Django arrive… préparez vos cercueils… : la critique du film (1972)

Western | 1h28min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Django arrive... préparez vos cercueil, affiche cinéma

Note des spectateurs :

Django arrive… préparez vos cercueils… est un sympathique western qui ne se prend pas au sérieux, sans pour autant sombrer totalement dans l’auto-parodie vulgaire.

Synopsis : Sartana se lance à la poursuite de cargaisons d’or que bandits mexicains dérobent constamment, au grand désespoir des mineurs. Le directeur de la compagnie minière, une tenancière de saloon et un mystérieux pistolet vêtu d’un costume blanc se mettront en travers de sa voie.

Django arrive… préparez vos cercueils… est en fait un Sartana!

Critique : En dépit de son titre français, Django arrive… préparez vos cercueils… est un épisode des aventures de Sartana. Si l’on retrouve Giuliano Carnimeo à la réalisation et Tito Carpi au scénario, ce n’est plus Gianni Garko qui incarne Sartana mais George Hilton. Dès lors, la question de savoir si ce cinquième film fait bien partie de la saga officielle se pose. Au vu de l’inclusion du film dans le magnifique coffret blu-ray The Complete Sartana, malheureusement inédit chez nous, nous pouvons y répondre par l’affirmative.

George Hilton se décontracte

Si personne n’interprétera mieux le personnage de Sartana que Gianni Garko, le talentueux George Hilton s’en sort de manière tout à fait honorable. Sa version de Sartana est très décontractée et cynique. Il insuffle ainsi une autre forme de charisme au personnage, qui devient plus humain et définitivement moins énigmatique et inaccessible que celui de Garko. La scène où notre héros dissimule son pistolet dans des miches de pain est un bon exemple du changement de ton qu’opère cet épisode.

Face à Hilton, Erika Blanc assure avec brio le premier rôle féminin, incarnant ici une tenancière de saloon à la personnalité bien trempée, ce qui ravira ses admirateurs. On retrouve également un habitué de la série en la personne de l’impeccable Piero Lulli . On ne peut malheureusement pas en dire autant de Charles Southwood. Ce dernier incarne ici un Sabata (histoire de compliquer un peu plus les choses) qui n’a rien a voir avec le personnage de Lee Van Cleef. Ce personnage de dandy au costume blanc aurait pu être un contrepoint intéressant à celui de Sartana. Malheureusement, l’acteur le gâche par une inexpressivité et un manque de conviction fâcheux.

Carnimeo au sommet de son art

Si le film est clairement en deçà de ses prédécesseurs en termes d’interprétation, la réalisation de Carnimeo est ici à son meilleur. Ce dernier nous offre littéralement ici un condensé de toutes les audaces visuelles possibles dans un film des années 70. Kaleidoscope, split screen, caméra subjective, caméra à l’épaule, zooms, contre plongées, cadrages désaxés et jeux de miroirs : le film est un vrai feu d’artifice. Carnimeo va même jusqu’à combiner plusieurs procédés sur un même plan, ce qui donne une mise en scène extrêmement dynamique. La photographie, qu’assure son collaborateur récurrent Stelvio Massi n’est pas en reste.

Par contre, si la musique de Francesco De Masi est sympathique, le compositeur est loin de s’être surpassé. Sa partition est agréable, mais déjà entendue. En effet, elle reprend beaucoup trop de formules propres au compositeur, pour un résultat clairement en deçà du travail de Bruno Nicolai sur les deux précédents opus.

Un Sartana très divertissant

Même si le métrage reprend le modèle de scénario tortueux typique de la saga, prompt à embrouiller les spectateurs, il n’est jamais ennuyeux. En effet, le film capte l’attention des spectateurs grâce à ses innombrables rebondissements et renversements de situations, plus lisibles qu’auparavant. De plus, on ne déplore aucune scène de remplissage. Même la sempiternelle partie de poker, pourtant vue et revue dans le genre est ici revisitée de fort belle manière. En effet, la scène, dont l’impact est renforcé par une caméra mobile est ici une mise en abyme de la partie que jouent les personnages du film pour obtenir l’or, leurs cartes correspondant à leur personnalité. Ajoutez à cela un ton approprié, ni trop sérieux, ni trop vulgaire grâce à un script cynique et riche en humour noir et vous obtenez un métrage très divertissant.

Django arrive, préparez vos cercueils , cover dvd Fluide Glaciale

Illustration © ISA – © 2009 Fluide Glacial

Difficile de sortir du lot

Néanmoins, tout n’est pas rose au pays de Sartana. Cet ultime épisode, s’il est agréable à suivre, se révèle beaucoup moins marquant que son prédécesseur. La faute à un manque de budget et de spectaculaire. Redevenu une production exclusivement italienne, cet ultime Sartana retombe dans les travers des premiers épisodes de la série en nous resservant des paysages italiens peu convaincants. Seul le village mexicain tire son épingle du jeu. Autre conséquence de ce manque de moyens, le film n’est pas aussi généreux en action que ses prédécesseurs. En outre, il manque une grande scène de fusillade. Certaines invraisemblances scénaristiques pourront agacer, mais elles font partie du charme de la saga.

En définitive, Django arrive… préparez vos cercueils… est une conclusion honorable à la saga Sartana, dont les principaux apports résident dans le changement d’acteur principal et par un ton plus léger, mais toujours respectueux. Ce métrage ne révolutionne ni le genre, ni la série, mais promet à ceux qui s’accommoderont de l’absence de Garko de passer un bon moment. Il clôt ainsi de manière agréable une saga qui a su se maintenir à un niveau qualitatif remarquablement homogène.

Critique : Kevin Martinez

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Django arrive... préparez vos cercueil, affiche cinéma

Illustrateur : Casaro

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