Luchino Visconti est l’un des plus grands réalisateurs du XXe siècle.
Né en 1906, à Milan, au sein du famille noble, issue de la grande aristocratie italienne, Visconti a évolué dès son enfance dans le monde de l’art, avant de démarrer une carrière cinématographique dans les années 30 en France où il assiste Jean Renoir et fréquente des militants de gauche qui le font évoluer dans sa façon de voir la société. Il est influencé par le mouvement du réalisme et réalise en 1942 son premier long métrage, Les amants diaboliques, d’après le roman de James M. Cain, Le facteur sonne toujours deux fois.
Luchino Visconti adapte sur scène les plus grands dramaturges
Arrêté durant la Seconde guerre mondiale, il est sauvé de l’exécution grâce à une intervention de l’actrice Maria Denis.
Metteur en scène de théâtre dès 1945 – il a adapté Cocteau, Hemingway, Anouilh, Tennessee Williams, Shakespeare, Arthur Miller, Tchekhov, Pinter, Goethe…-, et d’opéras – il dirige la Callas-, Luchino Visconti devient un géant du cinéma peu après la fin de la guerre.
Il tourne en 1948, il réalise La terre tremble, œuvre sociale, ouvertement à gauche, qui est un échec. Mais en 1953, Bellissima son troisième film, rencontre un joli succès. Il y dirige Anna Magnani.
Senso et la fin du néoréalisme
En 1954 sort son premier film en couleurs, Senso qui entame la fin de son cinéma néoréaliste. La fresque historique soignée ouvre la voie à un cinéma de la décadence qu’il saura exploiter à la fin des années 60 et au début des années 70, dans sa tétralogie allemande inachevée (Les Damnés, Mort à Venise, Ludwig, le crépuscule des dieux).
En 1957, Nuits Blanches, avec Mastroianni et Maria Schell, préfigure Mort à Venise dans son atmosphère. Le film en noir et blanc, à l’esthétique prononcée, remporte le Lion d’Argent à Venise.
Rocco et ses frères, en 1960, avec Alain Delon, est un triomphe. Il rafle le Prix spécial du Jury à la Mostra.
En 1962, Luchino Visconti retrouve l’acteur français à la beauté magnétique dans Le guépard, qu’il associe à Burt Lancaster et Claudia Cardinale dans un casting miraculeux.
Une tétralogie fascinante de décadence inachevée
Après Sandra (1965), film mineur sur l’inceste, avec Giacomo Leopardi et Claudia Cardinale, en 1965, il s’attelle à son projet pharaonique autour de thématiques mythologiques. Mais Visconti n’achèvera jamais la tétralogie qu’il démarre donc en 1969, avec Les Damnés, où il dirige son amant, Helmut Berger.
Il adapte Thomas Mann avec Mort à Venise, en 1971, une œuvre mortifère et fascinante avec le grand Dirk Bogarde. Cette réflexion sur l’inéluctabilité de la mort est suivie par l’imposant Ludwig en 1972, avec Helmut Berger. Cette œuvre de cinq heures sur le roi Louis II de Bavière est l’une de ses plus magistrales.
Une fin de carrière dans la souffrance et la maladie
Alors qu’il réalise le dernier volet de sa tétralogie, Luchino Visconti est victime d’une attaque qui le laisse à moitié paralysé. Le tournage est annulé.
Esseulé, malade, il réalise malgré tout à livrer deux derniers films, Violence et passion (1974), une autobiographie à peine déguisée, avec Burt Lancaster et Helmut Berger ; et L’innocent (1976), avec Laura Antonelli et Giancarlo Giannini. Il meurt peu après avoir accompli un premier montage qui ne le satisfait pas. Cette œuvre mal-aimée pâtira de cette mort prématurée.
Filmographie : (longs-métrages)
1943 : Les Amants diaboliques (Ossessione)
1948 : La Terre tremble (La Terra trema)
1951 : Bellissima
1954 : Senso
1957 : Nuits blanches (Le notti bianche)
1960 : Rocco et ses frères (Rocco e i suoi fratelli)
1963 : Le Guépard (Il Gattopardo)
1965 : Sandra (Vaghe stelle dell’Orsa)
1967 : L’Étranger (Lo straniero)
1969 : Les Damnés (La Caduta degli Dei)
1971 : Mort à Venise (Morte a Venezia)
1973 : Ludwig ou le Crépuscule des dieux (Ludwig)
1974 : Violence et Passion (Gruppo di famiglia in un interno)
1976 : L’Innocent (L’Innocente)
Affiche : Dark Star L’Etoile Graphique ©1957 CLAS – Vides Cinematografica. Tous droits réservés