Becky pervertit avec jubilation les règles du Home Invasion dans un spectacle rageur et riche en hémoglobine. Une surprise indépendante à découvrir.
Synopsis : Becky est une adolescente rebelle de 14 ans. A la mort de sa mère, son père décide de passer quelques jours avec la jeune fille dans leur maison secondaire au bord d’un lac afin de se rapprocher. Mais leur séjour va tourner au cauchemar quand un groupe de fugitifs, emmené par l’impitoyable Dominick, envahit leur maison. Becky décide de prendre les choses en main…
Un Home Invasion à l’envers
Critique : Déjà réalisateurs de Cooties (2014) avec Elijah Wood et de Bushwick (2017) avec Dave Bautista, Jonathan Milott et son complice Cary Murnion ont choisi de tourner Becky (2020) d’après un script de Nick Morris, Ruckus et Lane Skye. Il s’agit de prime abord d’un énième Home Invasion puisque l’on assiste à l’arrivée inopinée de quatre malfrats évadés de prison au sein d’une petite famille récemment recomposée.
Les prémices du long-métrage nous laissent croire que nous allons assister à une traque classique entre des molosses sans foi ni loi et une petite famille tout ce qu’il y a de plus banale. Ainsi, les premiers instants nous rappellent forcément les mètres étalons du genre que sont La dernière maison sur la gauche (Craven, 1972) ou plus récemment le glaçant Funny Games (Haneke, 1997). Le spectateur s’attend donc à passer un sale moment en compagnie de personnages sympathiques dont il va devoir partager le long calvaire. Même si la présentation de la gamine interprétée avec charisme par Lulu Wilson (déjà vue dans le réussi Ouija : les origines et le sympa Annabelle 2 : La Création du mal) laisse supposer un fort caractère, on ne s’attend pas vraiment à ce que le long-métrage renverse sa situation de départ du tout au tout.
Un conte cruel qui arrose large en termes d’hémoglobine
Reprenant une thématique déjà explorée dans le superbe 36.15 code Père Noël (Manzor, 1989), lui-même copié par la comédie américaine Maman, j’ai raté l’avion (Columbus, 1990), Becky fait de l’adolescente traquée une véritable furie, avide de vengeance. Déjà révoltée par la mort récente de sa mère et la volonté de son père de refaire sa vie, l’ado en crise devient une machine à tuer qui rivalise d’ingéniosité pour éliminer les intrus qui ont eu le malheur de s’en prendre à sa famille. Si ce type de scénario est bien entendu hautement improbable, les spectateurs amateurs de cinéma bis seront plutôt agréablement surpris par la générosité des auteurs en matière d’hémoglobine.
De toute façon, les réalisateurs ont clairement voulu faire de leur long-métrage un conte cruel puisque la gamine arbore un costume qui fait songer à celui du petit chaperon rouge, tandis que l’un des truands est un colosse qui ressemble fort à un ogre. On est ainsi proche d’un Hard Candy (Slade, 2005), du moins dans l’esprit, car le ton est très différent.
Parfois franchement gore – on n’est pas près d’oublier l’énucléation du méchant principal – Becky multiplie les séquences chocs, tout en développant un humour au second degré plutôt amusant, et ceci même si l’ambiance reste tendue tout au long de la projection. Ici, il n’y a pas de hiérarchie entre les personnages et certains protagonistes importants peuvent disparaître bien vite, contrairement à d’autres apparemment plus secondaires.
Des acteurs impliqués et justes
Diablement efficace, Becky bénéficie non seulement d’une réalisation performante, d’un montage parfaitement maîtrisé et d’une musique puissante, mais aussi d’acteurs qui assurent vraiment. Tout d’abord, le métrage ne serait pas aussi réussi sans la performance de Lulu Wilson qui confirme ici sa capacité à porter un film sur ses seules épaules. Dans un contre-emploi total, le comique Kevin James (complice habituel d’Adam Sandler) ne fera sourire personne dans ce rôle d’un terrible néo-nazi obsédé par la possession d’une clé présente dans la demeure occupée par la petite famille. Enfin, le spectateur sera impressionné par la présence du géant Robert Maillet, ancien lutteur de plus de deux mètres qui incarne une force brute, mais non dénuée d’humanité.
Alors qu’il devait être présenté au Festival de Tribeca, Becky a finalement été entravé par la crise de la Covid-19. Le métrage a été distribué aux Etats-Unis par Lionsgate dans un parc réduit de 45 salles, engrangeant de bons scores et gagnant jusqu’à 1 million de dollars de recettes. Parallèlement, le métrage est sorti directement en VOD sur la plateforme Redbox Entertainment.
Après une présentation en 2020 au Festival de Sitges, Becky est sorti directement en DVD en France chez Program Store en avril 2021, tout en étant diffusé sur la plateforme OCS. Il s’agit assurément d’une bonne surprise pour les amateurs de cinéma rageur.
Critique de Virgile Dumez
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Cary Murnion, Jonathan Milott, Lulu Wilson, Kevin James, Joel McHale, Robert Maillet