitulé Macchie di belletto. Il suit l’enquête menée par un inspecteur de police dont on comprend très rapidement qu’il est totalement corrompu. Celui-ci doit faire la lumière sur un mystérieux assassinat qui touche de près un puissant notable interprété avec charisme par Adolfo Celi. Se conformant aux thématiques habituelles du film noir, Exécutions va donc suivre une intrigue très tortueuse qui a pour vocation de critiquer à la fois les élites, mais également les forces de l’ordre qui ne sont que le bras armé de l’oppression. Le cinéaste en profite pour décrire une Italie entièrement vouée au culte de l’argent.

Une intrigue passablement confuse et un rythme mollasson

Malheureusement, là où l’on pouvait attendre une œuvre politique qui ausculterait en profondeur les failles d’une Italie gangrenée par la corruption, on se retrouve avec un film policier en forme de whodunit tout ce qu’il y a de plus classique. Dépourvu d’action, Exécutions enchaîne donc les tunnels dialogués afin de nous permettre de comprendre tous les tenants et aboutissants d’une histoire vraiment emberlificotée. Dire que l’on n’est pas perdu serait mentir tant les auteurs ont multiplié les personnages secondaires et les intrigues parallèles, histoire de noyer le poisson. Sans révéler quoi que ce soit, on se retrouve finalement face à un affrontement classique entre un détective corrompu et une femme fatale, comme autrefois dans le cinéma américain des années 40.

Si Romolo Guerrieri est habituellement un technicien correct, il ne semble pas vraiment inspiré par cette histoire puisqu’il livre un nombre impressionnant de champs / contre-champs d’une banalité à pleurer. De même, son montage paraît quelque peu heurté, avec des scènes parfois interminables et des moments d’accélération qui ne se justifient absolument pas sur le plan narratif. Cela donne donc un incessant sentiment de flottement qui rend la projection fastidieuse. Le tout est également assorti d’une musique jazzy du chanteur Fred Bongusto qui ne fera pas l’unanimité pour peu que l’on ne goûte guère ce style musical.

Les acteurs sauvent souvent la mise

Finalement, si Exécutions reste une œuvre à découvrir, c’est avant tout pour la qualité du jeu des acteurs. Ainsi, Franco Nero incarne avec beaucoup de fougue un anti-héros absolument odieux, machiste, corrompu et toujours près à faire chanter les témoins qu’il rencontre. Face à lui, l’actrice brésilienne Florinda Bolkan s’impose à l’écran dans un de ses premiers grands rôles. La même année, elle explosera dans le chef d’œuvre de Luchino Visconti Les damnés. Bien entendu, Adolfo Celi est toujours parfait en notable méprisable et l’on notera aussi la présence de la jeune Laura Antonelli dans un de ses premiers rôles.

Alternativement intrigant et ennuyeux, Exécutions n’a guère connu le succès lors de sa sortie initiale en Italie, tandis que les Français ne furent que 79 178 curieux à faire le déplacement en salles. Finalement, le long-métrage est ressorti en Italie au cours des années 70 sous le titre Tracce di rossetto e di droga per un detective afin de profiter de la mode du poliziottesco. En France, le film a surtout été édité en VHS par deux fois au cours des années 80. Il a toutefois fallu attendre 2022 pour que l’éditeur Artus propose enfin un combo DVD / Blu-ray de très bonne tenue.

A noter enfin que Franco Nero a incarné un autre commissaire Belli dans le superbe Le témoin à abattre (Castellari, 1973), mais en réalité le personnage est totalement différent de celui vu dans Exécutions.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 2 décembre 1970

Acheter le combo DVD / Blu-ray sur le site de l’éditeur

Exécutions, affiche du film avec Franco Nero (France, Les Films Marbeuf

© 1969 Fair Film / Affiche : Constantin Belinsky . Tous droits réservés.

Le poliziottesco sur CinéDweller

Le test blu-ray :

Artus Films nous propose une belle édition de ce film très rare dans une copie très bien restaurée. Les fans de Franco Nero seront aux anges !

Compléments et packaging : 4 / 5

La collection polar s’enrichit d’un titre pas franchement enthousiasmant, mais qui fera plaisir aux amateurs de Franco Nero. Le packaging est très réussi avec un fourreau et un digipack en deux volets illustrés par l’affiche de la reprise italienne du film dans les années 70 et un document rare sur la sortie américaine du long-métrage. Simple, mais beau.

En matière de suppléments vidéo, on commence par un entretien avec Curd Ridel (34min) qui revient en détail sur les carrières respectives de Romolo Guerrieri, Franco Nero, Florinda Bolkan et du compositeur et chanteur Fred Bongusto. Comme à son habitude, il ne livre pas d’analyse de l’œuvre mais reste dans l’information factuelle. Ensuite, l’éditeur nous propose un précieux entretien de 12min avec Romolo Guerrieri datant de 2022. Le réalisateur âgé tente de se souvenir de ses relations avec les acteurs dont il salue le talent et il insiste sur le fait que le film a été moyennement reçu à sa sortie. Enfin, Franco Nero nous gratifie d’une petite analyse du film de moins de deux minutes où il rappelle les influences du film noir américain et le fait qu’il a été comparé à Bogart aux États-Unis, ce qui le remplit de fierté.

Reste à consulter un diaporama avec plusieurs affiches et des photos d’exploitation d’époque, ainsi que des bandes annonces d’autres titres de la collection.

L’image du blu-ray : 4 / 5

Pas de défaut majeur constaté si ce n’est parfois un petit manque de précision dans le rendu général. Toutefois, les couleurs ont été rehaussées et l’image est à la fois stable et débarrassée de scories désagréables (ici pas de points blancs ou de brûlures). Le produit fini est donc tout à fait satisfaisant sur ce plan.

Le son du blu-ray : 3,5 / 5

Un rendu sonore correct en mono aussi bien pour la piste en version originale italienne sous-titrée qu’en VF. Si la piste originale est plus équilibrée, elle n’en demeure pas moins un peu étouffée dans son spectre sonore. La piste française, elle, est un peu plus caverneuse. L’ensemble demeure de bonne tenue, sans exploser les compteurs.

Test du combo DVD / Blu-ray de Virgile Dumez

Exécutions, jaquette Artus

© 1969 Fair Film / © 2022 Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Biographies +

Romolo Guerrieri, Franco Nero, Adolfo Celi, Delia Boccardo, Silvia Dionisio, Laura Antonelli, Florinda Bolkan

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