Brûle, sorcière, brûle ! / La nuit de l’aigle : la critique du film (1962)

Epouvante-horreur, Fantastique, Gothique | 1h27min
Note de la rédaction :
7/10
7
Brûle, sorcière, brûle, l'affiche blu-ray

  • Réalisateur : Sidney Hayers
  • Acteurs : Kathleen Byron, Peter Wyngarde, Janet Blair, Margaret Johnston
  • Date de sortie: 09 Mar 1962
  • Année de production : 1962
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : Night of the Eagle
  • Titres alternatifs : Burn, Witch, Burn (USA) / Hypno (Allemagne) / Arde, bruja, arde (Espagne) / A Noite da Águia (Portugal) / Det mystiske kapell (Norvège) / La notte delle streghe (Italie) / Noidan silmä (Finlande) / A Filha de Satã (Brésil)
  • Autres acteurs : Anthony Nicholls, Colin Gordon, Reginald Beckwith, Judith Stott
  • Scénaristes : Charles Beaumont, Richard Matheson, George Baxt
  • D'après : le roman Conjure Wife de Fritz Leiber
  • Monteur : Ralph Sheldon
  • Directeur de la photographie : Reginald H. Wyer
  • Compositeur : William Alwyn
  • Chef maquilleur : Basil Newall
  • Chef décorateur : Jack Shampan
  • Directeur artistique : Jack Shampan
  • Producteur : Albert Fennell
  • Producteurs exécutifs : Samuel Z. Arkoff, Nat Cohen, Stuart Levy, James H. Nicholson, Leslie Parkyn, Julian Wintle
  • Sociétés de production : Independent Artists
  • Distributeur : Film inédit à Paris. Il aurait été diffusé en province selon Encyclociné. La date ci-dessus est celle de la sortie britannique.
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Studiocanal (DVD et blu-ray, 2024)
  • Date de sortie vidéo : 29 mai 2024
  • Budget : 200 000 $ (soit 2 089 360 $ au cours de 2024)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.85 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals : -
  • Nominations : Hugo Awards 1963 : Meilleure présentation dramatique
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Studiocanal. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : 2ème adaptation du roman après Le suicide du professeur X (1944) et avant Witches' Brew (1980)
Note des spectateurs :

A la croisée entre film gothique et fantastique, Brûle, sorcière, brûle est une excellente surprise grâce à une écriture fine et un soin réel apporté à la réalisation. Une manière de petit classique.

Synopsis : Norman Taylor est un jeune professeur. Marié à la séduisante Tansy, il semble promis à un brillant avenir, ce qui ne va pas sans susciter quelque jalousie parmi ses collègues de travail. Un jour, en rentrant, il constate qu’une série d’objets, habituellement considérés comme porte-bonheur, ont été disséminés un peu partout dans sa demeure. Il interroge son épouse à ce sujet, et celle-ci lui avoue se livrer à des pratiques de magie dans le but de protéger son compagnon et son foyer des forces maléfiques…

Une commande américaine, tournée en Angleterre

Critique : Initialement publié en 1943 par l’écrivain américain Fritz Leiber, Ballet de sorcières (Conjure Wife en VO) est un roman horrifique déjà adapté au cinéma sous le titre Le suicide du professeur X (Reginald Le Borg, 1944) avec Lon Chaney Jr. Pourtant, les producteurs de la firme AIP, James H. Nicholson et Samuel Z. Arkoff envisagent de monter une nouvelle adaptation de cette histoire au début des années 60. Pour cela, ils engagent le scénariste Richard Matheson, à qui ils adjoignent les services de Charles Beaumont, deux écrivains majeurs qui ont pour mission de délocaliser l’intrigue en Angleterre.

Effectivement, depuis le début des années 60, les producteurs américains investissent massivement dans le cinéma britannique, profitant de conditions de production favorables, de techniciens chevronnés et de studios performants. Ainsi, AIP s’engage à distribuer Brûle, sorcière, brûle ! (1962) aux Etats-Unis, mais laisse la compagnie indépendante britannique Independent Artists s’acquitter du budget de 200 000 $ (soit 2 089 360 $ au cours de 2024).

Brûle, sorcière, brûle cherche encore ses stars

Pour octroyer une plus-value au produit, les producteurs sont parvenus à débaucher le comédien Peter Cushing qui est alors considéré comme une valeur sûre depuis ses succès au sein du studio Hammer. Malheureusement, l’acteur tombe malade peu avant le tournage et le choix se reporte sur le comédien de théâtre Peter Wyngarde. Afin de compenser la perte d’une star, le rôle féminin échoie à Janet Blair qui est surtout connue aux Etats-Unis pour ses performances à Broadway.

