Lino Ventura fut une star du cinéma français des années 60-80, très apprécié du public. Il a trouvé ses meilleurs rôles dans Le deuxième souffle et L’armée des ombres de Melville.
Un acteur phare du cinéma populaire français
Acteur français d’origine et de nationalité italienne, Lino Ventura est né à Parme, mais il est arrivé en France à l’âge de huit ans. Dès l’adolescence, il devient lutteur, puis catcheur après la Seconde Guerre mondiale. Après une blessure en 1950, il devient organisateur de combats.
Grâce à un ami, il est présenté à Jacques Becker qui cherche un type carré pour faire face à Jean Gabin dans Touchez pas au grisbi (1954). Le film rencontre un énorme succès et il est remarqué par la profession. Il devient l’ami de Jean Gabin qui le réclame sur Razzia sur la chnouf (Decoin, 1955), Le rouge est mis (Grangier, 1957), Maigret tend un piège (Delannoy, 1958).
Il devient une vedette à part entière grâce au succès du Gorille vous salue bien (Borderie, 1958), rapidement suivi du Fauve est lâché (Labro, 1959), 125, rue Montmartre (Grangier, 1959) et surtout Classe tous risques (Sautet, 1960), dans lequel il partage l’affiche avec Belmondo, alors jeune espoir du cinéma français.
A partir de là, il enchaîne les rôles importants dans des films qui lui permettent d’atteindre le statut de star. On se souvient entre autres de Un taxi pour Tobrouk (La Patellière, 1961), Cent mille dollars au soleil (Verneuil, 1963), Les grandes gueules (Enrico, 1965), Les aventuriers (Enrico, 1967), Le clan des Siciliens (Verneuil, 1969), Dernier domicile connu (Giovanni, 1970), L’aventure, c’est l’aventure (Lelouch, 1972), Un papillon sur l’épaule (Deray, 1978) et Cent jours à Palerme (Ferrara, 1983).
Son potentiel comique est mis en avant par Georges Lautner qui en fait la tête d’affiche de la comédie culte Les tontons flingueurs (1963) ; et par Edouard Molinaro pour lequel il donne la réplique à Jacques Brel dans L’emmerdeur (1973). Il est également étonnant dans la comédie policière La bonne année (Lelouch, 1973), avec Françoise Fabian ; et dans La gifle (Pinoteau, 1974), en père d’Isabelle Adjani.
Lino Ventura et les grands rôles pour Melville, Miller et Rosi
Mais Ventura brille surtout dans un registre dramatique. Jean-Pierre Melville est le cinéaste qui a su le mieux utiliser son talent, en lui confiant le rôle du truand « Gu » dans Le deuxième souffle (1966), et celui du résistant Gerbier de L’armée des ombres (1969).
Le cinéma policier français lui doit aussi beaucoup. Outre ses prestations dans des films que nous avons mentionnés, on peut citer ses rôles du savant Tibère dans Le silencieux (Pinoteau, 1972), et de l’inspecteur Gallien dans Garde à vue (Miller, 1981), fascinant huis clos où il est confronté à Michel Serrault.
Les cinéphiles gardent également le souvenir de Cadavres exquis (Rosi, 1976), dans lequel il interprète avec sobriété l’inspecteur Rogas, qui enquête sur une série de meurtres touchant la magistrature italienne.
Lino Ventura préside la seconde cérémonie des César, en 1977, et rend hommage à Jean Gabin, son modèle et ami, disparu quelques mois plus tôt.
Il est nommé au César du meilleur acteur pour Les Misérables (Hossein, 82), où il interprète Jean Valjean, quarante-huit ans après Harry Baur dans la version de Raymond Bernard, et vingt-quatre ans après Gabin dans celle de Le Chanois.
Il meurt d’une crise cardiaque en 1987 à l’âge de 68 ans. Lino Ventura demeure l’un des acteurs préférés des Français.