Dernier domicile connu : la critique du film (1970)

Policier | 1h45min
Note de la rédaction :
6/10
6
Affiche de Dernier Domicile connu

  • Réalisateur : José Giovanni
  • Acteurs : Lino Ventura, Michel Constantin, Marlène Jobert, Paul Crauchet, Raymond Meunier
  • Date de sortie: 25 Fév 1970
  • Année de production : 1970
  • Nationalité : Français, Italien
  • Titre original : Dernier domicile connu
  • Titres alternatifs : Last Known Address, Ultimo domicilio conosciuto (Italie), Último domicilio conocido (Espagne), Último Domicílio Conhecido (Brésil), Ultimul domiciliu cunoscut (Roumanie), Nader adres onbekend (Pays-Bas), Die letzte Adresse (Allemagne)
  • Autres acteurs : Philippe March, Beatrice Arnac, Germaine Delbat, Albert Dagnan, Robert Favart, Pierre Frag, Guy Héron, François Jaubert, Guy Kerner, Sylvain Levignac...
  • Scénariste : José Giovanni
  • D'après le roman éponyme de : Joseph Harrington
  • Monteur : Kenout Peltier
  • Directeur de la photographie / Photographe de plateau : Étienne Becker / George Pierre
  • Compositeur : François de Roubaix
  • Cheffe Maquilleuse : Aïda Carange
  • Chef décorateur : Jean-Jacques Caziot
  • Directeurs de production : Jacques Rouffio, Louis Daquin
  • Ingénieur du son : René-Christian Forget
  • Producteur délégué : Jacques Bar
  • Sociétés de production : Valoria Films, Cité Films, Parme Production, Simar Films, Rizzoli Films
  • Distributeur : Valoria Distribution
  • Editeur vidéo : GMU (VHS), Studiocanal (DVD), Coin de Mire Cinéma (2021)
  • Date de sortie vidéo : 19 février 2001 (DVD, collection Gallimard), 9 mai 2006 (DVD), 14 février 2011 (DVD), 10 septembre 2021 (Blu-ray + DVD, édition prestige)
  • Budget : Inconnu
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 2 241 100 entrées / 599 980 entrées
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleur (35 mm, Eastmancolor) / Mono
  • Illustrateur / Création graphique / Photos du films : René Ferracci, D.E.B. - De Boissière (agence) © ADAGP Paris, 2020 / Photos 1969 : Georges Pierre. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1969 StudioCanal, Nicolas Lebovici, Rizzoli Films S.P.A. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Inconnu
Note des spectateurs :

Dernier domicile connu de José Giovanni est un polar du samedi soir à l’intrigue un peu trop prévisible, mais non dénué de fulgurances.

Synopsis : Pour avoir arrêté le fils d’un avocat renommé qui conduisait en état d’ivresse, l’inspecteur Marceau Leonetti est muté dans un petit commissariat du 18e arrondissement de Paris. Il est relégué dans un premier temps à des tâches ingrates, mais son efficacité amène sa hiérarchie à lui confier une véritable enquête : retrouver rapidement un certain Roger Martin, témoin capital dans une affaire criminelle. Aidé de Jeanne Dumas, une jeune collègue idéaliste, Leonetti se rend dans le 13e arrondissement, à la cité Glacière, dernier domicile connu du disparu.

Une nouvelle dénonciation de l’absurdité du système judiciaire français

Critique : Ancien truand reconverti dans l’écriture de séries noires, le repenti José Giovanni n’a eu de cesse durant toute sa carrière cinématographique – en tant que scénariste ou cinéaste – de décrire le milieu des petites frappes et de cibler les dysfonctionnements de l’appareil judiciaire. Son cinéma, toujours placé à hauteur d’hommes, est emblématique de la thématique chère aux auteurs français des années 70, à savoir la description d’une machine étatique et policière qui écrase les êtres au lieu de les protéger. Sous ses dehors de polar du samedi soir, Dernier domicile connu se place délibérément dans cette mouvance et dénonce l’absurdité du système judiciaire français. Desservi par une mise en scène un peu trop télévisuelle, le film de Giovanni paraît pour le moins bancal durant sa première heure : on n’est effectivement guère passionné par la recherche fastidieuse de ce témoin capable de faire tomber un caïd du crime. Sans véritable rebondissement, Dernier domicile connu n’offre pas de spectaculaire scène d’action, à part une baston au poing américain efficacement menée, ni même un suspense qui tiendrait nos sens en éveil.