Endless Night, Night of the eagle, jaquette blu-ray

© 1962 Studiocanal. Tous droits réservés.

Toutefois, Brûle, sorcière, brûle ne dispose que d’un casting sans grande plus-value sur le plan commercial. Le réalisateur Sidney Hayers n’est pas non plus un nom porteur puisqu’il n’a à son actif que Le cirque des horreurs (1960) qui possède toutefois une petite réputation dans le milieu du cinéma d’angoisse. Tout ceci explique le peu d’impact du long métrage lors de sa sortie initiale. Titré Night of the Eagle en Angleterre, AIP a opté pour un plus direct Burn, Witch, Burn pour le marché américain. Ce sont ces deux traductions littérales qui ont servi pour l’exploitation française limitée à quelques villes de province sous deux dénominations : La nuit de l’aigle ou Brûle, sorcière, brûle.

De l’art de susciter le mystère!

Toutefois, le film parvient à dépasser ses limites budgétaires et de casting grâce à un usage fort intelligent du fantastique. Dès l’entame, le métrage propose de suivre un professeur d’université dont la profession de foi est celle d’un matérialisme affirmé. Pourtant, celui-ci découvre que sa femme pratique en secret des rituels de sorcellerie afin de le protéger de la malveillance de son entourage professionnel. Devant l’incongruité de la situation, l’universitaire décide de mettre à mal toute la construction de son épouse en éliminant tous les fétiches et autres gris-gris de sa maison. Dès lors s’abat sur lui une spirale d’événements catastrophiques.

La force du film provient de sa capacité à susciter l’interrogation du spectateur face à des phénomènes de plus en plus étranges à mesure que l’histoire progresse. Certes, toutes les explications apportées ne satisfont pas notre soif de raison, mais Sidney Hayers a justement l’intelligence de laisser ouverte la porte de l’interprétation. Plusieurs éléments resteront donc mystérieux, ce qui constitue l’essence même d’un bon film fantastique. Construit à la manière des épisodes de la Quatrième dimension, le récit se referme sur les protagonistes de manière impitoyable.

Ma sorcière bien-aimée

Si la jalousie et l’envie sont bien les moteurs qui animent les personnages secondaires, on peut aussi trouver fort agréable que le couple central agisse uniquement par amour de l’autre, loin du cynisme généralement attaché au genre. Monté avec rigueur, Brûle, sorcière, brûle débute de manière classique sur le plan formel, avant de faire un pas de côté pour tutoyer le cinéma gothique en plein essor à cette époque. Mieux, Sidney Hayers tente quelques effets visuels audacieux (le fameux aigle du titre original est au cœur d’une séquence encore étonnante de nos jours) et s’autorise des recherches stylistiques intéressantes.

Enfin, il tire le meilleur parti possible de son casting, avec à sa tête un Peter Wyngarde particulièrement à l’aise en professeur qui finira par douter de ses propres théories rationalistes. Face à lui, Janet Blair incarne une sorcière amoureuse tout à fait crédible. Le casting des seconds rôles complète à merveille ce duo central et permet à Brûle, sorcière, brûle de se distinguer du tout-venant du film fantastique de l’époque.

Une œuvre devenue culte avec le temps

Cette qualité d’écriture est à mettre au crédit du roman d’origine, mais aussi de son adaptation brillante par Richard Matheson. En tout cas, le résultat a été rapidement salué par les critiques comme une pleine réussite et le métrage a gagné en réputation au cours des décennies.

Oublié pendant longtemps, le métrage a été remis à l’honneur en Angleterre et aux Etats-Unis grâce à sa sortie en DVD et blu-ray au cours des années 2010. En France, il est enfin proposé en version restaurée en blu-ray dans la collection Make My Day chez Studiocanal, couplé avec le film La nuit qui ne finit pas (Sidney Gilliat, 1972). On notera que les deux longs métrages sont affublés de leurs titres originaux pour cette sortie vidéo.

Critique de Virgile Dumez

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Brûle, sorcière, brûle, l'affiche blu-ray

© 1962 Studiocanal. Tous droits réservés.

Biographies +

Sidney Hayers, Kathleen Byron, Peter Wyngarde, Janet Blair, Margaret Johnston

Mots clés

Cinéma britannique, Cinéma gothique, Les sorcières au cinéma, Les relations prof élève au cinéma, Collection Make My Day 

 

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Brûle, sorcière, brûle, l'affiche blu-ray

Bande-annonce de Brûle, sorcière, brûle (VO)

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