Dites-le avec des oignons ! (Cipolla Colt) d’Enzo G. Castellari (sous le pseudo d’Enzo Girolami, est un western comique peu subtil qui demeure une curiosité intéressante de par son approche cartoonesque volontairement outrancière.
Synopsis : Jack, un paysan obsédé par les oignons, a acheté pour une bouchée de pain une parcelle de terrain dans une contrée contrôlée par un magnat du pétrole. Or, ce dernier n’hésite pas à éliminer les fermiers pour s’approprier leurs terres.
Critique : Trois ans après le navrant Tedeum, Enzo G. Castellari récidive avec un second western comique, Cipolla Colt, qui nous intéresse ici. Bien plus convaincant que son prédécesseur, ce nouveau métrage se concentre davantage sur l’absurde que sur la vulgarité pure. En résulte une sorte de dessin animé avec des acteurs réels qui jouit à ce titre d’une réalisation assez créative. La caméra de Castellari, qui n’hésite pas à filmer à l’épaule, se révèle très mobile. Les bonnes idées de mises en scène ne manquent pas, à l’image de la parodie de duel. Néanmoins, le tout peut se révéler parfois un peu trop hystérique.
Cipolla Colt est un dessin animé en prises de vues réelles
En effet, Cipolla Colt, dans une moindre mesure toutefois que son aîné, manque de subtilité. Castellari use et abuse de passages accélérés dignes de la série Benny Hill. Ajoutez à cela une partition balourde qui figure parmi les pires compositions des frères De Angelis ainsi que des bruitages outrés et vous obtenez un résultat assez indigeste.
Néanmoins, ce ton cartoonesque est assez inédit dans le monde du western européen du début des années 70. Cipolla Colt est un film qu’il faut avoir vu enfant pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur. Il fourmille d’idées loufoques, à l’instar de ce héros fasciné par les oignons qu’il utilise comme des armes, de ces animaux parlants affublés de chapeaux ou de cet antagoniste à la main mécanique qui rappelle le rival de l’Inspecteur Gadget. D’autres sont beaucoup plus discutables, comme l’ersatz d’Hitler consternant en guise de sous-fifre de l’antagoniste.
En dépit d’excès de lourdeur et d’un script faiblard, Cipolla Colt est loin d’être un naufrage
Comme pour beaucoup de comédies de ce type, Cipolla Colt souffre de son script. En effet, il s’agit d’un amoncellement de sketches sans réel scénario. Une formule qui peine à accrocher le spectateur. Fort heureusement, les situations s’enchaînent assez vite, ce qui évite de trop s’ennuyer. Le film étonne par son budget plutôt conséquent. En effet, les décors se révèlent impressionnants, à l’image des puits de pétrole sur lesquels s’ouvre le film, ou des nombreux véhicules du début du XXème siècle mis en scène. Le tout est mis en valeur par l’excellente photographie de l’espagnol Alejandro Ulloa, qui avait fait ses preuves sur Le mercenaire de Corbucci.
Enfin, le film est fort d’un casting plutôt intéressant, avec un Franco Nero assez convaincant en nigaud, dans un rôle à contre-emploi qui correspondrait plutôt à Terence Hill. Martin Balsam campe un antagoniste crédible. Quand à Sterling Hayden et Emma Cohen, ils excellent dans des rôles secondaires qui ne détonnent pas avec leurs carrières prestigieuses.
En définitive, Cipolla Colt est un film clairement mineur dans l’œuvre de Castellari. Il se laisse regarder sans susciter la même indignation que Tedeum, mais se situe clairement à mille lieues de la prochaine collaboration entre Castellari et Nero, le fantastique Keoma, qui sortira un an plus tard.
Notes : Bien que datant 1975, Cipolla Colt trouvera un distributeur dans le Nord de la France, en 1981, selon nos confrères d’Encyclociné, sous le titre de nanardesque de Dites-le avec des oignons ! Depuis, selon nos recherches, il ne semble pas avoir été exploité en VHS en France. Une rareté,; donc, dans nos contrées.
Critique : Kevin Martinez
Les westerns spaghetti sur CinéDweller
Sorties de la semaine du 21 janvier 1981
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