Du cinéma d’action un peu mou, à voir pour ses acteurs et à écouter pour sa musique

Cette déficience scénaristique est heureusement en grande partie compensée par le jeu impeccable de Lino Ventura, décidément très à l’aise dans un rôle qu’il a déjà incarné de nombreuses fois, et surtout par la présence de la radieuse Marlène Jobert dont la jolie frimousse illumine l’écran. Leur duo est pour beaucoup dans le plaisir que l’on ressent à la vision d’une œuvre qui prend son envol dans la dernière demi-heure, vraiment saisissante. Les personnages, jusqu’alors des clichés de roman noir, prennent tout à coup une épaisseur tragique que l’on ne soupçonnait pas, tandis que le pessimisme radical de l’auteur se fait jour. Pris au piège d’une machine implacable, les protagonistes se retrouvent confrontés à leurs contradictions et Giovanni remet enfin en cause les clichés jusqu’alors énoncés : les frontières du bien et du mal ne sont plus aussi clairement définies par rapport au début. Cette ambiance désenchantée est renforcée par l’excellente musique de François de Roubaix. Inégal, Dernier domicile connu a d’ailleurs connu un joli succès à sa sortie en se plaçant 11ème du box-office français avec plus de deux millions de spectateurs, ce qui fait de cette année 1970 un excellent cru pour Marlène Jobert, déjà à l’affiche d’un autre triomphe exceptionnel intitulé Le passager de la pluie (1970) de René Clément. Lino Ventura continuait quant à lui son histoire d’amour avec le public français grâce à ce polar un peu trop prévisible, mais sauvé par sa fin touchante.

Critique de Virgile Dumez

Affiche de Dernier Domicile connu

Affiche : René Ferracci, D.E.B. – De Boissière (agence) © ADAGP Paris, 2020 / Photos 1969 : Georges Pierre. Tous droits réservés / All rights reserved © 1969 StudioCanal, Nicolas Lebovici, Rizzoli Films S.P.A. Tous droits réservés / All rights reserved

Box-office de Dernier domicile connu

Quand Dernier domicile connu sort dans les cinémas français, le succès semble inévitable. En 1968, le cinéaste José Giovanni s’est forgé depuis longtemps une solide réputation comme scénariste (Le trou, Les grandes gueules, et Le clan des Siciliens) mais aussi comme réalisateur avec Le rapace dans lequel il dirigeait déjà son ami Lino Ventura, pour Valoria Films.

Giovanni – Ventura : les deux font la paire

Les compères Giovanni-Ventura forment à nouveau un tandem explosif en 1969. Dernier domicile connu ouvre un début de décennie 70 exceptionnel et sera effectivement le 3e plus gros succès de sa carrière en tant que cinéaste (2 241 000, 1970) derrière Le Ruffian (3 392 258 spectateurs, 1983) et Deux hommes dans la ville (2 457 900 pour le tandem Delon Gabin, 1973), son chef d’œuvre. Même La scoumoune (Belmondo, 1972), Le Gitan et Comme un boomerang (deux Delon de plus) n’arriveront pas à ses chiffres.

De son côté, Lino Ventura est un champion du box-office, depuis le milieu des années 50, avec de nombreuses collaborations avec l’ancien condamné à mort, réalisateur ou scénariste (Les grandes gueules, Le deuxième souffle, Les aventuriers , Le clan des Siciliens).

Lino déplace les foules : Razzia sur la Chnouf (2 906 000), Le gorille vous salue bien (2 809 000), Le fauve est lâché (2 532 000), 125 rue Montmartre (1 689 000), Un taxi pour Tobrouk (4 947 000), Les tontons flingueurs (3 321 000), Les grandes gueules (3 593 000), Le deuxième souffle (1 912 000), Les aventuriers (3 120 000), L’armée des ombres (1 401 000)… Mieux, il sort à peine du triomphe du Clan des Siciliens qui a flingué 4 821 000 spectateurs, deux mois auparavant !

1970 : l’acmé de la carrière cinématographique de Marlène Jobert

Dans Dernier domicile connu, on ne diminuera pas l’impact de Marlène Jobert dont la frimousse est à son paroxysme de célébrité. Alexandre le bienheureux (2 219 000), Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages (2 006 000), L’Astragale (1 875 000) l’ont vu resplendir à l’écran tout au long de l’année 1968. Mieux, à peine un mois et demi avant la sortie de Dernier domicile connu, la jeune femme est aux côtés de Charles Bronson chez René Clément, dans le plus gros carton de sa carrière : Le passager de la pluie, une coproduction franco-italienne, Serge Silberman fumant le cigare de producteur.

Dernier domicile connu : première semaine

Le polar parisien ne peut que s’exécuter au sommet la semaine du 25 février 1970 qui ouvre de magnifiques perspectives au cinéaste et aux acteurs.

En ouverture, en 5e place, avec 98 247 entrées, dont 79 645 entrées sur Paris, la sortie n’est pas encore nationale. Aussi, le Giovanni attend derrière l’increvable Le passager de la pluie (275 000), L’étalon de Jean-Pierre Mocky, avec Bourvil, qui va vite décevoir (109 000), Le clan des Siciliens (104 000) qui va encore réaliser plus de 2 millions d’entrées, et L’ours et la poupée (103 000), de Michel Deville avec Brigitte Bardot, alors à 103 000 entrées, totalise 393 000 spectateurs et passera le million six-cent-mille.

Dans ce top 5 franco-français, 2 films avec Ventura, 2 films avec la (future) tante d’Elsa et mère d’Eva, 2 scénarios de José Giovanni. Dernier domicile connu va évidemment prendre de l’ampleur et multiplier par 24 cette ouverture satisfaisante .

La musique mythique de François de Roubaix s’installe en intramuros dans 9 cinémas et retentira à jamais dans la tête des spectateurs. Le film policier est programmé au Balzac, Paramount Elysées (2 salles), Max-Linder, Miramar, Moulin Rouge, Rio-Opéra, à l’Arlequin, et au Publicis-Orly.

A Paris, la première place lui est réservée dès la première semaine (79 000 entrées), éclipsant Le passager de la pluie (49 991 entrées en 7e semaine). Pour Marlène Jobert, qui a déjà tourné pour Godard ou Louis Malle, la consécration est totale.

Un début d’année 1970 exceptionnel

Malgré la sortie, dans les deux semaines à venir, de L’étau (Hitchcock), de La Horse (Gabin chez Pierre Granier-Deferre), des Choses de la vie (Piccoli et Romy Schneider chez Sautet, et du Boucher (Stéphane Audran et Jean Yanne chez Chabrol), Dernier domicile connu garde la première place parisienne pendant trois semaines. Il faudra l’arrivée d’Alain Delon et de Jean-Paul Belmondo chez Jacques Deray dans Borsalino pour que le tandem Jobert Ventura cède sa position de leader. En fait, les deux acteurs perdent cinq places et rétrogradent en 6e place, avec 30 000 entrées. La concurrence est alors monumentale, chargée en films mémorables dont Les damnés de Visconti.

Dernier domicile connu dans l’ombre du Passager de la pluie

A l’échelle française, Dernier domicile connu n’occupera jamais la première place, puisque Le passager de la pluie demeure numéro 1 pendant encore 3 semaines, jusqu’à la sortie du viril Borsalino.

Toutefois, le polar parisien reste huit semaines consécutives dans le top 5 et 13 semaines dans le top 10.

De nombreuses éditions en format physique sur 40 ans !

Un tel succès sera forcément l’occasion de multiples diffusions à la télévision, y compris en 2023 où on le célèbre encore en prime.

La VHS s’en empare, chez GMU; dans les années 80, de multiples éditions UGC Vidéo – Film Office (Collection Editions Atlas, Collection Hommage) permettent à la VHS de se vendre (en plus de la location des années 80).

StudioCanal, qui a récupéré les droits, sort au moins trois éditions DVD en moins de 20 ans.

En 2021, la plus belle de toutes les éditions orne la carrière de 50 ans de Dernier domicile connu, via Coin de Mire, en association avec StudioCanal. L’équipe de cinéphiles, qui a déjà sorti Le rapace le pare d’une édition Prestige combo, incluant un médiabook, des goodies, des pubs d’époque. Un must du format physique.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 25 février 1970

Biographies +

José Giovanni, Lino Ventura, Michel Constantin, Marlène Jobert, Paul Crauchet, Raymond Meunier

Edition prestige de Dernier domicile connu chez Coin de mire (2021)

© 2021 : Coin de Mire Cinéma. Affiche : René Ferracci, D.E.B. – De Boissière (agence) © ADAGP Paris, 2020 / Photos 1969 : Georges Pierre. Tous droits réservés / All rights reserved © 1969 StudioCanal, Nicolas Lebovici, Rizzoli Films S.P.A. Tous droits réservés / All rights reserved

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